The Game Of Death, la mort d'un chef d'oeuvre.

Publié le par Nostalgic-du-cool



Et bien ce soir j’avais prévu de regarder un remake de Fist of Fury avec Jet Li, juste pour voir si le nouveau combattant-acteur tenait la comparaison avec Bruce à ses débuts, mais cela n’a pas été possible. Pour une raison bien simple. Une certaine personne a voulu regarder ce qui passait sur la 6, vous savez, ce truc informe rempli de femme bourgeoises, américaines et avec des problèmes qui vont avec. Autrement dit, rien en comparaison de la souffrance de Chen Zhen qui vient de perdre son maître, tué par un vil impérialiste japonais. Mais les jeunes de nos jours n’ont plus de pitié et ont oubliés le passé du peuple chinois (je vais arrêter la avec mon refrain sinophile sinon Shinzo Abe va m’envoyer des tueurs et vous allez croire que je suis un petit bolchevique maoïste) et la série américaine a primé sur le remake Hongkongais. Me voila donc seul devant mon écran, à répondre par ci par la à des commentaires sur allociné, me rendant compte du vide et de l’inactivité qui gagne le blog. Et tout d’un coup vient l’illumination : un sage n’a-t-il pas dit « euh…. Merde je me rappelle plus… en gros, dans tout malheur on peut trouver un bonheur, une utilité ». Et c’était un taoïste, donc un chinois, donc un compatriote de Bruce Lee, celui qui a fait le « jeu de la mort », qui n’est pas encore commenté sur le blog. Et me voila embarqué dans cette formidable aventure qu’est le fait de rédiger un article… Embarqué dans cette formidable galère de chercher des infos, de me remémorer le film, chercher le dvd, les scènes, les acteurs, regardez sur imdb, etc… Enfin bref, nous y voila !




 

The Game of Death, traduit littéralement en français est un film financé, imaginé et normalement tourné par Bruce Lee. Mais comme tout le monde ou presque le sait, du moins tous les fans, ou tous ceux qui auront lu mon article sur Enter the Dragon, Bruce Lee est mort avant d’avoir pu achever le film, et même très peu de temps après le début du tournage. Revenons un peu en arrière : 1972, le tournage débute en studio, à la Golden Harvest, ou il a signé depuis longtemps (voir bio). Bruce Lee profitant de la présence de Kareem Abdul Jabar tourne les scènes finales, celles des duels, au sommet de la pagode, les plus impressionnantes, les seules que le public verra… Car à peine un mois plus tard près le début des prises, la Warner débloque un minuscule budget pour tourner un film avec le petit dragon, afin de profiter de son succès et de sa popularité grimpante. Ce sera « Opération Dragon » (enter the dragon), que Lee finira de tourner et pour lequel il entamera une tournée promo, durant laquelle sa mort surviendra, dans des circonstances toujours sujettes à débat. Le tournage de son film ne reprendra pas, et nombreux sont les fans qui plus tard le regretteront, voyant la le choix le plus néfaste que Lee ait fait de toute sa carrière.




 

Mais avant d’en dire un peu plus sur le film et ce qui l’entoure, je voudrais raconter l’histoire qu’a pu découvrir le monde entier lors de la sortie du film.

 

Billy Lo Est un acteur à succès et un pratiquant d’art martial. A ce titre, il gagne beaucoup d’argent. Il a de plus une fort jolie fiancée (Ann Morris). Un groupe de mafieux décide alors de le faire chanter et de lui réclamer une forte somme en menaçant ses proches et sa sécurité. Refusant sans cesse de céder à la bande de Steiner (que devait jouer Chuck Norris, il n'en sera rien) et du Dr Land, ces derniers décident de le faire disparaître, par un coup d’éclat, afin de faire un exemple, comme cela se fait si souvent dans ce milieu. Se glissant parmi les figurant d’un scène d’un film que Lo est en train de tourner, un de leur assassin change les cartouches à blanc des armes par de vrai balles et fait feu sur l’acteur. (La scène jouée est d’ailleurs celle qui clôt le film dont je devais voir un remake ce soir, pour ceux qui suivent. Lee y saute désespérément sur un groupe de policiers nippons qui font feu) Il s’écroule, pendant que le faux figurant s’enfuit, un sourire narquois aux lèvres. Mais la blessure à la tête n’est que superficielle, mais nécessite un recours à la chirurgie plastique. Billy Lo en profite pour se faire passer pour mort, afin d’assurer sa sécurité et sa tranquillité. Mais lorsque les bandits enlèvent sa fiancée pour récupérer de l’argent, il doit sortir de la clandestinité pour la sauver. Il combat alors les sbires du Dr Land dans une pagode à 5 étages, avant de pouvoir se venger et sauver son amie…

