Family (1 & 2),Takashi Miike, 2001

Publié le par asiaphilie

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Sorti le même jour au cinéma que Visitor Q, Family était à l'origine destiné au marché vidéo et existe de ce fait en deux versions : celle, de 105 minutes parue en salle et celle sortie en vidéo et en deux parties dont la somme est un film de 158 minutes. C'est cette version ci dont je parlerais dans cet article puisqu'en fait séparer ces deux métrages serait quelque peu aberrant. La version courte pour le cinéma n'a de plus été projeté qu'une seule fois, un soir dans un seul cinéma à Tokyo, pour la promotion des vidéos. Même Takashi Miike le stakhanoviste ne peut que difficilement produire assez de films à l'an pour qu'on soit réellement obligé de les sortir le même jour !

 

Le scénario, inspiré d'un manga d'Hisao Maki (Bodyguard Kiba, Big Bang love juvenile A) et adapté pour le cinéma par le même se résume ainsi : Hideshi (Koichi Iwaki), Takashi (Kazuya Kimura) et Takeshi Miwa (Taisihu Kase) sont trois frères, dont le dernier est né après le viol de sa mère par Iwaida Nishikawi, un yakuza redoutable. Des années plus tard, Takeshi est devenu « Lightning », le plus célèbre tueur à gage du Japon. Il liquide Iwaida ce qui lui vaut d'être poursuivit par tout le clan de ce dernier. Ses deux frères partent alors à sa recherche pour le protéger, mais l'un des sbires de feu Iwaida enlève la femme (enceinte) de Takashi et la viole avant de s'enfuir devant le tank des deux frangins venus à la rescousse de la pauvre femme. Takashi et Hideshi ne vont ensuite avoir de cesse de courir après Takeshi et l'infirmière dont il s'est amourachée. Dans le sang et les larmes.

 

Hideo Maki a collaboré une demi douzaine de fois avec Miike, et s'est bien souvent mis en scène dans ses scenarii. J'avais déjà déprécié sa performance masturbatoire dans Bodyguard Kiba, dans lequel il jouait un maitre karatéka toujours torse nu et huilé. Cette fois ci il incarne encore un dirigeant de dojo, lunettes noires vissées sur le nez et voix grave en appui. Il incarne la virilité, du moins l'espère-t-il, car ses apparitions sont toujours aussi inutiles dans le déroulement de l'histoire. Ce n'est pas que je veuille m'acharner sur Maki, mais la plupart de ses collaborations avec Miike sont des échecs. Hormis Big Bang love juvenile A que j'ai bien aimé, les autres films où les deux amis sont associés sont pour moi parmi les pires du fou filmant. Comme si les univers des deux ne correspondaient pas, comme si Miike n'arrivaient pas à se dépatouiller des histoires de son ancien prof de karaté, comme si justement le fait d'être proche de son scénariste l'empêchait d'exploiter tout son talent et de faire apparaître cette touche de poésie, de folie à la fois furieuse et douce qui font le charme de ses meilleurs films. Dans une interview récente (découverte via Wildgrounds) il déclare d'ailleurs qu'il préfère des scripts imparfaits ou avec de grosses erreurs autour desquelles il peut déployer son talent et utiliser sa créativité pour les réparer, les tourner en qualités. Un peu plus loin, il critique assez durement l'évolution du cinéma japonais, et même si ce n'est pas ici notre sujet il faut souligner que son point de vu est intéressant, réfléchi et porte à réflexion aussi bien sur l'avenir de l'industrie cinématographique nippone que sur ce qui se passe chez nous à l'heure actuelle. Bref. Sans doute les scripts d'Hidéo Maki, malgré l'amitié et le respect qui lie les deux hommes ne sont ils pas fait pour être exploités par Takashi Miike. Maki devrait réaliser ses films où il pourrait sans souci mettre le physique dont il semble si fier en avant sans déranger le cours de l'intrigue.

 

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On assiste à une succession de scènes assez plates, narratives et qui n'ont pour but que de faire monter l'attente du spectateur quand au prochain affrontement. Car intrigue et combats alternent avec une rigueur métronomique qui gâche à peu prêt la surprise de chaque scène. Ne parlons même pas de la bande son, qui à l'inverse de celle de Deadly Outlaw : Rekka est complètement ratée. Si les riffs appuyés des guitares de Kunisada étaient parfaitement intégrés au film, le métal hurlant et vociférant des Monkey Pirates n'est pas exploité de façon intelligente et est plaqué sur toutes les scènes de Family. Que ce soit une bataille avec char et fusils d'assauts, un viol, un couple faisant l'amour, une scène romantique ou un entraînement de karaté. Elle perd du coup tout sens et en devient insipide et gênante.

 

Il manque à ce film le grain de folie, l'alchimie géniale et la créativité débridé qui font habituellement l'intérêt des métrages de Miike. Celui ci parvient à ennuyer (ce qui est rare) malgré de nombreuses scènes d'actions et des acteurs qui sont loin d'être mauvais. Le début de Family 2 est à cet égard assez honteuse, puisqu’il s'agit des 15 dernières minutes du premier volet. La sortie en VHS en deux parties étaient donc une belle petite arnaque !

 

Mais bon, pour les fans ça reste regardable mais ça ne dépasse pas le niveau d'un film d'action bourrin de base, bien que quelques loufoqueries saugrenues à la Miike se soient glissées dans le scénario. Elles ne sont malheureusement pas assez nombreuses et poussées pour sauver le film. Puis Maki qui se prend pour Chuck Norris, ça gave.

 

 

 

Carcharoth

Publié dans Japon

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