Iron Monkey (Siu nin Wong Fei Hung ji: Tit Ma Lau), Yuen Woo-Ping, 1993. Préquelle aux Il était une fois en Chine de Tsui Hark !
Iron Monkey (Siu nin Wong Fei Hung ji: Tit Ma Lau), Yuen Woo-Ping, 1993
Entre 1991 et 1997, Tsui Hark réalise et produit six épisodes de sa désormais très célèbre saga Wong Fei-Hung avec Jet Li. Plusieurs chorégraphes travaillent sur les scènes d'actions, dont Yuen Woo Ping (que l'on connait aujourd'hui et en occident par son travail dans les épisodes de Matrix) que l'on connait aussi en tant qu'acteur dans d'anciens films de kung fu et comme réalisateurs de métrages du même genre.
Hark a alors une idée géniale, il fait réaliser (en le produisant et en écrivant le script) à Yuen Woo Ping un préquelle et un remake de l'histoire du célèbre combattant-docteur. Iron Monkey et Griffes d'acier (claws of steel, co-réalisé avec Jing Wong). Le premier, qui nous intéresse particulièrement ici est donc un dérivé de la saga de Hark qui souhaite sans doute couper l'herbe sous le pied de ses concurrents en occupant tout l'espace autour du célèbre personnage.
L'histoire est assez simple, dans une cité dirigée par des officiers corrompus sévit un justicier masqué qui vole les riches pour donner aux pauvres, punit les affameurs et défend les faibles. Un Zorro chinois si vous voulez. Les autorités sont bien évidemment à sa poursuite mais ne parviennent à rien puisque la population le soutient indéfectiblement. C'est alors qu'arrive Wong Kei Ying et son fils... Wong Fei-Hung. Tout deux redoutables combattants, ils sont très vite soupçonnés d'être l'Iron Monkey, au même titre que tous ceux qui connaissent le kung fu et ont un rapport quelconque avec les singes ! Voyant la puissance de Kei Ying le gouverneur décide de le forcer à combattre Iron Monkey en gardant en otage son fls. Au même moment doit arriver en ville l'inspecteur impérial, un renégat de Shaolin. Or Kei Ying est un disciple fidèle du monastère... Ce qui va favoriser le rapprochement entre les deux héros pour un final superbe contre l'hideux Hiu Hing !
Le véritable héros du film n'est donc pas véritablement Wong Fei Hung, ni son père mais bien l'Iron Monkey, justicier masqué, docteur au grand cœur (lui aussi) et artiste martial de très haut niveau. Cependant l'apparition des deux Wong permet un feu d'artifice de combats et un vrai régal pour les fans du docteur le plus célèbre de Chine. De plus le thème créé par Tsui Hark pour son film retentit dès que le jeune Fei Hung s'occupe de redresser les torts dans les rues de la ville. Ce film réunit tous les éléments pour un bon kung fu pia, à savoir de bons acteurs, un scénario relativement simple avec une bonne histoire de justicier, de vérité à rétablir, de morts à venger et des combats qui vont crescendo. Cela paraît assez simple et pourtant rare sont les films qui y parviennent parfaitement.
Ici, Donnie Yen, Yu Rongguang et Jean Wang s'en donne à cœur joie dans les combats, jouent plutôt bien la comédie et savent ne pas être trop sérieux dans un film qui ne l'est pas vraiment ! On découvre avec plaisir un petit Fei Hung déjà bien à l'aise dans les affrontements et planté dans ses bottes morales et éthiques. On a en quelques sorte avec son père et l'enseignement prodigué par le docteur Yang (Iron Monkey la nuit) la genèse de grand Wong Fei Hung et de sa puissance. Il vole déjà au secours des opprimés et des femmes en danger au péril de sa jeune vie. Mais ici c'est lui qui est chargé de l'aspect comique du film, sans doute à cause de son jeune age qui s'y prête plus. Il cabotine et se moque de ses adversaires lors des combats, et se moquent d'eux lorsque c'est son père qui les affronte. Le propre frère du réalisateur est la pour lui prêter main forte (il joue l'officier un peu balourd mais gentil au fond, un genre de sergent Garcia si l'on veut continuer à comparer ce film à Zorro) dans le comique burlesque.
Les combats je l'ai dit sont bien sur le clou du spectacle, et l'on a ici droit à certains des affrontements les plus réussis de cette décennie (avec ceux de Il Etait une fois en Chine), même s'ils ne sont pas très réalistes ils sont vraiment très bien chorégraphiés et mis en scènes avec une variété de style et de situation qui permet au spectateur de ne jamais s'ennuyer et de toujours être impressionné par la virtuosité martiale des deux acteurs. La dernière scène, sur des poteaux enflammés est un modèle de duel final dont beaucoup devrait s'inspirer. Donnie Yen prouve qu'il n'est pas qu'un remplaçant de Jet Li et on comprend pourquoi Yuen Woo Ping en a fait l'un de ses acteurs fétiches depuis la moitié des années 80.
Iron Monkey est donc un pur divertissement, un chef d’œuvre du kung fu pian que peu pourront critiquer sur ses qualités martiales. Un grand classique, peut être le plus réussi des films du réalisateurs.
Carcharoth
Un petit combat du film...