De la violence chez T. Miike.
Rebondissement sur l'article de Nostalgic, qui parlait du sang dans les cinéma japonais et coréen, et sur un commentaire de Donnyph sur ce même article. Je me lance donc, petit à petit dans cette réflexion. Je lance ma réflexion plutôt, je vais attendre qu'elle revienne, ou me soit rapportée par les idées de quelques un... Ainsi, si vous avez des suggestions, je suis bien sur ouvert, dans la mesure de ma capacité à les assimiler.
Commençons donc par un petit rappel : Nostalgic rappelais très justement dans sa "réflexion sanguine" qu'à la différence des films coréens, ceux des japonais utilisaient le sang de façon plus "surréaliste", comme un objet de réflexion en soi, et non pas comme un moyen ou un simple effet visuel. Considérant cela, je vais essayer de développer un peu sur Miike et son utilisation de la violence.
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MIIKE et la VIOLENCE
Takashi Miike, l'homme qui a tout essayé au cinéma... L'homme qui réalise deux films par an, l'homme dont les films sont imprévisibles, dont on ne peut jamais dire: "je vais voir un Miike, ça va être super". On peut juste s'attendre à être surpris. Heureux les larges d'esprits pourrait on dire. Miike donc, dont le cinéma est inclassable... Comment faire un article synthétique sur son utilisation de la violence. Surtout que je ne peux prétendre avoir visionné une liste exhaustive ou au moins majoritaire de ses films. Néanmoins, avec ma maigre expérience je vais me lancer, et à partir de ce que j'ai vu, tenter de dresser une analyse, une interprétation de l'idée qu'il pourrait se faire du rôle de la violence dans ses films.
Premier point, la violence, qu'elle soit symbolique ou physique (et on sait à quelle point elle peut l'être chez lui !) est presque toujours présente dans ses films (je dis presque car je sais que sinon un fan absolu va me trouver LE contre-exemple parfait !). Scènes de tortures, tabassage, gunfights, tous les genres sont représentés que ce soit dans ses films de yakuzas, dans ceux ou l'on voit des flics en actions, dans ses films d'horreurs ou tous ses projets un peu fous... On peut donc sans se mouiller dire que c'est un élément de premier plan dans ses oeuvres (comme pour pas mal de cinéastes japonais de ces dernières années d'ailleurs), . Ainsi, de Ichi, où la violence est très visuelle, à Bird People in China, ou elle est bien plus rentré et "psychologique", les films ne sont jamais épargnés par ce sentiment.
Il s'agit pour le réalisateur d'un medium très utilisé pour révéler ses personnages...
Pour débuter par celle qui se voit le plus, prenons l'exemple d'Ichi the Killer: la violence omniprésente n'est pas à proprement parler un élément qui doit choquer, horrifier: elle montre juste, de manière hyperbolique, toutes les pulsions que libère Ichi lors de ces tueries; étant complètement névrosé, il extériorise par le sang et la chair de ses adversaires tous ses sentiments: le coté ultra violent de certaines scènes n'est donc qu'un effet métaphorique pour imager l'effet du meurtre sur le héros...
Dans certains (la plupart) de ses autres films, traitant de prés ou de loin des yakuzas et donc de la police ou des guerres inter-intra gangs, la violence décrit à la fois une réalité (les triades ou les yakuzas ne sont pas des tendres, ceux qui ont vomis devant les parrains ne pourront pas voir ces films) sociale et culturelle (cultuelle même parfois: rituel du petit doigt coupé, idem pour la langue...) et à la fois une exhultation des sentiments par ces actes barbares, un des seuls moment ou l'on voit ressortir la personnalité des hommes (Kitano inexpressif, ...) qui la plupart du temps semblent maitre d'eux. Pour citer un film que j'ai déjà évoqué, dans "Le cimetière de la morale", la violence dont fait montre Ichikawa, le héros, perdu dans un monde qui a profondément changé après la guerre, n'est que le reflet de son refus de cette métamorpjose de la société et de ses codes.
Carcharoth