Les salauds dorment en paix, film noir et glacant de l'empereur Kurosawa (1960)

Publié le par Nostalgic-du-cool

Les salauds dorment en paix (Warui yatsu hodo yoku nemuru), Akira Kurosawa, 1960.





Les salauds dorment en paix, réalisé entre la Forteresse cachée et le Garde du corps serait un adaptation très libre d'Hamlet (Shakespeare). Pour ma part, si je ne l'avait pas lu sur le net je n'y aurais pas pensé. Si quelqu'un peut m'expliquer quels sont les liens entre la pièce et le film, je suis preneur.

C'est l'histoire de Nishi, jeune employé qui s'apprête à épouser la fille de son patron. Lors du banquet, plusieurs membres d'une ancienne société du géniteur de l'épousée sont arrêtes. Très vite on comprend que cette sombre affaire de corruption et le mariage de Nishi et Yoshiko sont liés. Le jeune homme essaie en effet de faire exploser au grand jour les agissements impunis des puissants de ce monde qui ont amenés son père au suicide. Cependant la jeune fille qu'il a séduite au départ par pur intérêt le laisse de moins en moins de marbre... (peut être est ce la le seul rapport entre Les Salauds... et Hamlet, si l'on oublie le thème de la vengeance du père) Dilemme cornélien qui aboutira au titre du film : hypocrisie et saloperie continuent à régir le monde sans que rien ne puisse s'y opposer, issue tragique et noire mais ô combien réaliste !

Les Salauds dorment en paix est une complète réussite d'Akira Kurosawa, au niveau de la forteresse cachée ou des Bas fonds. Le réalisateur y développe un regard humaniste, toujours proche des préoccupations du peuple et de l'actualité de l'immédiat après guerre ou quelques scandales de ce type éclatèrent mais où les véritables instigateurs et bénéficiaires s'en tiraient toujours. Le film, s'il n'est pas basé exactement sur un fait divers de ce type s'inspire de l'ambiance générale donnée par le milieu fermé des grands PDG japonais. La réalisation est léchée, le noir et blanc très classe et sans défauts.

La première scène est un chef d’œuvre du genre, inspiratrice de Coppola, l'empereur Kurosawa y dévoile astucieusement le statut social et les connections entre les divers personnages, ce qui évite de laborieuses scènes introductives et fait entrer le spectateur directement dans le vif du sujet. On y découvre aussi le regard assez critique du réalisateur sur la presse du pays, acoquinée ou aveugles aux méfaits des puissants. Il dénonce aussi l'esprit grégaire de ceux qui se laissent manipuler sciemment et servent d'intermédiaires (et de coupables en cas de problèmes) aux gros poissons.


Action Cinémas / Théâtre du Temple


Critique acerbe et noire du Japon qui était pourtant encensé pour sa croissance et son dynamisme, Les Salauds... se place comme un excellent film social, même si la conclusion glace le sang. Aujourd'hui, rien n'a vraiment changé et une transposition de ce film ne serait pas superflue...




Carcharoth



Publié dans Japon

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