Happiness of the Katakuris, comédie musicale hallucinée de Takashi Miike.

Publié le par Nostalgic-du-cool

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The happiness of the Katakuris (Katakuri-ke no kôfuku), Takashi Miike, Japon, 2002 .

 

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A Anna ...


 The Happiness of the Katakuri est un film de Takashi Miike que je comptais, avant de le voir, réservé pour le cycle japonais lancé par Wildgrounds, mais que je ne peux m’empêcher de commenter et de publier aujourd’hui afin de vous en faire profiter (enfin pour ceux qui liront plus que l’introduction). Il s’agit comme toujours avec ce réalisateur d’un film qu’on a du mal à classer, à ranger dans un tirroir. Comédie musicale, familiale, film d’horreur, de zombie, délire en chanson, bref, film de fou comme le dit très bien J.P. Dionnet. Je dirais même plus film de malade, de barjot, de taré, d’allumé, de fou dans sa tête et d’imbécile heureux.

 Le fou filmant mérite décidemment bien son surnom ! Amis du classicisme, de l’académisme et du bon goût passez votre chemin ! Au programme, un grand père qui chasse le corbeau à la buche, une mère qui tombe trop facilement amoureuse, un faux membre de la famille royale anglais, des acteurs en pate à modeler, des parodies de chansons populaires japonaises et… un karaoké ! Ce divertissement tant apprécié des japonais, oui, le karaokè, kitsch à souhait, niais autant qu’il le peut.


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Le résumé sera bref et inutile, puisque le film est indescriptible et je tromperais encore plus le lecteur en voulant détailler les choses. Je reste donc vague volontairement, laissant votre imagination (dé)bridée faire le reste : La famille Katakuri est composée d’un couple, de leurs deux enfant, de leur petite fille, d’un chien et d’un grand père. Ils ont retapé une villa dans un coin perdu des montagnes japonaises, comptant sur le passage prochain d’une grande route pour ouvrir des chambres d’hôtes. En attendant, les seuls qui y dorment meurent, et sont aussi sec entérrés prêt du lac pour ne pas ternir la future réputation de la pension. Parallèlement, la jeune femme tombe amoureuse d’un militaire anglo-japonais…


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*

 

 

 L’histoire est racontée par la benjamine de la famille, la toute jeune enfant de Shizue (Naomi Nishida), sur le ton de la chronique familiale. Et en fait, s’en est bien une. Complètement déjantée, parfois chantée, mais toujours agréable. Ce film est en fait un remake que Miike s’est vu proposer par son producteur, que l’original avait séduit, et que vous connaissez aussi peut être si vous surveillez les sorties coréennes : il s’agit de Quiet Family de Kim Jee-woon (2 sœurs, bittersweet life et bientôt The good, the bad and the weird), sortit en 1998, qui n’avait connu au Japon qu’un demi-succés. Le film de Miike ne fait pas mieux, mais transfigure le film, retourne son genre comme un gant et en change quelque peu le sens et la fin. On passe en effet d’un film noir à une comédie musicale faisant l’apologie d’une famille unie et soudée. On a rarement vu une telle débauche de folie dans un film. L’absurde est omniprésent, tout comme l’humour, le kitsch et la franche dérision, ce qui donne un aspect acidulé au film, un peu sucré et vraiment très gai. Ce qui renforce encore cet aspect, c’est le patchwork cinématographique qu’il est. Les scènes « normales » s’intercallent entre des épisodes en animations, un karaoké, des chansons, des rêves…

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Miike n’hésite pas, il a une idée bien précise de ce qu’il veut, et va à fond dans sa voie. Elle est dure à suivre, il faut s’y être préparé, aimer le loufoque et la liberté légendaire de ce réalisateur. Je parlé du court métrage « Rage » dans mon précédent article, et bien ce film ci m’a refait pensé à un autre court que j’avais vu durant la même séance, et dont j’avais parlé ici : Complètement délirant, il racontait les aventures d’une famille coréenne partie pic-niquer en campagne. Le thème du départ de la ville vers la bucolique et reposante campagne est la aussi présent, ainsi que celui de la famille unie face à l’adversité. Ces deux éléments constituent même pour le père de famille la recette du bonheur. Miike analyse d’ailleurs son film comme une tentative de montrer ce qui est pour lui une famille réussie, comme on en fait plus. Bien loin de tomber dans la nostalgie, il se tourne, comme le dit une des chansons, vers l’avenir, laissant le passé la ou il doit aller, dans les souvenirs, et profite du temps laissé aux faibles humains pour rire et chanter. De ce coté la, le film est une réussite, on parcourt le métrage le sourire aux lèvre, (sans pour autant rire franchement) et avec une envie de chanter presque irréprésible à chaque chanson, plus encore pendant le karaoké (si seulement il n’était pas en japonais…).


