Punch (Wan-deuk-i), Lee Han, Corée, 2011
Punch, comme son nom ne l'indique pas est un film de passage, un long métrage initiatique. Si le kickboxing est bien présent, ce n'est qu'en temps qu'épiphénomène, que prétexte à bien autre chose. Entre autre au passage à l'état d'adulte d'une jeune homme.
Wan Deuk vit avec son père et son oncle, tout deux danseurs dans un cabaret. Le père est bossu, l'oncle un simplet qui s'est prit d'affection pour le père et a appris à danser avec lui. Le jeune homme, assez mauvais en cours sait par contre parfaitement se défendre et son caractère taiseux laisse parfois exploser quelques bouffées de violence sur qui le cherche trop. Wan Deuk va régulièrement à l'église du quartier pour prier dieu de tuer son prof de socio, surnommé Dung-zoo qui le malmène régulièrement. Ce dernier est aussi son voisin. Un jour il lui apprend qu'il connait sa mère et que celle ci aimerait le voir. Elle est philippine est s'est mariée à son père un peu par hasard pour le quitter dès que leur enfant a été sevré. Sur ce va venir se greffer la découverte du kickboxing et une amourette avec une camarade de classe.
Punch, de son vrai titre Wan-Deuk est une adaptation d'un best-seller coréen. Le film lui aussi a connu un certain succès dans son pays mais n'a pas eu les honneurs des festivals coréens. On est loin en effet du style qui est « requis » en Europe pour être primé à Cannes ou à la Mostra : pas de thriller noir et ultra violent, pas de Kim-Ki-Duk au générique ni de Song Kang Ho. Rien pour attirer les distributeurs qui préfèrent tirer d'une saga déjà exsangue (à l'heure où j'écris, Disney vient de racheter -en pleine « crise »- les studios Lucasfilm pour la modique somme de 3 milliards d'euros et prépare un nouveau Star Wars pour 2015!) un énième épisode. Laissons là la critique du modèle économique de l'industrie cinématographique et concentrons nous sur Punch.
Je l'ai dit, ce n'est pas du Kim Ki Duk, ni du Kim jee Woon, ni du Na Hong Jin ou du Park Chan Wook ! C'est un film qu'on pourrait dire commercial, pop s'il était une chanson, grand public, bon enfant, tout ce qui ne plait pas aux cinéphiles, aux vrais, à ceux qui lisent les Inrock, Télérama et les Cahiers à chaque parution. Les lecteurs habitués à ce site savent que je n'en suis pas. Et qu'en plus, j'en suis assez fier. Punch m'a donc bien plu même s'il ne s'agit pas du film de l'année ; les personnages sont attachants, on sent en chacun une grande humanité, un caractère un peu brut mais entier caché derrière des apparences parfois trompeuses. L'humanité est ici résumé à un paté de maison, ses quelques habitants hauts en couleur qui s'insultent le soir lorsqu'ils sont ivres ou parlent un peu trop fort entrer les toits. Des histoires d'amour se tissent, des amitiés, de l'entraide, etc... La relation entre l'enseignant et son plus mauvais élève, dure au départ évolue peu à peu et pousse le jeune homme à changer. C'est grâce au prof que la mère fait son apparition et que bien d'autres choses bougent dans ce film.
Si aucun grand souffle épique ne traverse Punch, s'il ne contient pas d'envolées lyriques, de grandes batailles ou de scènes d'amour fou, c'est peut être parce qu'il a juste la prétention de montrer un morceau de vie, comme on peu tous en avoir vu autour de nous, un épisode touchant, parfois drôle qui ne casse pas des barreaux de chaise mais respire l'humanité, l'humilité, la sympathie et redonne le goût des choses simples au cinéma.
Et à moi me redonne le goût d'écrire des critiques pour faire partager ce genre de films.
Bruno