Infernal Affairs 2, la naissance d'un légende.

Publié le par Nostalgic-du-cool

Infernal Affairs II, Andy Lau et Alan Mak, 2003, HK

 

Infernal Affairs 2, la naissance d’une légende.

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 “Evil prevails. The Good die young”

 Vieux proverbe Chinois.

 

 “Tout finit toujours par se payer”

 ... Disait souvent mon père.

 

  « Les femmes ne sont pas compliquées. Elles sont prêtes à tout. »




 

 

Infernal Affairs, deuxième du nom, n’est pas une suite. C’est une préquelle. Réalisée avec les mêmes acteurs et dans la foulée du premier opus, ce « commencement » chronologique de la trilogie (dont le troisième volet se situe après les épisodes contés dans Infernal Affairs) maintenant célébrissime puisque reprise par Scorsese avec Di Caprio et Damon, se situe presque au même niveau que le film précédent, sortit un an auparavant. Ce n’est pas en effet un ajout marketing ou un film motivé par la réussite financière du volet central. L’idée est selon les réalisateurs née pendant le tournage de Infernal Affairs, et les acteurs étant partant, le tournage des volets antérieur et postérieur au scénario de base à été fait dans la foulée, avant même de savoir si le film allait marcher ou pas. D’ou la proximité des dates de sortie. Vous l’avez compris, voir cette trilogie cette année (puisque le coffret dvd vient de sortir) fera le plus grand bien à beaucoup d’entre nous qui sommes frustrés par ce que certains ont appelés la « malédiction des troisièmes volets », puisque ceux-ci sont réussis !

 Afin de vous en convaincre, et surtout en espérant vous donner envie de les voir (par n’importe quel moyen que ce soit, la fin les justifie !) en, pour une fois, ne révélant pas tout le suspense, et donc par la même occasion en raccourcissant significativement la longueur du résumé et de l’article... Enfin je dis ça, je n’ai pas encore commencé à taper. Allons-y...



 Kwun est le grand chef des triades, le boss des Ngai, le clan le plus puissant de Honk-hong. Nous sommes en 1991, six ans avant la rétrocession de la concession à la chine. Un soir, un homme pénètre dans son domicile et l’abat sous les yeux de ses hommes et de sa famille. La police, avertie, se tient sur la qui-vive, prête à stopper d’éventuels combats de gang. Mais rien ne se passe. Peut de temps après, les quatre barons qui travaillent sous la protection du clan Ngai se réunissent, autour d’un bon repas, pour discuter affaire. Comptant tirer profit de la mort « du vieux singe » (Oncle Kwun), ils décident de ne plus payer Hao Ngai, le fils qui a reprit la main. Mais celui-ci se montre bien plus à l’aise que les mafieux ne l’avaient prévu, et les fait tous craquer un par un, les obligeant à payer leur taxe en les faisant chanter… Ce sont ensuite les policiers, qui ont veillés toute la nuit pour rien, qui viennent prendre la température du « milieu ». Après un accrochage maîtrisé par l’arrivé de Sam (Eric Tsang), un autre baron de la drogue, qui est aussi un « ami » du commissaire de la ville, tout le monde rentre chez soi… On rentre ensuite dans le vif du sujet, la partie du film qui se rattache directement à la suite : L’intégration parallèle d’un agent de police auprès des Ngai et d’un membre des Triades dans les forces de police. Le véritable policier infiltré n’est autre que le frère du nouveau chef de gang, Hao, ce qui n’est pas sans rappeler la fameuse méthode dite de « la lettre » d’E.A. Poe. Quand à la taupe chez les flics, ce n’est qu’un vulgaire homme de la triade. L’un réussit les concours d’entrée dans la brigade, et arrête pas mal de voyous sans importance grâce à l’appui de ses chefs, qui les lui livre. Le second va en prison, pour montrer patte blanche aux triades, et ne tarde pas à être désigné comme bras droit de son frère.

