Où comment l’Asie ridiculise le film de course hollywoodien.

Publié le par Nostalgic-du-cool

Initial D, 2005, Wai Keung Lau / Siu Fai Mak. (Tau man ji D).

 

 

Réalisé par les deux compères Lau / Mak, coupables de la trilogie Infernal Affairs (dont on ne saurait trop rappeler qu’elle à inspiré très largement le « Departed » de Scorsese) et de quelques autres films efficaces, Initial D, comme son nom l’indique, est un film de course de caisses. D pour drift. Film réalisé par des Hongkongais, tiré d’un manga archi populaire de Shuichi Shinego (donc un japonais, peuple à priori assez peu porté à "s'allier" avec les chinois... Souvenez vous de la mandchourie...), lui-même porté à l’écran sous la forme d’anime.

 

 

Si ce titre marche si bien, c’est bien sur grâce à ses indéniables qualités graphiques et à son histoire relativement bien conçue, mais surtout parce que le drift est un sport très populaire au Japon (Pour preuve je ne citerai que le dernier opus de la nanarissme trilogie Fast and Furious, qui s’intitule comme chacun le sait, « Tokyo Drift »). Assez « borderline », underground, illégal car souvent pratiqué sur des routes publiques et assez dangereux, le drift n’en est pas moins « à la mode », et s’exporte assez bien dans de nombreux pays occidentaux. (Je suis ainsi tombé sur de nombreux sites de fan, pratiquant la discipline principalement sur circuit, et pour qui le manga, la série et le film sont culte. Le champion international (un japonais bien sur !) de la discipline est une personnalité reconnue et adulée dans son pays et à travers le monde des fans.) Dictionnairement parlant, il s’agit d’une technique consistant à faire perdre aux roues arrières leurs adhérence afin de mieux négocié les virages, soit en donnant un coup de frein à main, soit en accélérant brutalement, soit en rétrogradant afin de faire monter les tours et faire patiner les roues, comme dans un « burn », mais à haute vitesse. Elle nécessite une grande maîtrise de la trajectoire, un bon dosage du freinage et de la contre accélération et surtout du contre braquage. La discipline est née au Japon, dans les années 80, dans les villes adossées à des montagnes, et dont les routes étaient très sinueuses. Toute une génération s’est petit à petit mise à faire des courses illégales en pleine nuit dans ces descentes en lacets. Comme on le voit dans le film, elle (la discipline) est pratiquée par des voitures assez petites, très puissantes, avec beaucoup de couple et assez légères.

 

 

 Après ces explications un peu techniques, qui feront chier les amateurs (qui seront gentils de m’indiquer les erreurs et bourdes qui doivent être nombreuses, étant donné ma connaissance de la science voituristique : pour exemple, je conduit une corsa deuxième génération. Terrible n’est ce pas ? Oui je sais faut créer une association de soutient, mais je vous en prie, ne pleurez pas… ;) et qui n’intéresseront pas les cinéphiles sédentaires et marcheurs, passons à un résumé de l’histoire.

 

 Takumi Fujiwara (Jay Chou) est le fils d’un fabricant de tofu. Depuis qu’il a 13 ans, et à cause des hémorroïdes de son père, il s’occupe des livraisons. Il arpente donc tous les soirs ou presque les routes du mont Akina au volant de la AE86 de son père.

 

 

Un soir, il tombe sur une pilote de drift, et le bat à plate couture. Ce dernier croit alors être tombé sur le « dieu du mont Akina », appellation dans laquelle se drape un ami de Takumi, dont le père tient la station service du coin, et qui se croit invincible alors qu’il est aussi rapide qu’une tortue et conduit comme s’il avait des pinces de crabes à la place des mains… Aussi est ce lui qui est défié par le pilote battu, qui n’est autre que Takeshi Nakazato (Shawn Yue), qui arpente le pays afin de battre tous les grands noms du drift, suite à un défi lancé par son ami Ryousuke Takahashi (Edison Chen), autre très bon pilote amateur. Au bout de deux virage, le jeune Itsuki (Chapman To), montre toutes les limites de son ronflant titre de « dieu du mont Akina » en ratant un virage et en bousillant sa voiture. Nakazato est cependant encore battu par la mystérieuse AE 86, et revient s’enquérir à la station du nom de son adversaire fantôme. Le patron pense alors à son vieil ami, pilote de renom en son temps, Bunta Fujiwara, le père de Takumi… c’est donc vers lui que se tourne les envies de défis des deux amis, qui rêvent de défier ce pilote devenu légendaire après son retrait des courses. Mais ce dernier niant tout, ne disant rien sur son fils, ils restent dans l’expectative, et s’apprêtent à ridiculiser malgré eux une nouvelle fois Itsuki, qui ne démord pas.