 

Mais peut on considérer ce film comme étant de Bruce Lee ? Non, il est très certainement celui de Robert Clouse avec une touche de Sammo Hung, et pour cela il suffit de le comparer au projet original du petit dragon, tel qu’il le décrivait dans ses notes en 1972.

 

Le départ est assez semblable : Un champion d’art martial est victime de chantage et débarque avec quelques amis sur une île coréenne, pour y livrer combat. Il entre dans une pagode de 5 étages. A chaque niveau, un maître d’un art martial différent, et au dernier, gardé par un maître d’un art inconnu, un trésor, Le trésor de tout artiste martial, la découverte complète et totale de soi. Un trésor spirituel donc.

Il combat donc au premier niveau des combattants ceinture noir de différents styles de combat (qui mettent en déroute ses amis). Au second étage c’est un maître du Kung Fu (Taky Kimura ?) qui le reçoit, suivit au niveau suivant par un disciple de l’eskrima philippine (Dan Inosanto). A l’avant dernier niveau c’est un pratiquant de l’hapkido (art coréen) qui le combat. Lorsqu’il atteint le dernier étage, celui de la révélation suprême, il rencontre Kareem Abdul Jabar, qui lutte dans un style très proche du sien, très fluide, syncrétique. Lee est de plus au début déstabilisé par la taille du bonhomme, mais s’adapte très vite au type de combat et réussit a prendre son adversaire à son propre jeu, usant de sa petite taille comme d’un atout, déstabilisant son adversaire, trop grand pour certains coups…




 

A ce propos j’aimerais retranscrire une interview que Lee avait donné quelques temps avant le début du tournage à un journaliste, décrivant la scène d’ouverture de son prochain film : « Lorsque le film débute, le public découvre une vaste étendue de neige. La caméra se rapproche d’un bosquet d’arbre tandis que le souffle d’un vent violent traverse l’écran. Au centre se tient un arbre imposant recouvert d’une épaisse couche de neige. Soudainement on entend un craquement et une grosse branche de l’arbre tombe sur le sol. Elle n’a pu supporter le poids de la neige et s’est brisé. La caméra se déplace vers un saule qui ploie sous le vent. Parce qu’il s’adapte à son environnement le saule survit. » 

Bruce Lee voyait ce film, voulait ce film comme un « film d’action philosophique », ce qu’illustre bien ces propos et ce symbolisme qu’il voulait trouver au cinéma et placer dans ses films. N’oublions pas qu’il était diplômé de philosophie.

 

Hors cet aspect philosophique n’apparaît plus du tout dans le film  de Clouse, remonté en 1978 « grâce » au financement de Raymond Chow. A part Bruce Lee, plus grand-chose des moutures original n’apparaît plus dans le filmd’ailleurs. Sur les 40 minutes tournées début 72, il n’en reste que 7 dans le montage final. Celles ou Lee combat. Le reste a été joué par des doublures, maquillés, de dos, bandés, etc… l’histoire elle-même n’est plus tournée que vers les scène de combat finale, les seules « vrais », mais totalement dépourvue du sens que comptait leurs donner le petit dragon. Ainsi, l’enlèvement de sa fiancée et l’histoire du Dr Lang ne sont elles que des prétextes pour amener les scènes mythiques de combat. Scènes de combat d’ailleurs elles aussi mutilées, puisque remontées pour satisfaire au nouveau scénario. Ainsi le combat avec Kareem Abdul Jabar ou ils étaient deux (Lee secondé de James Tien) est il coupé et utilisé de deux façons différentes dans le film : la partie ou Lee ne combat pas est montré comme un flash back d’un ancien combat de géant.

