The Bride with White Hair (Bai fa mo nu zhuan), Ronny Yu, 1993

Publié le par asiaphilie

jianghu

 

 

Inspiré d'un roman feuilleton à succès (publié entre 57 et 58), the Bride whith White Hair (littéralement la mariée aux cheveux blancs) est un film de Ronny Yu. Cinéaste formé à l'école occidentale il assoit sa réputation dans les années 80-90 avec un style proche de ses contemporains comme Tsui Hark. On lui doit quelques films policiers, comiques ou d'aventures ainsi que plus récemment des métrages horrifiques. En 1982 était sorti un film intitulé Wolf Devil Woman, déjà basé sur la même histoire et qui avait beaucoup marqué le Ronny Yu. Il obtient de la Mandarin film le budget nécessaire à la réalisation en contrepartie de la garantie qu'une suite sera possible et tournée dans l'année.

S'il veut tourner une nouvelle fois sur ce sujet, c'est que Yu a une vision bien précise de l'histoire qui diffère sensiblement de la première version. C'est d’ailleurs la le principal intérêt du film. Le réalisateur déclara à la sortie du film que l'aspect Roméo et Juliette, le lutte des protagonistes contre le destin et leurs devoirs l'avaient plus inspiré que celui -plus classique- des luttes martiales et politiques aussi très présent dans l’œuvre originale. Le thème de base, en plus de l'histoire d'amour romantique est aussi en effet la disparition possible de la culture « orthodoxe » de la Chine, de sa tradition et de sa dynastie « pure ». les mandchous sont en effet sur le point de renverser les Qing. Mais plus que cet arrière fond guerrier et culturel, Ronny Yu va mettre en avant les éléments sentimentaux, amoureux sans doutes plus universels. Il faut dire qu'il a dans sa manche deux fabuleux acteurs pour incarner ses héros : Leslie Cheung et Brigitte Lin qui forment un couple de toute beauté au service d'un scénario créé pour le magnifier.

 

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L'histoire débute alors que l'empereur Qing est mourant et que les frontières sont menacées par les armées mandchous. Une délégation est envoyée pour cherché les pétales d'une rose au pouvoir curateur surpuissant. Mais celle ci est gardée par Zhuo Yi Hang (Leslie Cheung) qui la réserve à la femme qui hante son cœur depuis dix ans. Il massacre en un tour de poignets les hérauts de l'empereur et se replonge dans ses souvenirs... La véritable histoire commence et l'on suit l'enfance et la vie de jeune adulte de notre héros. Il est l'élève favori (et le plus doué) du maître de l'école Wu Tang (la plus puissante des huit écoles traditionnelles chinoises) qui le destine à sa succession. Mais le jeune homme ne veut pas de cette responsabilité, tiraillé entre ses valeurs, pures et généreuses et les compromis à réaliser lorsqu'on dirige ce genre d'institution. Les évènements vont le forcer à faire des choix. Mais ses prises de décisions à chaque fois trop tardives vont conduire sa vie vers la tragédie. Il devra affronter le clan du Culte Suprême tout en aimant Lien Ni Chang alors que celle ci est l'arme, la tueuse dressée par la fratrie siamoise qui dirige le clan. Protéger son aimée, obéir à son clan, la sauver de l'amour morbide du chef du culte Suprême ou aider le Wu Tang à survivre. Il sera toujours trop lent, trop indécis et verra son amour le fuir à cause de lui et de son manque de confiance, il verra son clan détruit ce qui le poussera à se retirer et à garder dix ans durant la rose qui permettrait à sa femme aux cheveux blancs de revivre normalement.

 

Comme je l'ai dit dès l'introduction de cet article, le film a un petit air de Roméo et Juliette chinois avec deux êtres que tout oppose et qui évidemment vont s'aimer puis se déchirer et se retrouver séparés à cause de leurs positions sociales dans leurs familles respectives. Il y a en plus matières à de nombreux combats puisque les « familles » en présence ici sont des clans d'art martiaux. Il y a basiquement le bien contre le mal, les gardiens de la tradition contre les étrangers, les barbares avec un plus une histoire de vengeance vieille comme le monde et pour brouiller les lignes une histoire d'amour interdit qui vient gommer l'aspect manichéen de la situation.

 

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Le scénario est donc bien équilibré, habile, suffisamment fin et complexe pour ne pas trop sombrer dans la prévisibilité de la comédie romantique. On parcourt un peu tous les thèmes classique du genre avec en plus quelques combats superbes et hauts en couleurs. Magnifiques aussi sont les décors mis en place dans le film. Le budget a été très intelligemment réparti et Ronny Yu réalise la un film de grand standing qui peut compter sur une équipe et une histoire solides. Sa mise en scène profite très bien de tous les atouts dont il dispose et il peut se permettre à peu prêt tout ce qu'il souhaite. Le maelström d'image happe littéralement le spectateur lors des combats, le montage est toujours très dynamique et les éléments du scénario s'enchaînent à une vitesse folle, laissant à peine le temps de bien assimiler les différents éléments qui se superposent, complexifiant petit à petit l'histoire.

Il ne faut d'ailleurs pas s'endormir si l'ont veut tout comprendre tant tout s'enchaîne rapidement, un peu trop peut être même. On est très loin d'un film contemplatif donc et les scènes romantiques sont aussi rythmées que celles d'affrontements qui n'ont rien à apprendre aux éléments narratifs du film.

 

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Bref, on ne s'ennuie pas une seconde, et la suite promet encore beaucoup tant à la fin de cet épisode les choses restent en suspend et inachevées malgré le rythme fou du déroulement de l'histoire. Ronny Yu a des idées, tant pour la réalisation (très originale à l'époque, survoltée à souhait) que pour la modification des scénarios de classiques chinois.

 

 

Carcharoth 

Publié dans Chine et HK

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L
C'est véritablement un des chef-d’œuvre du cinéma hongkongais ... de l'émerveillement à l'état pur.<br /> <br /> Les décors et la photographie sont d'une recherche esthétique incroyable, les acteurs sont crédibles et charismatiques, l'histoire quoi que simple est prenante et permet de rentrer dans cette belle<br /> histoire d'amour contrariée, les scènes de combat son toutes efficaces avec de jolies prises de vue et la musique est l'une des plus belle que j'ai entendu. Seul bémol le côté trop kitsch des<br /> jumeaux mais bon ce n'est qu'un détail qui ne gâche en rien la vision de cette œuvre.<br /> <br /> Tout simplement un incontournable.
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