God's Puzzle (Kamisama no pazuru), Takashi Miike, 2008, Japon

Publié le par asiaphilie

GODS-PUZZLE

 

 

 

Entre Crows Zéro I & II et Yatterman, Miike a trouvé le temps de tourner God's Puzzle, film d'amour sur fond de physique quantique et de quête existentielle. On sent tout de suite la pâte du réalisateur, seul Miike est assez fou pour tenter le paris d'un tel film !

 

Le rythme est par contre assez surprenant pour un film du « fou filmant », puisqu'il dure plus de 2h et ne possède aucune scène ultra vitaminée. Le monde n'explose pas à la fin non plus, aucun viol n'est à signaler pas plus que des violences trash. Pour ceux qui n'auront aimé qu'Audition, Ichi The Killer ou Visitor Q ils vont découvrir une autre facette du réalisateur. Et aussi le scénariste de ses plus beaux films (Masaru Nakamaru, auteur de DOA 2 et Bird People of China). L'ensemble de ces œuvres sont plutôt calmes par rapport au reste de la filmographie de Takashi Miike, même si on y retrouve évidemment le style et les thèmes préférés du réalisateur.

Ici par exemple il s'agit encore une fois d'une (double) histoire de famille, en plus des aspects romantiques et scientifico-existentiels déjà évoqués. Exit donc les yakuzas et l'ultra violence, le sexe et la drogue. Les thèmes sous-jacents restent les même mais sont traités de manière moins frontales, moins brutale. Assagissement, vieillissement du bonhomme se demandent déjà certains ? Surement pas ! Quand on voit les Zebraman, les Crows Zero, les Sukiyaki Western Django on comprend bien qu'il garde malgré les années et les films qui s'accumulent la même pêche, la même méthode mais que ce sont les moyens et le marché qui évoluent comme l'explique très bien Tom Mes sur son site.

Voilà tout le monde rassuré. Vous le serez surement si je vous dit que la première heure ressemble plus à un exposé de physique qu'à un film d'amour mais qu'on ne s'en rend même pas compte. Talent du réalisateur oui, mais aussi celui du jeune acteur principal (Hayato Ichihara) qui parvient avec son jeu très spécifique et un brin nerveux à nous faire rire plusieurs fois et à rendre cette première partie « introductive » passionnante. Car à vrai dire il ne s'y passe pas que des cours d'université, on y découvre aussi les deux personnages centraux du film : Une jeune fille surdouée et programmée par sa mère pour réussir, mais qui du coup procrastine et se sent très peu humaine et un jeune homme, jumeau d'un étudiant en physique qui doit prendre sa place en cours alors qu'il ne sait que gratter sa guitare et faire des sushis. Ces deux la par un hasard sans nom vont se retrouver lier au même projet, celui de recréer un univers dans des conditions de laboratoire (du genre du CERN), prouvant du même coup inexistence de dieu.

L'un va être confronter à un monde très différent du sien et se retrouver face à sa « médiocrité » (puisque sa mère, croyant parler au téléphone avec son autre fils le critiquera durement), tandis que l'autre devra un peu s'humaniser pour recevoir l'aide du jeune homme chargé de la ramener en cours par la directrice du laboratoire.

 

godspuzzle1


Bref, ils vont s'aimer mais y mettre le temps, passer pas loin de détruire le monde et l'univers qui seront sauvés par deux sushis et Beethoven.

 

god-s-puzzle-1  La, je crois que n'importe qui a compris que God's Puzzle est un film de fou, un film étrange et osé entre blockbuster millénariste, film d'auteur existentiel (Tree of Life?), comédie romantique et délire complet. Car oui certaines scènes sont tout de même typiquement miikiennes. Takashi continue donc son petit bout de chemin de cinéaste touche à tout, qui virevolte entre les styles, les genres, les budgets microscopiques (même si cela a tendance à se raréfier comme je le disais au début) et les « gros » films. Cela semble à certains fou, inutile, désordonné, capricieux mais pour qui suit avec passion la carrière du bonhomme comprend vite que derrière la disparité d'apparence se cachent des interrogations et des thèmes qui sous tendent l’œuvre toute entière, sans presque aucune exception (même ses films de commandes les font résonner). Tom Mes les a recensé dans son livre sur le réalisateur au cours d'un travail énorme et passionnant. Je n'ai pas la prétention de refaire la même chose en français et dans cet article, cependant on peut avec God's Puzzle évoquer brièvement celui de l'origine de la vie, du monde et de son sens. Les Monthy's en ont fait un film (the meaning of Life), Miike en parle depuis 20 ans. Si ce film interroge directement sur le mystère des origines, la métaphysique s'est parfois glissée plus discrètement dans des œuvres comme Dead Or Alive, Izo, Bird people of China ou Blues Harp qui sont autant de films aussi divers que variés.

 

Ici il camoufle une histoire d'amour incongrue sous la métaphysique et celle ci avec Beethoven et deux sushis ! Encore une fois, malgré l'impression parfois gênante que le réalisateur saute d'un sujet à l'autre sans vraiment approfondir, l'alchimie fonctionne et on se dit à la fin que ce filou de Miike a encore réussi son coup que malgré d'évidentes faiblesses le film marche, emballe son spectateur et qu'à la fin on est content, on a l'impression d'avoir vu un bon film. D'ailleurs ça en est un, encore un pour un réalisateur toujours surprenant, passionnant (on apprend plein de choses en physique, sur Einstein et Beethoven!) et bluffant.

 

 

 

Carcharoth

Publié dans Japon

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article