Mais, tout se paie dans le milieu, et les responsables du meurtre du parrain, se croyant à l’abri au bout de quatre ans, sont en fait au beau milieu de la toile machiavélique de nouveau patron… Ce que vont aussi découvrir les policiers, qui croyait enfin tenir Hao. Le piège se referme, les double-jeu prennent de plus en plus de risques, la guerre des gangs est proche…


***



 Après cette mise en bouche que j’espère salivante, quelques remarques sur le film, qui seront –je le craint- bien moins longues et intéressantes que d’habitude. En effet sans révéler trop de chose, il est dur de parler en profondeur de ce film… D’ailleurs, remarque préalable à ceux qui n’auraient pas encore vu le premier, je leur conseille de visionner la trilogie dans cet ordre : 2, 1, 3. Et oui, car 2+1=3. Non sans rire, il est bien plus intéressant de suivre l’ordre de l’histoire que celui des dates de tournage, car plusieurs situations qui ont un potentiel suspensif assez important perdent toute tension si on a vu la suite, et si l’on sait donc qui sera encore vivant, et qui mourra… Amis qui avaient achetés le 1 et pas les autres, ne vous mordez pas les doigts, et faites chauffer la carte bleue ou la bande passante cette nuit…




 Donc, pour moi qui ait fait la connerie de voir la fin avant le début, et bien le suspense était un peu gâché. Mais de toutes façon, Nostalgic peut en témoigner, j’ai une méthode de visionnage des films assez étrange, qui me fait souvent voir la fin d’une situation avant son début, c'est-à-dire qu’avant de voir le film d’une traite en entier, j’ai l’habitude de « zapper », de regarder quelques scènes par-ci par-la pour me faire une idée du film… Donc voir la fin et, ne plus me tordre nerveusement comme un vers sur mon siège pendant le film ne me dérange nullement, je ne le regarde pas QUE pour ça, mais aussi et surtout pour les émotions, l’histoire qui avance, la façon dont ça avance, les moyens employés par les réalisateurs pour faire évoluer l’histoire d’un point à un autre, les circonvolutions choisies, etc… (Vous avez remarqué ? Comme je n’ai pas grand-chose à dire, je raconte ma vie !). Donc, ne désespérez pas, et voyez si vous en avez l’occasion cette préquelle très réussie. Voila, je viens de tuer le suspense et de livrer le verdict final dès le début, mais pas grave, au moins ceux qui sont déjà excédés par les digressions peuvent s’arrêter et aller voir la choses. Pour ceux qui veulent un peu plus d’argumentation, c’est par la que ça se trouve.

 On va commencer avec la réalisation. Pour ceux qui ont lu l’article sur Initial D, vous savez tout le bien que je pense du duo Lau / Mak, compères inséparables, qui réalisent ensemble, à l’instar des frères Cohen, des films inoubliables. La trilogie Infernal Affairs (IA par la suite, à ne pas confondre avec le truc de Spielberg…) en fait partie.




Tout est bon niveau réalisation dans ce film. Un peu comme dans « A bittersweet life », il ne se passe pas grand-chose au début, surtout quand on s’attend plus ou moins à un rythme équivalent à celui du I. En fait non, c’est bien plus lent pour la première partie, plus posé, mais aussi intéressant. Il se passe en effet des choses, comme la mort du boss, la succession, les tribulations de Sam et des quatre barons, les stratagèmes de Hao, les différentes histoires des deux taupes, etc… Mais rien de rapide, de tendu, ce n’est pas « les infiltrés » (qui pourtant emprunte son début à ce film, mais en la rendant bien plus tonique), c’est Honk-hong. Lent en apparence, mais très bien orchestré, avec des chassés croisés, des retournements de situation terrible mais qui sont filmés calmement, ce qui rajoute encore à la panique du spectateur qui est un peu paumé, et n’est pas guidé comme dans le film de Scorsese, par la nervosité de la réalisation, mais seulement par la musique et les dialogues (qui d’ailleurs rendant très mal en français, et enlève donc au charme du film), chantant ce qu’ils ne disent pas. Certains plans sont sublimes, souvent assez sobres et avares d’effets voyants, ils n’en demeurent pas moins redoutablement puissant et sur de leur effet sur le spectateur.





