L'Auberge du Dragon (Dragon Inn) par Raymond Lee et Tsui Hark, 1992

Publié le par asiaphilie

L'auberge du Dragon (Dragon Inn / Sun lung moon hak chan), Raymond Lee, 1992

 

 

 

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D'ici peu de temps, le nouveaux film tout en 3D de Tsui Hark devrait faire son apparition. Il s'agira de New Dragon Inn, un remake d'un film de King Hu dont nous avons déjà parlé il y a peu. En 1992, sa compagnie, la Film Workshop avait déjà produit un re-sucé du film mythique de Hu et Hark avait participé à l'élaboration du scénario. Voyons voir si la copie vaut l'original, qui on s'en souvient m'avait beaucoup plu.

newdragon inn b  Au casting on retrouve une belle brochette de stars, à savoir Tony Leung, Donnie Yen, Maggie Cheung et Brigitte Lin. Que du beau monde ! Ce wu xia semble comme un passage obligé pour les réalisateurs postérieurs à King Hu tant l'original fait figure de modèle, de référence dans le monde du film de kung fu et d'épée. Certains s'éloignent considérablement du sujet, n'osant pas se référer directement à un long métrage aussi estimé ; d'autres se lancent dans un remake identique à la scène prêt comme c'est quasiment le cas ici. Dès les premières images on retrouve des similitudes flagrantes, avec quelques améliorations techniques et visuelles bien sur ; puis c'est l'auberge qui apparaît au centre de décors superbes : une réplique quasi exacte de celle de King Hu. Et cela se poursuit jusqu'à la fin qui est en gros identique.

newdragoninn2  Autrement dit Raymond Lee se livre à un exercice périlleux, celui du quasi plagiat. La réussite dépend donc de la fidélité à l’œuvre originale, à la mise en place de moyens techniques et humain au moins aussi importants et surtout à la capacité du réalisateur et de son équipe à rendre une atmosphère et une puissance aussi forte que celle du film du Hu. Et on sait que c'est la le point fort du réalisateur. Difficile pari donc, que peu ont tentés mais qui est ici plutôt réussi puisque le cahier des charges est rempli !

 

newdragon inn a  En effet, sans jamais dénaturer le scénario original et l'esprit du film, Raymond Lee parvient à faire profiter son métrage des moyens dont ils disposent et des innovations techniques apparues entre 1966 et 1992. Ainsi, indéniablement les combats sont de meilleure facture, mieux filmés, plus « réalistes » et ce même s'il dans le même temps les grandes envolées ont fait leur apparition ! Du spectaculaire et du réalisme mais sans trop de surenchère dans le premier domaine, voilà la marque de fabrique de cet opus. L'auberge elle aussi gagne en intérêt, puisque des souterrains y sont intégrés afin de densifier un peu l'intrigue et de rendre le huis clos plus tendu ! Un personnage fait aussi son apparition, cuisinier un peu spécial de l'auberge, il recycle les corps des bandits en les intégrant aux beignets... Le personnage de l'aubergiste subit lui aussi une transformation qui n'aurait sans doute pas déplu à King Hu puisqu'il devient féminin (et joli- Maggie Cheung) et roublard avec ça (elle utilise ses charmes pour voler ses clients et être bien vu de la garnison du coin). De plus cela permet une amourette avec l'un des héros qui va la aussi rendre l'intrigue un peu plus enchevêtrée et stressante.

 

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Densification, intensification du coté psychologique du film, dont la mise sous pression est très bien orchestrée mais aussi dans le domaine martial où comme je l'ai souligné dès le début le réalisme et les câbles les rendent indéniablement « meilleurs » (même si le sens du cadrage et du montage du Hu peuvent difficilement être dépréciés) que ceux du film de 1966.

 

Les acteurs sont eux aussi tout à fait excellents, intenses dans la retenue puis féroces lors des combats. La musique par contre laisse regretter la bande son originale qui rappelait l'opéra de Pékin.

 

On ne retrouve évidemment pas le même potentiel novateur et « révolutionnaire » qu'à l'époque, mais c'est assez normal puisque c'est un remake. Pour assister au même genre de poussée formelle il faut se tourner vers le The Blade de Hark (1995) qui aura un impact très puissant sur le genre, à l'instar d'A Touch of Zen de King Hu (1971). C'est donc un très bon remake, une belle actualisation d'un film mythique, une sorte de version 2.0. Pour la 3(D).0 il faudra attendre un peu mais cela promet énormément... (voir trailer dessous).

 

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Trailer 1992:


 

 

Carcharoth

 

Trailer 2011


 

Publié dans Chine et HK

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