Lady kung-fu, une tante pas comme les autres par Liu Chia-liang.

Publié le par Nostalgic-du-cool

My young Auntie (Cheung booi), Liu Chia-Liang, HK, 1981.

 

 

 Et voila, le chemin est parcouru, et comme le disais si bien Morpheus dans le premier opus de Matrix : « il est plus difficile d’arpenter le chemin que de connaître le chemin ». (Ne vous étonnez pas de cette référence un peu impromptue, même si les liens entre Shaw et frères Wachowski sont plus tenus qu’il n’y parait, c’est qu’au moment de rédigé cet article j’écoute la BO du film… intéressant n’est ce pas ?). Je savais qu’à l’orée des années 1980, le virage avait été amorcé, et que la comédie avait pris le pas sur les films plus sérieux et « typiques ». Je parlais ainsi dans mon précédent article « d’évolution ternaire ». Je dois revenir sur mes propos, et décaler un peu ce que je disais. Liu Chia Liang n’achève en effet pas sa métamorphose stylistique avec Shaolin vs Ninja, mais avec celui-ci, Lady kung-fu, aussi appelé « My young auntie ». Ce film appartient en effet très clairement au genre « kung-fu comedy », avec lequel selon moi la Shaw Brothers s’est perdue. Le ton est donné, la critique ne sera pas élogieuse, mais si je vais essayer de me placer d’un point de vue neutre et ne pas enfoncer le film. D’ailleurs il faut dire que ma démarche est un peu à rebours. Explication : ce film est en quelque sorte le troisième opus d’un triptyque déjanté réalisé par Liu Chia-Liang, et qui comprend Le prince et l’arnaqueur (1980) et Mad monkey kung-fu (1979). Dans une démarche logique j’aurais donc du commencer par visionner ceux la, pour pouvoir parler d’éventuelles évolutions. Bref, je ne le ferai pas ici mais dans les commentaires qui suivront à propos des deux comédies suscitées. Celui-ci sera donc a priori assez court et synthétique.

 

 Petit résumé : Pour empêcher son filou de frère cadet de s’accaparer son héritage, un homme décide de se marier juste avant sa mort avec sa domestique, qu’il a élevé comme sa fille depuis la mort de son père. Il charge cette dernière de remettre tous ses titres de propriétés à son neveu. Après sa mort, la jeune femme respectant son engagement se rend à Canton avec le testament et les titres pour les offrir à celui qui est maintenant son neveu, malgré ses cheveux grisonnants. Il se trouve que le même jour, le jeune fils du neveu revient de Hong-kong ou il poursuit des études d’anglais. La rencontre entre la Tante, son petit neveu et sa bande d’ami est fracassante. Parlant un galimatias sino-anglais, les étudiants ne sont pas compris par la jeune femme, qui surprise en train de se changer les attaque à l’aide d’un redoutable kung-fu. Le neveu (Ching-chuen Yu) revient de la ville alors que la Tante et son fils (Tao « charlie » Yu) sont en train de renverser les stèles des ancêtres et de s’attaquer aux tableaux ancestraux de la famille. L’ordre rétablit, il explique la situation à tout le monde, et demande à son fils d’accompagner la Tante en ville pour qu’elle s’achète des habits. Entraînée par la frénésie des achats (elle qui descend de son village), elle ressort des magasins habillée à l’européenne, recoiffée et poudrée. Elle déclenche aussitôt une série de réactions viriles dans la rue, et Tao doit intervenir pour éloigner les malfaisants. La jeune femme n’est pas en reste, et distribue aussi son lot de baffe. Mais les hommes de l’oncle désavoué rodent, et tendent un piège à la famille Yu. Profitant d’un bal que donne Tao et où il a invité sa grand-tante, les bandits mettent à sac la demeure et volent les titres de propriétés et le testament. Une seule solution reste : attaquer l’oncle pour lui reprendre les documents. Ching-chuen demande alors de l’aide à ses frères, et après un rude entraînement, ils se rendent chez leur oncle, où la Tante a été capturée en voulant voler les documents avec la seule aide de son petit neveu, cherchant à éviter d’utiliser l’aide de ses « neveux ». Les combats ne tardent pas à éclater entre les défenseurs de la maison et les assaillants, venu reprendre leur bien. Le tout s’achève bien sur par un duel (dont la récompense est le testament) entre Ching-chuen et l’oncle (Yung-sheng Yu), que le premier remporte. Happy end.