 

 

 Parallèlement aux courses de voitures, on voit naître entre Takumi et Natsuki, une jeune lycéenne entretenue par un mystérieux « parrain » un début d’idylle. Pour concrétiser, le jeune homme qui fait un peu nerd, à besoin de la voiture de son paterne pour emmener la jeune file à la plage, mais le père profite de cette position pour le faire chanter, et l’obliger à drifter le soir même, afin de « sauver » l’honneur de son ami le dieu… Ne résistant pas à la promesse du nouveau maillot sexy de Natsuki, il fonce au sommet du mont Akina et prend la place d’Itsuki, battant pour la troisième fois Takeshi Nakazato sous les yeux de son compère. En rentrant chez eux, le lendemain, après une séance d’entraînement d’Itsuki, ils croisent le premier des grands méchants ! Il a des dreads, un blouson de cuir avec des clous sur les épaules, un bandana et « Impulsive » marqué sur son dos. Il ne quitte jamais un petit air narquois, et se moque ouvertement de la voiture du jeune homme. Après les avoir heurté, et fait faire un tête à queue au décidément pas doués Itsuki, il s’arrête et les insulte. Takumi, piqué à vif, en bon héros, prend le volant, et explose littéralement la voiture pourtant bien plus récente et puissante de son adversaire. Il se rend compte le lendemain que ce n’était pas sa voiture qu’il conduisait mais celle –non réglée pour la course- d’Itsuki, et qu’il a malgré cela fait jeu égal avec un pilote professionnel…

 

 

 La vie suit néanmoins son cours, il sort avec Natsuki qui l’embrasse enfin, et continue ses livraisons de tofu… Au cours de l’une d’elle, il croise le pilote qu’il a battu ainsi que le chef de son « écurie », le meilleur pilote de la région, qui sont venus pour se venger. La course se lance. On croit que le scénario va se répéter, il va –comme toujours- faire l’intérieur à ses voitures trop lourdes qui laissent une porte ouverte à leur droit dans les virages, et accélérer en se servant de la rigole pour se stabiliser. Mais non, un héros n’est un bon héros que si le sort s’abat sur lui, afin qu’il se révèle vraiment et sorte grandit de l’épreuve. Et en effet, au moment ou il semble en mesure de dépasser ses adversaires, le moteur lâche, après des années de bons et loyaux services.

 Comme je le disais, devant l’épreuve un héros se relève, persévère, et finit par gagner, en se surpassant. Ici, c’est son père qui l’aide. Il change le moteur de la voiture pour un nouveau, plus puissant, plus rapide, et apprend quelques ficelles à son fils. Sa prise en main de la voiture est rapide, et le voila prêt à relever le nouveau défi des « emperor », la team de ses deux « bourreaux ». Sauf que cette fois ci, ils sont trois. Kyouichi, Ryousuke et lui. Dès le départ, c’est le terrible pilote pro au blouson de cuir et au bandana blanc (les deux méchants ont un bandana, l’un bleu, l’autre blanc !) qui prend la tête. Il résiste bien dans les premiers virages, mais dans une épingle un peu serrée, il est obligé de se déporter et se fait doubler par les deux voitures par la droite. Piqué au vif il accélère, trop, et sort de la piste. Voila donc les deux rivaux sur la route, enchaînant les virages. Ryousuke, qui a étudié la tactique de Takumi parvient à le dépasser à quelques encablures de l’arrivée, et croit avoir course gagnée. Mais les deux derniers virages sont les plus serrés de la course, et les pneus de la puissante voiture sont usés en fin de descente, alors que la AE86 à encore de la réserve sous le capot. A l’avant dernier virage, Takumi utilise le turbo (11 000 tours !) et dépasse son adversaire, remportant la victoire. Pour parachever l’happy end, le jeune homme se réconcilie avec sa copine, qu’il avait surpris au bras de son « parrain » en lui pardonnant cet erreur dont sa mère dépendait financièrement, et accepte la proposition de Ryousuke en entrant dans sa nouvelle équipe de pilote.

 

 

