An Empress and the Warriors (Kingdom of war / Jiang shan mei ren), Ching Siu Tung, 2008
An Empress and the Warriors (Kingdom of war / Jiang shan mei ren), Ching Siu Tung, 2008
Trois ans avant de réaliser The Sorcerer and the White Snake avec Jet Li, Ching Siu-tung s'attaquait à Kingdom of War avec Donnie Yen (et Kelly Chen!), un Wu Xia d'un tout autre genre. Ceux qui lisent depuis plus d'un mois les articles de ce blog savent que je n'ai que très moyennement apprécié la dernière production du réalisateur. C'est donc avec une légère appréhension (et, notez le, une grande mansuétude à l'égard d'un réalisateur qui m'a déjà déçu! ahahah) que j'ai commencé à regarder ce film dont le casting et le synopsis étaient tout de même alléchant. Jugez plutôt : Donnie Yen et Kelly Chen, mais aussi Leon Lai ; une période historique troublée à souhait, des complots dans tous les recoins de palais, des batailles épiques et une romance entre un ancien guerrier repentit et une impératrice en manque d'autorité.
D'emblée An Empress and the Warriors prouve qu'il est de meilleure facture que le dernier opus cité plus haut (Sorcerer and...). Moins d'images numériques, combats plus efficaces, avec de nombreux protagonistes, une situation passionnante à la Gladiator, un empire en guerre permanente et des généraux qui ont du mal à plier le genou face à une impératrice. Le film a donc tout pour être un grand Wu xia, d'autant que Donnie Yen prouve dès la première scène qu'il est en forme. Ses fans pourront d'ailleurs regretter qu'il ne tienne pas un rôle réellement central dans l'histoire, ou du moins qu'il le partage avec deux autres protagonistes. Car si on pense au début être lancé dans un film de chevalerie et de sabre de grande envergure, on déchante assez vite en constatant la longueur de la scène centrale où l'impératrice (Kelly Chen) est recueillie par Duan Lanquan (Leon Lai) et se fait soigner par celui ci, qui lui enseigne sa philosophie de vie érémitique et fait naître en elle pour la première fois les germes de l'amour. Ces scènes sont d'une grandes poésie, ce sont de longues séquences romantiques où l'on découvre la pudeur de la jeune femme et son caractère encore bien puéril. Pendant ce temps au palais les complots grondent et les jeux de pouvoir font rage pour remplacer la jeune dirigeante qui rentre juste à temps pour reprendre la guerre. Mais ce petit épisode paisible et retiré des joutes du monde politique l'ont séduite, au moins autant que son sauveur et elle décide d'y retourner pour toujours... Mais entre son amour et son devoir envers son peuple, elle devra choisir.
Et c'est en fait la le véritable thème du film, plus que les combats, les guerres et les complots. Ching Siu-tung livre en fait un film réfléchi, un wu xia sage, pacifiste même à certain égards puisque l'impératrice souhaite amener la paix et faire cesser les combats incessants entre les Dix Royaumes. Et les combats qu'on attendait tant sont donc au final assez peu nombreux, même si on a droit à une lutte terrible de Donnie Yen contre une armée, à quelques belles poursuites et batailles, elles ne constituent pas le cœur du film.
Et c'est le défaut, à mon sens, du film qui a le cul entre deux chaises, entre deux genre. Le wu xia, violent et guerrier et la romance. Ou encore le film d'intrigue (L'Empereur et l'Assassin de Chen Kaige en est un exemple réussi), qui n'est pas assez développé ici par manque de place. Trois films en un c'est en effet très dur !
On a donc un peu l'impression que Ching Siu-tung n'a pas su choisir et a du coup un peu gâché un scénario qui avait pourtant du potentiel, sans parler du casting ! Il réalise un bon divertissement avec une réflexion intéressante et pour une fois loin de tout nationalisme et esprit guerrier. Malheureusement pour lui il ne comblera pas les aficionados du wu xia pur et dur, pas plus que les fans de romance à l'eau de rose.
Au final un divertissement très correct en armure avec jolie romance, mais qu'on aura sans doute oublié dans quelques années...
Carcharoth