Oncle Boonmee, palme d'or 2010
Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, Apichatpong Weerasethakul (2010) Thaïlande.
Dans le cadre du concours Priceminister "faites votre cinéma", je tente de chroniquer en quelques mots (et en quelques instants) la dernière palme d'or disponible en DVD. je m'excuse pour l'aspect un peu succinct de la chose, mais le temps impartit était court !
Palme d'or controversée du 63ème festival de Cannes (2010), remise par un Tim Burton conquit, le film s'annonçait comme s'inscrivant parfaitement dans la lignée des Tropical Malady et autre Syndrome & century. L'univers de Weerasethakul, reconnaissable entre tous est en effet bien présent dans l'Oncle Boonmee, film onirique, trans-genre et quasi magique. Mais même si je l'ai apprécié, je comprend tout à fait les critiques et les spectateurs nayant pas accrochés à l'ambiance du film, même si certains parmi les premiers (les critiques) se sont livrés à une mise à mort aussi nulle que non argumentée (je pense bien sur au Figaro) ce qui a juste montré leurs limites en tant que professionnel. Passons.
L'histoire, inspirée par le récit d'un moine thaïlandais, est celle de Boonmee, patron d'un exploitation agricole qui se sait condamné par une maladie rénale. Alors qu'il réunit quelques êtres chers autour de lui, apparaissent les fantômes de sa défunte femme et de son fils disparu depuis quinze ans. Durant deux jours il revivra par épisode des morceaux de ses vies passées tout en s'interrogeant sur la vertu de son existence présente ; avant de s'éteindre définitivement dans la grotte qui avait vu naître sa première vie.
Oncle Boonmee est donc un personnage du livre de ce moine, dont le réalisateur s'est assez librement inspiré pour réaliser ce film, qui n'est lui même qu'une partie d'un plus vaste projet appelé « Primitive » et composé de photos, vidéos, dessins et films (qui d'ailleurs ont été exposé en France l'an dernier à Paris) dans lequel Weerasethakul démontre qu'il est bien plus qu'un cinéaste. Plasticien, photographe et artiste contemporain penché sur son époque son pays, menant une réflexion politisé et engagé, voilà ce qu'est Apichatpong. Et son film est une uvre artistique complète qui nécessite d'être entendue et vue comme un tout. On y retrouve les thèmes de prédilection du réalisateur, la nature, la transformation, les esprits, la forêt, tout ce qui passe d'un monde à l'autre, les fantômes, les presque morts et ceux qui vivent un peu en marge, à la campagne ou à coté des bonnes murs.
Comme pour ses précédents films, celui ci est assez lent, calme et méditatif, parfois un peu sibyllin mais toujours poétique et beau. Il ne faut pas s'attendre à un blockbuster américain, le cinéma thaïlandais et particulièrement celui de Weerasethakul sait défendre et affirmer ses partis pris esthétiques et ma foi cela fait du bien de voir ce genre de film aussi dans nos salles obscures, même s'il faut savoir se laisser glisser dans l'ambiance et le ton du métrage, qui n'est pas commun je le reconnais.
Sans doute pas à mettre dans toutes les mains donc, mais un film passionnant, un film différent, un film asiatique quoi !
Carcharoth
DVD dispo sur le site de Priceminister ici.