Le roi des masques, la vieillesse a un beau visage.

Publié le par Nostalgic-du-cool

 
Le roi des masques (Bian Lian), Wu Tian-Ming, Chine, 1996.



  Ah quel plaisir, presque un an après, peut être plus, de répondre par un article à une très vieille question posée dans un commentaire, et restée à l'époque sans réponse ! Voila le film dont cette personne cherchait le titre, ce film pourtant de maintes fois récompensé à sa sortie dans divers festivals, et depuis paru en dvd. Ce film dont pourtant j'avais entendu parlé auparavant, mais sans l'avoir jamais vu ! Et voila que la, révélation, mais bon sang mais c'est bien sur, ça ne peut être que ça ! Le réalisateur m'est totalement inconnu, et hormis le fait qu'il ait produit le sorgho rouge, je ne peux rien vous dire à propos de sa très réduite filmographie.

  Le Roi des masques raconte la vie d'un grand père passé maître dans l'art de changer de masque d'un tour de bras, un peu comme le font avec tout un costume nos transformistes modernes. Veuf, et sans descendance, il se désespère de voir son art mourir avec lui. Et il n'est pas le seul, un grand acteur d'opéra, remarquant ses talents lui demande de les lui enseigner ou au moins de se trouver un disciple pour que cet art perdure. C'est pour le vieil homme un déclic, qui se met en quête d'un jeune garçon à adopter, ce qui n'est pas dur, une région proche étant frappée d'inondations, de nombreux parents vendent leurs enfants... Pris de pitié pour le petit Gouwa, il l'achète et l'habille, le nourri et lui offre l'attention que son faux père (en fait un marchand d'esclave) ne lui avait pas apportée. On découvre très vite cependant la vrai nature de Gouwa, qui est un fait une fille. La tradition interdisant au vieux de transmettre son savoir à une fille ou un membre extérieur de la famille, il en fait son aide ménagère. Dans son envie d'aider le grand père, la petite lui apporte en fait quelques ennuis, se fait enlever et, libérant un autre petit enfant, elle fait accuser son protecteur d'enlèvement. Sa condamnation à mort est prononcée par une justice militaire qui souhaite se débarrasser de nombreux enlèvements d'un coup, et rien ne semble pouvoir empêcher l'erreur judiciaire...

  Voici la quasi totalité de l'histoire, les détails et la fin en moins. Le film est produit par la Shaw brothers, et cela doit être l'un de leurs derniers films, un des derniers reliquat de ce mythique studio. Pour une fois il est tourné entièrement en extérieur (sauf peut être quelques scènes d'intérieur), dans diverses villes chinoise proche de fleuves, sur lesquels naviguent Gouwa et son grand père, dans leur maison flottante. La toute jeune actrice (Renying Zhou) est celle qui a été le plus récompensé (mais elle n'a tourné que ce film), et en effet sa sincérité et son naturel sont tout au long du film très touchants, avec sa petit bouille à qui on donnerait le monde sans confession. Elle appartient à une troupe d'acrobates, ce qui se voit à quelques moments dans le film, lorsqu'elle présente un spectacle de contorsionnisme avant celui de son grand père adoptif (Xu Zhu). Celui ci n'est pas en reste et se montre très bon dans son interprétation toute en sobriété et en douceur d'un homme bon mais tourmenté par sa fin prochaine, et qui hésite à transmettre son art à une fille et ne sait pas quoi en faire, éprouvant tout de même beaucoup d'affection pour elle malgré son mensonge.

  Comme vous pouvez le voir c'est un très beau film sur une relation étrange, basée sur un achat d'enfant, et une adoption ultra rapide de l'un par l'autre, et du nouvel arrivant dans la famille par la société, pour qui cette adoption marchande est normale. Très sobre, le style du réalisateur s'affirme dans sa tendresse envers ses deux héros, à qui il arrive tous les malheur du monde mais qui jamais n'éprouve de haine l'un envers l'autre et restent unis même lorsqu'ils se séparent. Un autre personnage important est l'acteur Liang, celui qui remarque le talent du Roi des masques. Il éprouve un très grand respect pour lui, tandis que le grand père est très humble vis à vis ce cet acteur reconnu et adulé. C'est une belle relation d'amitié et d'estime mutuelle qui naît entre les deux. C'est un film à dimension humaine, sans beaucoup de personnage ni une dimension historique importante, ou qui transcende de nobles vertus et touche à la métaphysique, j'aurais presque envie de dire que c'est un petit film tout simple, sans prétention, juste très humain et beau. Une petite perle d'innocence dans ce monde cynique et brutal.

  Faites donc le détour par ce charmant film, vous ne perdrez ni votre temps ni votre bonne humeur bien que le film soit parfois sombre.


La fiche Imdb du film.

Carcharoth.


Publié dans Chine et HK

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S
BeauQuelle bonne surprise que ce film, surtout quand comme moi on apprécie le cinéma asiatique. Un mention toute spéciale à la jeune actrice Chao Yimyim, je n'aurais qu'un mot "sidérante".
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B
Très intéressant. Merci pour le découverte!<br /> <br /> ps. en passant, votre blog n'accepte pas mon adresse courriel réelle. Peut-être parce qu'elle commence par un chiffre?...
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C
Oui le film à reçu des récompenses dans des festivals "juniors", et j'ai vu beaucoup de commentaires qui disait "ah oué je l'avais vu à l'école/collège". Le bon rôle de l'école, tu vois Mick' ? Il ne faut pas désespérer, il y a de bons profs qui font voir de bons films !<br /> Et donc oué, c'est charmant, sympa, mignon, c'est un bon film, sans grande prétention mais touchant. J'en demande pas plus.
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A
Han tu sais quoi Bruno tu viens de me faire retomber en enfance, car on était allés voir ce film avec ma classe au primaire, et je l'avais complètement oublié! Ça m'a l'air charmant, j'essaierai de le revoir.
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