La Bête aveugle de Masumura, un classique un peu décevant (1969)

Publié le par Nostalgic-du-cool

Moju (la Bête aveugle), Masumura, 1969



Zootrope Films


Masumura est un réalisateur de la nouvelle vague japonaise dont on a déjà parlé à propos de Red Angel (hommage au top 10 de Wildgrounds) et du second épisode d'Hanzo the Razor. Il a étudié au centre expérimental de cinéma à Rome sous l'égide d'Antonioni ou de Fellini puis travaille avec Mizoguchi et Ichikawa. Que de grands noms n'est ce pas ? Et pourtant -puisqu'on est dans les courtes chroniques je le dit tout de suite- ce film m'a un peu déçu. Je m'attendais à mieux, même si je ne suis pas un fan inconditionnel de la nouvelle vague (les discussions concernant Eros+massacre avec Epikt en attestent!). En effet la réputation du réalisateur, son parcours et les échos sur la Bête aveugle laissaient présager un chef d’œuvre ou pour le moins un film majeur. Peut être est il majeur pour la nouvelle Vague, auquel cas j'en ai quelques un sous le bras à proposer pour le remplacer.


Zootrope Films


Le scénario narre l'enlèvement d'un modèle (une top model) par un sculpteur aveugle qui souhaite en réaliser une copie en argile. La voix off de la jeune femme permet au spectateur de suivre l'évolution des réactions de Aki Shima face à l'aveugle Michio. Ce dernier vit seul avec sa mère qui le protège du monde depuis qu'il est enfant. Il s'agit en fait d'un roman du célèbre Edogawa Rampo (pseudonyme en hommage à l'auteur Bostonien Edgar Allan Poe) adapté pour le cinéma de Masumura. Celui ci y démontre sa capacité à filmer les corps, la nudité, la douleur et la beauté. Mais l'histoire m'a paru un peu creuse, et au delà de l'aspect provocateur et irrévérencieux de l'amour sadomasochiste qui se tisse entre le geôlier et sa prisonnière sur un fond de psychologie œdipienne mal digérée il n'y a pas grand chose dans Moju. Il est vrai que dans son genre le film est intéressant, et on ne peut pas dire que la réalisateur soit mauvais, mais le récit a manqué à mes yeux d'intérêt et de profondeur. L'histoire d'amour est assez mal amenée, le sort de la mère par trop prévisible et redouté. Reste la beauté de la jeune actrice et la force du jeu de l'aveugle qui font de La Bête aveugle un film à voir, comme un témoignage de ce qu'a été la Nouvelle Vague japonaise, mais avec un regard critique et la conscience de la distance qui sépare désormais le cinéma nippon contemporain de ses ainés (et bien que les uns soient fortement influencés par les autres!).




Carcharoth



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