 

*

 

 Soulignons pour commencer l’exceptionnel panel d’acteur réunit pour ce film par Liu Chia-liang ; tout d’abord lui-même, puis son frère (Gordon Liu) et quelques un de ses élèves : Kara Hui (la Tante) et Hou Hsiao (Tao). La première obtiendra le prix d’interprétation au premier festival de film HK (Honkhong film awards). Un film rentré dans l’histoire donc. Et pour finir, un domaine auquel tient beaucoup Nostalgic : le méchant. Il n’est pas cruel et terrible, mais un bon acteur l’incarne : Wang Lung Wei, que l’on retrouve dans pas mal de nanards mais qui a aussi joué dans bon nombre de classique de la belle époque.


 

Le scénario se construit un peu comme un jeu vidéo, surtout dans sa partie finale. On affronte d’abord la piétaille, on évite deux trois piège, puis on passe aux lieutenants, puis vient le boss et son fils. Et enfin on libère l’otage et on récupère le trésor. En gros. Le tout est en plus parsemé de gags dont s’est d’ailleurs inspiré J. Chan ou les réalisateurs (Stephen Chow) de Crazy kung-fu et autres ersatz de ce genre. Il y a aussi bien sur de nombreux combats, tous les gags en sont le prétexte ou la conséquence. Combats de gentils s’entend, pas la moindre goutte de sang, pas de meurtre ni d’assassinats sordides, on reste dans le léger et la bonne humeur. Les affrontements sont des suites magnifiques de coups et d’enchaînements ultra rapides et esthétiques, qui durent des minutes entières sans que les combattants soient épuisés ou essoufflés. Tout ça est en plus très bien chorégraphié par Lui Chia-liang en personne.

 Et comme toute œuvre du grand maître se respecte, je ne vais pas cracher sans argument sur ce film. D’ailleurs je ne cracherai pas tout court dessus, c’est un film qui se voit, même si pour moi il ne vaut pas les chefs d’œuvre que sont les 36ème chambre de Shaolin. Il faut juste aimer la comédie, l’humour un peu potache, pas trop profond, genre comédie franche et pas intellectuelle, et puis bien sur les combats, et puis voila, ça devrait suffire. C’est un peu du Jackie Chan en moins burlesque, en moins poussé, en moins grimaçant, même si les bases sont la !

 Alors qu’est ce que je reproche à ce film en fait ? Et bien je n’aime pas les comédies de ce genre, voila tout. Ca ne me fait pas tellement rire, même si bien sur il y a eu quelques rires francs durant le visionnage, ça ne me passionne pas, même si ça me divertit un temps. Le truc étant de ne pas en voir 3 d’affilés, ce qui vient de se produire. Et puis ce qui m'a aussi excédé c'est le permanent mélange franco-anglais que parle le fils (Tao). Quelque chose dans le genre de :"l faut que tu see ma auntie elle est trop beautiful". Une sorte de sketch d'Elie Semoun. Peut être la faute de la VF, mais bon l'idée même de jouer sur le clivage "moderne=anglais", "vieux=traditions et chinois" est mauvaise, donc... Alors pour conclure cet article concis (pour une fois), je dirais que le film est voyable, que les fan de J. Chan adoreront, que les adorateurs de Lui Chia-liang seront enchantés par les combats, et que les cinéphiles pourront voir là un exemple frappant de comédie kung-fu.




Ah oui ! J’oubliais, l’actrice qui incarne la tante, en plus d’être une très bonne combattante est assez jolie, ça ne gâche rien au film n’est ce pas ?


PS: la fiche à laquelle est lié l'article n'est pas la bonne, mais bon le module du blog plante alors je lie à celle ci par défaut, en attendant mieux !


Carcharoth.



Publié dans Chine et HK

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