Idem pour les dialogues, ce n’est pas un film qui parle beaucoup. Du coté triade, c’est un peu un style que l’on adopte, être sobre et  concis étant une marque de puissance. Du coté policier, pas énormément de communication non plus, du moins pas durant les scènes filmés. Les protagonistes se connaissent très bien, se considèrent comme des frères et en tant que tel n’ont pas non plus besoin de longues phrases pour se faire comprendre. Mais encore une fois, c’est efficient.

 De la réalisation, passons naturellement (pour ceux qui n’en serait pas convaincus, voir l’article de Yass concernant l’imbrication musique-réalisation) à la musique, qui comme je l’ai déjà évoqué, est un des medium principal du suspense et de l’émotivité de certaine scène. Nihil nove sub sole aurait dit l’Ecclésiaste. Et bien non, rien de neuf, mais du bon. Et le bon, même s’il est ancien, le reste. En gros, encore une fois, pas de bouleversement dans l’univers du film, la musique vient souligner les émotions des personnages, nous aider à les ressentir, des marches funèbres pour les morts, etc. Du classique, mais du puissant, du bon, du lourd. Quelques compositions du même auteur que pour les autres volets de la trilogie viennent s’ajouter aux morceaux plus classiques.



Une autre raison de voir le film ?


 Maintenant, les acteurs. Ce sont les mêmes que lors d’IA 1, et ils sont aussi bon. Eux je serais tenté d’en rester la, bon c’est tout ce qu’il y a à dire. Juste aussi peut être, profond, pas trop expressif, mais suffisamment, etc… Mais il y a Eric Tsang, qui survole littéralement le reste des acteurs, par ses mimiques, ses airs de gai luron qui cache un homme sensible et dur, cruel mais fidèle. Il m’a bien sur fait pensé, et je ne suis pas le premier, à un Joe Pesci chinois, par sa taille réduite, son physique qui n’est pas celui d’un Rambo, mais les airs de tueurs terrible qu’il peut prendre une seconde après avoir paru être un clown, un homme gentil et doux. Et comme c’est lui qu’on retrouve dans l’épisode central… ben c’est bien, car il est vraiment bon !




 Bien, puisqu’on était « sur » Joe Pesci, autant enchaîner tout de suite avec le rapprochement tout aussi inévitable que le précédent : Seul, IA était un simple film sur les triades et leur lutte contre les forces de l’ordre avant et après la rétrocession. En trilogie, il fait inévitablement penser aux trois « Parrains ». Pas à cause de l’histoire d’infiltration, mais pour l’approche que donne ces deux œuvres du milieu, Hongkongais d’un coté, italo-américain de l’autre. Et puis cette préquelle n’appuyant pas beaucoup sur l’infiltration taupinière, elle se rapproche beaucoup de l’ambiance très sombre (de nombreuses scènes nocturnes, des réunions de famille avec l’avocat qui rappelle celles du parrain avec Ed Harris et Al Padecheznous… euh Pacino !) de la trilogie de Coppola, sans oublier les nombreux « divorces à l’italienne » présents dans les deux trilogies, ainsi que l’histoire de « frère-traitre ». Enfin, même si on e peut pas pousser la comparaison très loin, je la trouvais bonne à évoquer.




 Bon, et bien je crois que ça y est, il ne me reste plus qu’a conclure en disant que ce film, bien qu’un ton en dessous de sa suite logique ne déçoit pas et permet de garder un niveau homogène dans la trilogie. Son scénario, un peu moins étoffé que celui d’IA 1, tient très bien la route et se suffit presque à lui-même. Les acteurs sont toujours aussi convaincants, notamment E. Tsang, l’atmosphère du film agréable, et la réalisation soignée. Du bon cinéma, divertissant, intéressant, à ne pas rater.

 

Carcharoth



Publié dans Chine et HK

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K
bon mais pas meiux que le 1
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V
Tres bon article et tres bon film d'ailleurs !
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Y
ouki, je suis ton conseil
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C
Non voit le, j'ai mis trois étoiles pour marquer la différence avec les deux autres qui sont au dessus selon moi...
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Y
J'ai une petite preference pour le 1er, du pt de vue scenario surtout. Par contre j'ai jamais vu le troisieme et donc j'ai pas finit de lire l'article le concernant mais vu que tu ne lui a donner que 3etoiles, j'hesite un peu. Je devrai pas?
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