De même, la blessure au visage de Lo est un fabuleux prétexte pour camoufler totalement le visage des sosies, tout comme les postiches dont s’affuble Billy durant le film. Les remonteurs ont donc rivalisés de subterfuges plus grossiers les uns que les autres pour faire passer la pilule. Sel le combat avec Dan Inosanto est réalisé de manière convaincante et pour cause c’est le seul des acteurs qui a joué dans les deux versions du film, celle inachevée de 1972 et celle, finale mais détournée de 1978.

 

En parlant des combattants il est d’ailleurs intéressant de relever que la plupart sont des amis ou des disciple de Bruce Lee : Inosanto était le chef instructeur de sa salle de combat à Los Angeles, Ji Hanjae (Chi Hon Joi) est un maître coréen qui a enseigné à Lee son fameux coup de pied retourné en 1969, il a servit 18 ans dans la garde présidentielle coréenne. Quant à Abdul Jabar, il est l’élève de Lee au moment du tournage et ce depuis le passage du dragon à LA, ou le géant jouait au basket pour la redoutable franchise des Lakers.

 

 

Pour finir sur une touche positive, puisque ce blog est résolument tourné vers cette philosophie cinéphilique, je dirais que l’on peut presque tout reprocher à ce film, à ce montage et à ces découpages qui ne respectent ni la lettre ni l’esprit de ce qu’aurait probablement été le film si Lee n’était pas mort, mais qu’il a au moins le mérite de nous montrer les dernières scène de combat d’un acteur libéré de toutes contraintes, jouant et combattant comme il l’entendait, et que rien que pour ces quelques minutes, même découpés honteusement, le film vaut le coup d’œil pour les fans, qui de toutes façon se rattraperont avec les nombreux documentaires ou les 40 minutes sont montrées dans leur intégralité dans une version « uncut ».




 

 

 

Dans la scène des funérailles (fausses puisqu’il simule sa mort pour se mettre en sécurité) on peut voir des extraits des obsèques réelles de l’acteur.

 

Et puis comment ne pas parler de ce film sans évoquer Kill Bill volume 1, ou Uma Thurman revêt le même habit jaune et noir que Bruce Lee, lorsque elle affronte notamment les crazy 88 killers. Et il est vrai que contre ses 88 combattant, c’est un peu le jeu de la mort… Tout comme jouer avec le montage du film l'était...

Mais nous garderons éternellement imprimées sur nos rétines l'image souriante de cet artiste hors du commun, qui aura marqué son époque malgré un mort précoce...





Carcharoth



Publié dans Chine et HK

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S
Merci pour votre article, je bookmarke votre blog. Votre blog me donne envie d\'en créer un également... j\'espère que j\'y arriverai !
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C
Il en ont sortit un il y a peu de temps, dispo dans le coffret collector mais aussi en dvd simple... Et puis il y a aussi les nombreux docus et films hommages qui reprennent de nombreuses séquences originales en les expliquant ou en les remontant d'une autre façon, peut être celle de Bruce Lee...<br /> Tu dis qu'il joue mal... je ne suis pas tout à fait d'accord, il est assez spécial, et c'est vrai mauvais à ses début, mais dans le jeu de la mort je trouve que ça va, et puis cette aura qui l'entoure lui donne une dimension unique qui compense ses faiblesses purement techniques...
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B
merci pour cet article sur un de mes acteurs préférés (ok il joue super mal, mais c'est bruce lee quoi!) et le contexte du tournage.<br /> <br /> plutôt que d'essayer de finir le film à l'arrach', les studios auraient plutôt dû sortir une sorte de making of du film, ça aurait été beaucoup plus intéressant.<br /> <br /> quand je pense qu'ils ont mis des videos de ses vraies funérailles, c'est vraiment glauque et honteux...<br /> <br /> rip bruce
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C
Mais derien, finalemrnt ce n'est pas plus mal que mon frère (car c'est lui le coupable !) ait regardé sa daube à la tv... ça m'a permis de me remettre sur le blog. Et désolé pour la mauvaise orthographe de ton pseudo, je dois etrer dislexique ou alors j'ai bloqué sur Silmido en effet looool.
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S
hayeA Bruce Lee! <br /> Des films mal foutus, mais un personnage tout simplement unique, seul réel puissance de tous ces films.<br /> Car oui, Bruce Lee était un extra-terrestre, pas de ceux de là haut, mais de ceux qui ont marqué nos mémoires à jamais.<br /> très sympa l'article et les anecdotes.<br /> Merci
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