 Et voila. Je me suis permis de tout raconter car il n’y a réellement jamais de suspense pour qui connaît un minimum les ficelles du film d’actions et le parcours du héros. Elles sont même données au début du film par le jeune Itsuke qui déclame à tout bout de champs : « Un dieu, c’est un homme qui est capable de faire des choses que les autres ne peuvent pas faire ». Ainsi, dès le début, on sait que le jeune Takumi deviendra pilote, et battra tous ses opposants, malgré une opposition de pure forme au début. Une fois qu’on sait cela, on peut se concentrer sur les éléments principaux du film, c'est-à-dire l’action, le bruit des moteurs, les roues qui crissent, et l’idylle du héros avec la jolie fille du lyçée. Coté scénario, ça va aller vite, vous n’aurez pas des milliers de mots à lire, c’est inspiré d’un manga. Juste inspiré. On reprend les personnages, on en modifie quelques un à l’arrière plan pour concentrer les éléments de plusieurs issus de l’anime, on évoques des choses que la série développe (par exemple les courses du père, ou l’image des pistons qui s’emballent qui est directement reprise de l’anime), on en amalgame plusieurs, enfin en gros on s’arrange pour que sa colle à peu prés, mais on reste créatif au niveau du scénario. Ca n’a pas du plaire aux fans puristes, mais pour ceux qui passent par la et veulent voir un film de bagnole, c’est parfait. Pas de complot alambiqué, ni de rebondissement final, de tête à queue scénaristique ou de freinage brutal dans l’intrigue. Juste un fil (une route, un circuit devrais-je dire) simple à suivre, que l’on ne lâche jamais, si ce n’est pour voir de temps en temps Takumi et Natsuki ensemble, et encore leur relations dépendent des courses et inversement. Un pur film de voiture donc, au sens littéral du mot, avec une jolie fille. C’est d’ailleurs la seule chose que l’on regrette des films US, où les blondes, brunes, russes, brésiliennes à forte poitrine sont légions ! Résumer le film reviendrais à dire cela : Course / amis / fille/ course / méchants / course problème / amis / course.

 

 

 

 En gros c’est un film très efficace, réalisé magnifiquement par une équipe mi-japonaise mi-chinoise (d’ailleurs le générique met en permanent parallèle les deux équipes, sans doute pour ne pas faire de jaloux, qui s’écrieraient : « regardez ces chinois qui nous volent nos mangas ! »). Les plans sont superbe, on se croirait parfais dans un bon vieux Need for Speed, les courses sont filmé avec une virtuosité déroutante, on se croirait vraiment avec eux, surtout si vous rajoutez à cela une piste son à couper le souffle par son réalisme et sa puissance. C’est avec ce genre de film que l’on regrette de ne pas avoir de 5.1 avec un gros caisson de basses ! Je ne suis pas spécialiste en bruits de voiture, mais ils me semblent très bien fait dans le film, en parfait accord avec les situations, dosés à merveille avec des musiques qui accompagnent. Car qui dit voiture dit techno et rap. Techno japonaise ok, par contre le rap… un peu plus nouveau, mais finalement c’est pas mal, ça colle bien on va dire, même si je n’irais pas jusqu'à écouter la BO en boucle, comme on peut le faire avec celles de Tarantino ou d’autres réalisateurs. Courses parfaitement mises en scène donc. Malgré la nuit permanente, la photo est superbe, et se rapproche parfois de la numérisation par le grain de l’image et la colorisation. Une sorte de mixe entre anime et film donc, même si cela penche bien plus vers le dernier coté, et pas vers une sorte de « sin city » ou de « 300 ». Bon pour finir avec le son, comme vous vous en doutez, la VF est pourrie : les méchants on des voix de gays, le héro celle d’un adolescent pré pubère, et la pauvre Natsuki d’un gourde finie… Heureusement il n’y a pas trop de dialogues !

 

 

 Voila, un film qui diffère en tout de celui présenté dans l’article précédent, et qu’il vaut mieux voir après « l’arc » qu’avant… Sous peine d’avoir l’impression de tout voir au ralentit pendant le Kim Ki-Duk ! Très bien monté, tourné, on ne peut malheureusement en dire autant pour le jeu. Autant les acteurs sont bons dans les courses, autant lors de LA scène ou le héros doit est triste/colère, il sur joue et n’est pas crédible. Mais après tout, ce n’est pas bien grave, ça ne dure pas, il se reprend vite, et garde une certaine fraîcheur dans son jeu qui n’est pas déplaisante, surtout qu’a priori on ne regarde pas ce film pour voir des rôles de composition et de grandes performances d’acteurs. Je le conseille donc à tous, car il est réussi, pas prise de tête, sans prétention mais bien meilleur que les grosses productions selon moi, et puis c’est aussi l’occasion de voir une collaboration sino-japonaise, chose assez rare même dans les films. On peut regretter la présence d’un vrai méchant, car les pseudos-punk ne sont pas terrifiant, mais bon… Les scènes de courses étant électrisantes, on pardonne beaucoup au film, qui nous prouve une fois de plus qu’Hong kong est bien une des meilleures productrices de films d’actions, la meilleure d’Asie en tous cas. Ce n’est pas pour rien que les japonais leurs ont vendu les droit d’adaptation de ce manga culte…

 

 

Carcharoth



Publié dans Chine et HK

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F
Ce film est pas mal mais il ne vaut pas fats and furious tokio drift, les secnes de course sont moins bien faites dans initial d
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