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Ce film, malgré les zombies, les meurtres, le glauque, c’est un pur bonheur. Certaines choses sont incompréhensibles, du moins paraissent absurdes dans le film, comme la scène d’introduction, réalisé en animation pate à modeler (mais si vous savez, à la Wallace et Grommit), qui montre un petit anger, perdu dans une assiette de soupe, qui arrache la luette d’une femme, s’envole, se fait happer par un corbeau qui lui-même trépasse sous les coups d’un sac vivant, etc… jusqu’à ce que le corbeau finissent pas tomber, heurté par une buche adroitement lancée par le grand père Katakuris. Jamais on ne parlera plus de cet ange, mais…

 Et puis il y a la fin, qui vaut bien celle de Dead or Alive I, avec une explosion de volcan…

 

 L’absurde est omniprésent, les chansons en font partit, tant on comprend mal pourquoi ce ton kitsh vient s’intercaller dans une situation qui porrait être dramatique ou horrifique. Ce décalage constant, qui pourrait être involontaire et handicapant chez d’autre est pour Miike un style de mise en scène, une technique novatrice, une révolution dans l’image pour jouer avec les émotions du spectateurs et le plonger dans le quotidien de cette famille si banale après tout.


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 C’est peut être parce qu’il a su s’entourer de grands acteurs, ayant une expérience de la chanson : Kenji Sawada est une rock star japonaise depuis les années 70, il avait fondé un groupe après le passage des Beattles au Japon. Il n’a pas arrêter de chanter et d’avoir du succés depuis. Il en va de même pour Keiko Matsuzaka, actrice très people, qui alterne séries TV et films. Les deux plus jeunes acteurs (Shinji Takeda et Naomi Nishida) sont un peu moins connus mais commencent à percer dans le monde du cinéma. Le grand père et quant à lui incarner par une légende vivante, j’ai nommé Tetsuro Tamba, qui a tourné avec Kobayashi, Fukasaku, Gosha tout au long d’une carrière qui compte plus de 210 films.

 

 Miike prouve plus que jamais l’incroyable vitalité de son cinéma, sa capacité à enchainer les films et à changer de registre, à s’adapter à merveille à tous, à les renouveller, à apporter quelque chose partout ou il passe, à dynamiter les conventions et les frontières entre les genres. D’aucun le considéreront comme « dégénéré », moi je l’aime pour sa liberté et ses délires assumés, et qui ne sont pas que des prétextes à tourné n’importe quoi. Peu ont osé mêler comédie musicale et film de zombie. Moins ont réussis. Aucun n’y avait ajouté l’histoire d’une famille heureuse et soudée, dans une ambiance bucolique et fraîche, qui accompagne son patriarche avec joie dans la mort, comme il l’avait souhaité. La mort, cet évènement si banal et quotidien*, pourtant tabou (et encore plus au Japon qu’ailleurs) et redouté, est ici montré comme il devrait l’être. Au lieu de se lamenter sur la disparition d’un des leur, la famille se réjouit de sa longue et belle vie, et fait tout pour profiter de chaque instant, pour ne rien regretté. Il est mort le sourire aux lèvre, entouré des siens après un longue existence bien remplie.


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Qu’ajouter, sinon qu’il faut le voir, qu’il faut en rire, qu’il faut aimer ce kitsch et ces envolés poétiques comme ses scènes gores et ses chansons à l’eau de rose, fleurant bon les années 80-90, qu’il faut suivre Miike dans son délire, même si s’accorcher aux wagons du petit train qui tourne dans sa tête sera ardu, l’effort en vaut la chandelle. Miike est un fou, un fou filmant, un fou chantant aussi désormais…



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 Carcharoth.

 


* Voir à ce sujet Jankélévitch, La mort.



Publié dans Japon

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