The Lost Bladesman (Guan yun chang), Alan Mak & Felix Chong, 2011

Publié le par asiaphilie

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En 2011, au moins trois films ont été tournés sur le personnage de Guan Yunchang en Chine. Celui ci vient plus précisément de Hong-Kong et a est réalisé par Alan Mak (Infernal Affairs) et Felix Chong avec dans le rôle titre la super star Donnie Yen. Il y a donc apparemment une mode en ce moment à propos de cet homme dont la légende date de dix-huit siècle puisqu'elle se situe à l'époque dite des « royaumes combattants ». Cette popularité est sans doute due au fait que le bonhomme, guerrier réputé invincible de son temps fut divinisé quelques siècles après son exécution et est aujourd'hui le saint tutélaire des bandits, mais aussi des flics et des hommes d'affaires (allez savoir pourquoi!). Un roman a bien sur aussi été tiré de sa vie (au XIVeme d'après un texte du IIIeme s.) et c'est lui qui sert de base à ce film.

Il est d'ailleurs intéressant de rappeler que le dernier film de John Woo (Red cliff / Les Trois Royaumes) se déroule quelques années après celui ci et relate les aventures du personnage secondaire de ce film, Cao Cao. La vision proposée du personnage n'est d'ailleurs pas du tout la même !

 

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The Lost Bladesman a été assez critiqué, notamment pour ses scènes d'actions trop peu nombreuses et mal filmées. Selon ses détracteurs ce film serait trop lent, mou et frustrerait son spectateur de sublimes affrontements avec Donnie Yen. Il est vrai que par certains coté ce Lost Bladesman m'a fait penser à la Cité Interdite de Yimou, qui on s'en souvient avait suscité ma colère par son immobilisme et son coté un peu trop contemplatif et mou. Pourtant ici je n'ai pas été irrité ! Il est vrai que je ne suis pas non plus complètement emballé par ce film, mais Mak et Chong ont su à mon goût bien mieux mettre en scène les luttes de pouvoir, les affres de la condition de héros, les dilemmes qui ont parcourus la vie de cette figure mythique et légendaire du panthéon guerrier chinois. Ce film parvient très bien à humaniser Guan Yu, bretteur hors pair mais presque forcé à la solitude, obligé d'accomplir certaines choses dont il se serait bien passé. Morale, valeurs, sentiments et pouvoir font mauvais ménage, on le savait, et bien on en a une nouvelle confirmation.

 

LostbladesmanThree Brothers  L'histoire d'amour impossible qu'il vit est assez bien amené et le suit tout au long du film, donnant un peu plus de profondeur à cet homme qui n'est finalement qu'un guerrier à contrecœur. On regrettera cependant que le personnage féminin ne soit justement pas plus développé et approfondi, car il fait un peu figure de statue en argile creuse. Mais je comprend aussi que ceux qui s'attendait à un grand combat quasi non-stop de Donnie Yen contre plein de méchants soient déçus, d'autant que les affrontements sont réussis et impressionnants bien que le montagne coupe parfois à un instant décisif. C'est un parti pris (je ne peux croire à une maladresse de ce genre répétée plusieurs fois par Alan Mak avec Donnie Yen en directeur des combats) esthétique qui, bien que frustrant se comprend tout à fait en terme de longueur du film et de priorité donnée à la psychologie, à la relation avec Cao Cao et de la place de l'être humain dans l'Histoire avec un grand « H ». Surtout en Chine, surtout aujourd'hui (car oui, pourquoi tant (voir à ce sujet la fiche Imdb du personnage Guan Yu) de films sur cette période précise, sur cette charnière historique de l'empire du milieu?). Car la vrai question à se poser est sans doute la, et pas dans les choix de montage.

 

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Car on voit dans ce film le rôle de l'empereur (fantôme assurant la cohésion nationale), les immenses pouvoir des chefs de guerre et la difficulté d'être loyal et vertueux dans ce heures troubles. Sans doute aujourd'hui cette situation résonne-t-elle particulièrement dans les oreilles des citoyens-réalisateurs chinois (et Hong-Kongais). J'avoue que vu l'opacité du système politique chinois actuel j'ai du mal à établir des parallèles fiables entre la situation du film et celle du pays aujourd'hui... Mais le choix de cette période troublée et au cours de laquelle les bases d'un empire ont été conçues n'est pas anodin et innocent, c'est certain...

 

Pour en revenir au film lui même, il est évident qu'il ne s'agit pas du chef d’œuvre du siècle mais simplement d'un wu xia honnête où Donnie Yen se régale avec sa vouge, avec plus d'action que dans la Cité interdite de Yimou et un scénario plus trépidant mais sans doute un peu moins de moyens et des images un peu moins belles. Un film de bonne facture cependant qui plaira aux fans du genre.

 

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Carcharoth

 

Trailer VO


Publié dans Chine et HK

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L
Mon avis:<br /> <br /> Tout à la gloire de Donnie Yen crédible et charismatique en général (même si la longue barbe ne lui va pas du tout), ce Wu Xia Pian ambitieux visuellement sympa (costumes, décors, photographies) et<br /> bien filmé qui relate une partie de l'histoire des Trois Royaumes et qui prend le temps de développer ses personnages, est parsemé de très nombreuses scènes d'actions spectaculaires et diversifiées<br /> (une mention spéciale à l'affrontement dans un passage étroit), mais le scénario manque véritablement d'enjeu dramatique ce qui à pour conséquence de n'avoir aucune empathie pour l'ensemble des<br /> personnages. "The Lost Bladesman" est de la sorte un Wu-Xia-Pian beau et spectaculaire qui manque cruellement d'émotions et c'est bien dommage.
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