Full metal Yakuza (Full metal Gokudô), Takashi Miike, 1997

Publié le par asiaphilie

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Réalisé juste après Rainy Dog et Fudoh, Full Metal Yakuza est un direct-to-video de plus pour Takashi Miike. Le film, dont le budget était tout de même important pour ce genre de format marque le début de la collaboration entre Miike et Itaru Era et s'inscrit dans la lignée des autres productions de V-cinéma du réalisateur, c'est à dire le trans-genre trash et déjanté. Jugez plutôt :

 

fullmetalyakuza003A l'instar du héros de Rainy Dog, Keisuke est un yakuza raté, tout en bas de l'échelle mais qui admire plus que tout son chef, Tousa. Ce dernier, touché par la loyauté de cet homme lui confit son porte monnaie avant de tuer quelques yakuzas ennemis et de finir en prison pour sept ans. Durant ces années, Keisuke végète et ne récolte que le mépris de ses collègues et supérieur. Le jour de la libération du boss, il tombe dans une embuscade tendue par son propre clan et meurt avec Tsouda. Heureusement pour lui, un savant fou rachète son corps au marché noir et fait de lui un cyborg, fait de métal avec une moitié d'organes de son chef et quelques uns des siens. Il entreprend alors de les (lui et son boss) venger et de punir les coupables. Mais ceux ci sont fourbes et il devra s'y reprendre à deux fois, perdant ses amis, ses amours et tout ce qui le rattachait à son ancienne vie.

 

fullmetalyakuza01Full Metal Yakuza (FMY) est clairement une parodie du Robocop de Verhoeven teintée d'un peu de Frankenstein. A l'inverse du film américain, ce n'est pas un flic qui se retrouve « cyborgué » mais un yakuza, une fripouille certes inoffensive mais qui va révéler des aptitudes à la destruction assez terrifiantes. Keisuke doit la vie à un savant fou, un génie autoproclamé exclu du monde de la science qui rappelle justement le docteur de Mary Shelley et qui est interprété par le génial Tomorowo Taguchi, très présent dans les films de Tsukamoto (dont le frère, qu'on avait vu da ns Tokyo Fist joue aussi ici) et qui tient ici à lui tout seul toute la scène de la métamorphose grâce à sa tenue jaune et noire en cuir. La dernière scène lui laisse aussi un grand moment de folie. Puisqu'on parle de Tsukamoto, soulignons la similarité de certains thèmes de ce film avec ceux du réalisateur de Tetsuo, Vital et autres Gemini. Un moins que rien, qui souffre (mieux, il meurt) et grâce à cela évolue (ressuscite) vers un idéal via une période très violente avec bon nombre d'épisode trash. Si on ajoute à cela la métamorphose physique, on ne peut pas ne pas penser à Tetsuo, Tokyo Fist, Bullet Ballet ou Vital...

 

fullmetalyakuza07Les amateurs du cinéaste Tokyoïte seront donc ravis, tout comme ceux du Miike des premières années puisque ce FMY, bien qu'évidemment pas très aboutit techniquement se démarque -après une vingtaine de minutes classique- par ses scènes trash, complètements folles, par son oscillement entre drame et comédie parodique, par les excès permis par le format choisi. Takashi Miike dont on sait qu'il peut aller très loin dans ses délires est encore ici complètement en roue libre (pour filer la métaphore du cinéaste déjanté!) et laisse les pires de ses idées ressurgir dans le film. On a évidemment droit à un membre turgescent d'une taille éléphantesque, à un petit viol qui se poursuit bien sur après la mort de la pauvre bougresse, ainsi qu'a une bonne scène SM.

Pour le reste il s'agit surtout de trucs de barges que réalise Keisuke avec son corps bionique. La aussi on reste dans le trans-genre, puisque le film s'apparente à une œuvre futuriste, parfois horrifique, mais aussi à un film de yakuza ou encore à un chambara. Un fond réaliste, un héros sorti de la technologie du futur qui se bat avec une arme et une morale issues du Japon classique. Du grand délire, avec un semblant de bêtise et de film Z qui reste tout de même sérieux mais ne se la joue pas, bref un savant mélange comme seul sait en faire « le fou filmant ».

 

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Au final, une œuvre récréative, qui ne s'embête pas toujours à suivre un scénario bien construit mais compense ces quelques faiblesses (ainsi que des effets spéciaux... très spéciaux!) par une bonne dose de folie et de liberté dans un film qui traverse tous les genres fétiches de Miike tout en évoquant aussi quelques uns de ces thèmes favoris.

 

 

Bruno Zunino

Publié dans Japon

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Z
Je découvre ton blog par hasard avec plaisir. Nous avons quelques gouts en commun dirait-on ;) Je suis un grand fan de Miike, qui même dans ses films les plus triviaux arrive à passer quelque chose de magique.
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K
Merci bien pour cette article très intéressant :)
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D
Sympa ton blog! Tes articles sont très intéressants. Bonne continuation!
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A
<br /> <br /> Merci, on est un peu en pause en ce moment mais ça reprendra bien un jour, il y a tant de choses à voir et à faire découvrir !<br /> <br /> <br /> <br />