Histoire de fantômes chinois (A chinese ghost story / Sien nui yau wan), Ching Siu Tung, 1987

Publié le par asiaphilie

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Histoire de fantômes chinois (HFC) est un film de Ching Siu Tung produit par Tsui Hark, dont on se demande d'ailleurs pourquoi il ne l'a pas réalisé lui même tant il s'est impliqué dans le projet cet a dicté son esthétique et sa façon de faire au réalisateur crédité au générique. Inspiré d'un film de la Shaw Brothers (Enchanting Shadow, 1960) lui même tiré d'un roman de Pu Songling (écrivain de la période Qing), HFC est un long métrage fantastico-horrifico-romantique qui a remporté le pari perdu trois ans plus tôt par Love with a ghost in Lushan (Fang Pao, 1984), c'est à dire rencontrer un succès public et critique en adaptant cette vieille légende. Il faut dire que l'adaptation est très libre et que seules les idées de départ sont reprises pour broder par dessus quelque chose d'un peu plus vendeur sans doute (je n'ai pas lu le bouquin!).

 

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A cette époque, Tsui Hark, après quelques succès fonde sa propre maison de production (Film Workshop) et doit réussir ses coups. Il produit donc quelques films prometteurs (le Syndicat du Crime) afin de remplir les caisses et d'assurer son indépendance. HFC est par exemple encore co-produit avec Cinema City Film, les anciens « patrons » du réalisateur.

 

L'histoire est assez simple : une jeune homme tombe amoureux d'une jeune femme rencontrée un soir, au bord d'un lac dans un pavillon très romantique. Mais il comprend bien vite grâce à Yin, un combattant taoïste que cette femme est un fantôme au service d'un démon millénaire mangeur d'hommes.

 

Chinese-Ghost-Story-Joey-WongAmour contrarié, lutte entre bien et mal, humour, fantastique et un zeste d'horreur, tels sont les ingrédients de ce classique du nouveau cinéma chinois. Les effets spéciaux étaient à l'époque révolutionnaire, ils le sont bien sur beaucoup moins aujourd'hui mais la mise en scène et le dynamisme des combats sont eux toujours aussi impressionnants et louables. L'histoire d'amour est touchante, juste assez kitsch et mièvre pour faire sourire et les acteurs s'en donnent à cœur joie dans le cabotinage. L'aspect comique et souvent ironique de certaines scènes ne doit pas être oublié car il contrebalance l'horreur et le fantastique de personnages parfois bien inquiétant. La scène dans la baignoire est un modèle du genre, tellement convenu et aux grosses ficelles qu'on ne peut s'empêcher d'en rire. N'oublions pas non plus de rappeler les quelques chansons qui émaillent A Chinese ghost Story et lui donne un ton bien plus romantique que terrifique.

Les fans de Ring ne devront d'ailleurs pas chercher ici un équivalent chinois du célèbre film de fantôme nippon, car dans les légendes chinoises les morts ne sont pas aussi terrifiants que la jeune femme sortant de la télé de Nakata. Ils semblent bien plus normaux et si le Taoïste les poursuit ce n'est pas par haine, c'est simplement pour préserver le statu quo, l'équilibre entre les deux mondes (vivant et mort).

Il y aurait énormément de chose à dire sur les acteurs, la direction, l'esthétique si particulière du film, mais ce sera l'objet d'articles futurs et plus généraux. Pour résumer cette histoire de fantômes chinois, disons que c'est un savant mélange d'action ultra vitaminée, de romance à l'eau de rose et d'humour chinois et que l'alchimie prend parfaitement, encore aujourd'hui, et ce malgré le vieillissement inévitable des effets... A voir !

 

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Carcharoth

Publié dans Chine et HK

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