Ip Man 2, le retour du grand maître, Wilson Yip, 2010
Ip Man 2 : le retour du maitre, Wilson Yip, HK, 2010
Ip Man 2 est la suite logique et chronologique d'Ip man. Après avoir suivi le maitre dans son combat contre l'occupation japonaise durant la seconde guerre mondiale, le voici à l'action face aux anglais à Hong-kong. Un manière de rappeler qu'après une occupation un morceau de Chine en a connu une autre. En effet les anglais ont dirigés Hong-Kong durant 99 ans. La manière était certes bien différente de celle des japonais, mais il n'en demeurent pas moins que cette concession était gérée par des occidentaux.
Le film m'a agréablement surpris, tant après la lecture du résumé et le visionnage du premier opus je m'attendais à un discours ultra nationaliste et anti-occidental primaire. Il n'en est rien et ce second volume se clôt plutôt sur une note de tolérance, d'ouverture et d'humour (le petit Bruce Lee avec ses tics caractéristiques vient quémander l'enseignement du maître!). Il se décompose en gros en deux parties. Tout d'abords l'implantation de Ip Man à Hong-Kong, puis son combat contre l'arrogant champion du monde anglais du boxe. Il ne faut pas oublier que le personnage incarné par Donnie Yen vient de Foshan et doit faire ses preuves dans sa nouvelle ville où personne ne le connait et où l'enseignement du kung fu est très réglementé et s'apparente aux triades (mafias), elles mêmes sous la coupe de la police anglaise. Il lui faut donc affronter les maîtres locaux avant d'ouvrir une école officielle. Puis, après la mort de l'un d'eux face aux champion anglais, il défie cet arrogant guerrier pour lui apprendre l'humilité et la tolérance.
Si l'on ne ressent pas la même gène que pendant le premier opus, on ressent tout de même une certaine condescendance dans les propos de Wilson Yip. Le boxeur anglais est une grosse brute, ignorante et sans cervelle, tout juste bon à cogner sur des « jaunes » tandis que Ip man est un athlète philosophe, humble, bon père de famille et généreux. Je veux bien qu'on ne demande pas aux boxeurs de sortir de Cambridge, mais tout de même... En tous cas si le XV de France rencontre celui de la rose je préconiserais un petit stage de wing chun aux hommes de Liévremont. Vous l'avez compris, et déjà deviné depuis longtemps, le champion de la perfide Albion se fait à la fin terrasser par la sagesse chinoise (puisque Donnie Yen lui assène la lecture de Lao Tseu, Lie Tseu et Tchouang Tseu. Non je déconne, il lui défonce le crâne à coup de poings, faut pas non plus pousser, c'est un film de baston !). Le film est donc surtout intéressant pour ses combats, nombreux et très bien filmés / chorégraphiés, ainsi que pour l'apport qu'il représente dans la représentation cinématographique de la vie de Ip Man (j’attends beaucoup pour ma part du biopic de Wong Kar Wai). Le film fait ainsi la liaison entre Wong Fei Hung, Ip Man et Bruce Lee, créant ainsi une certaine continuité généalogique entre les grandes stars chinoise de kung fu. Ainsi (surtout ?) qu'entre les films les concernant.
Donnie Yen et les acteurs plus secondaires sont bons, voire très bons, Sammo Hung est impressionnant de charisme même s'il paraît un peu trop bedonnant pour un grand maître de kung fu. Le fond sonore lui aussi est très efficace même s'il est quasi identique à celui du premier volume.
Un film pour les amateurs de kung fu et d'affrontement entre les différents style d'art martial.
Carcharoth