The Legend of the Fist ; the Return of Cheng Zhen (Jing wu feng yun : Cheng Zhen), Andrew Lau, 2010

Publié le par asiaphilie

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Legend of the Fist (LOTF) est un film hommage avant tout, il s'inspire fortement en effet du personnage du Frelon Vert (Kato) incarné par Bruce Lee dans la série du même nom (il endosse son costume, présenté dans une vitrine du cinéma, comme si le film passait à l'écran en 1925... Anachronisme, le personnage étant apparu dans un feuilleton radiophonique 5 ans plus tard!). Il est aussi basé sur un autre film avec le petit dragon, La Fureur de Vaincre où celui ci incarnait le personnage de Cheng Zhen, sans doute inspiré d'un élève du maître Huo Yuanjia. Par la suite, les aventures de ce maitre et de son élève ont fait l'objet de nombreuses adaptation, dont deux avec Jet Li (Fist of Legend, 1994 et le Maitre d'armes, 2006 où il incarne cette fois ci Yuanjia) et une série télé avec déjà Donnie Yen (1995). Bref, Cheng Zhen est devenu en 40 ans un mythe, un héros populaire en Chine.

legendfistkinopoisk.ru-Jing-wu-feng-yun 3A-Chen-Zhen-145953D'Andrew Lau, le public français connait Infernal Affairs (et les lecteurs de ce blog Beautiful Life) mais comme je l'expliquais déjà dans l'article sur son dernier film, le réalisateur (aussi connu sous le nom de Lau Wai Keung), ancien de la Shaw et hong-kongais tente de s'insérer dans le marché chinois du film et diversifie sa production (de toutes façon il n'est pas coutume de s'enfermer dans un genre). Le voici donc, avec Donnie Yen (grande star qui on l'a vu a déjà interpréter le rôle) en train d'essayer de redonner des couleurs à ce héros. Et on sent dès le début qu'il a voulu mélanger les genres, que ce n'est pas un pur film de kung fu, loin de là. A cet égard ceux qui espéraient une suite ou une remake de Fist of Fury seront certainement déçus ! Le réalisateur donne en effet beaucoup de place à la situation politique et au contexte historique dans ce film, tout comme il se permet de mettre en place un suspense et des micro histoires d'amours, ou encore des séquences qui ne jureraient pas dans un film de guerre.

 

Legend-of-the-Fist-Chen-Zhen-Donnie-YenOn le voit, avec ces nombreux aspect le film a bien du mal à dégager une identité claire, à se rattacher à un genre précis. Cela fait le charme de bien des films, mais ici le fait que Donnie Yen tienne le haut de l'affiche, qu'il s'occupe des combats et qu'il n'y en ait que très très peu déçoit un petit peu. Surtout que coté géopolitique on à le droit à une soupe nationaliste du même genre que celle d'Ip Man, où on apprend entre autre que ce sont les Chinois qui ont sauvés la France et l'Angleterre en 1917 et 1918 (ah bon, ce ne sont pas les Indigènes, avec un âne?), que les étrangers sont des profiteurs plus pourris les uns que les autres. On n'atteint cependant pas le niveau d'Ip Man puisque le message général reste (relativement) pacifique, hormis envers les japonais qui sont vraiment des bêtes. Autre aspect un peu gâché, ce sont les histoires d'amours, et notamment celle de Shu Qui et Donnie Yen (Kiki et Chen Zheng) qui s'égare dans les méandres du scénario, entre l’organisation de la révolution, l'unification des ouvriers et des étudiants ou encore la gestion du Casablanca, une boite réputée de Shangaï. Tous ces détails, ces petites scènes du film sont assez incompréhensibles, et même si on devine plus où moins le sens de chaque chose tout cela reste trop superficiel, comme un amas d'idée (plutôt bonnes au demeurant) dont Andrew Lau et ses scénaristes n'auraient pas su quoi faire, où qu'ils auraient toutes mises dans un sac, secoué très fort et balancé tout ça sur la pellicule. Dommage, un peu de tri aurait pu donner de très bon résultats...

 

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Car la mise en scène, l'aspect purement formel est assez bon, les séquences en villes sont très réussies (on se croirait dans le Lotus Bleu!) tout comme celles dans la boite de nuit où Kikiet Cheng se rencontrent et où se déroule une bonne partie du film. On a d'ailleurs le plaisir d'y voir Anthony Wong, guest star fétiche d'Anraw Lau dirait-on. Les combats par contre déçoivent aussi un peu. De par leur rareté, de par la présence fréquente de doubleurs et de par le montage, très rapide qui ne laisse pas vraiment le loisir d'admirer les enchaînements de coups. Sans doute est ce pour masquer quelques approximations que l'on devine. Ils (les combats) restent tout de même très divertissant et emballant même si de la part de Donnie Yen on a déjà vu mieux (et puis c'est quoi cette première scène, du grand n'importe quoi!).

 

LOTF dégage donc un drôle de sentiment, à la fois de plaisir et de déception. Car le film a des atouts (ses décors, ses acteurs, son ambition) mais de beaux défauts qui l'empêchent de décoller, notamment sa construction bordélique, sa trop grande diversité, son message politique assez limite et une trop grande absence de combats. Le dernier est d'ailleurs assez raté, ressemblant à une fin de Rocky Balboa (et vlan je me fait rétamer, je suis presque mort, je pense à ma sœur violée et à mes camarades et hopla je te met une branlée au petit jap!) avec une utilisation marketing de la musculature huilée de Donnie Yen. Mais bref...

 

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Au final, Legend of the Fist : the Return of Cheng Zhen est un film mi-figue mi-raisin, pas raté mais qui aurait pu être bien plus réussi avec un vrai scénario moins nationaliste et plus de bastonnade. Car quitte à faire un blockbuster, faut y aller avec la tatane !

 

 

 

Carcharoth

 

Trailer:

 

Publié dans Chine et HK

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L
Mon avis:<br /> <br /> Cette suite des aventures de Chen Zhen (introduit par Bruce Lee dans "La Fureur de Vaincre", puis interprété par Donnie Yen dans une série télé) est un récit historique saupoudré de scènes<br /> d'actions qui nous transporte dans la Chine des années 20 lors de l'occupation nippone.<br /> <br /> Le scénario aborde quantité de sujets passionnants comme la situation géopolitique du pays et présente de nombreux protagonistes intéressants mais certaines intrigues sont superficielles (la<br /> relation amoureuse de Chen Zhen) et les personnages sont stéréotypés (les gentils patriotes et les méchants japonais), les percutantes scènes d'actions proposent des chorégraphies spectaculaires<br /> qui portent indéniablement le style sec, rapide et brutal de Donnie Yen mais elles sont sur-découpées et la réalisation d'Andrew Lau aussi soignée que stylisée en fait un peu trop vu le contexte<br /> historique.<br /> <br /> "Legend of the Fist: The Return of Chen Zhen " souffre donc d'un trop plein d'idées pas toujours bien développées ou maîtrisées, mais le spectacle historique est épique et le scénario passionnant.
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