« Sparrow » de Johnnie To : « Il est libre To, y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler !»:

Publié le par Nostalgic-du-cool

Voila à nouveau une critique d'Ichimonji sur le dernier Johnnie To que ni Carcharoth ni moi n'avons eu l'occasion de voir (peut être est ce du au fait qu'il soit diffusé dans 7 salles en France...). Si jamais c'est le cas nous viendront peut être ajouter nos avis en attendant nous exposons non sans une certaine frustration la critique d'Ishimonji, Enjoy !

 

 

 Alors que nous nous enfonçons chacun petit à petit dans cette période si délicieuse et salutaire que sont les vacances d'été, le cinéaste hongkongais et ultra-prolifique Johnnie To nous offre le plaisir de sortir en plus une petite comédie romantique et policière, Sparrow ou « Un moineau et quatre pickpockets », dont le parfum de légèreté et de douce liberté nous ouvre quelque peu l'horizon, au-delà des terribles épreuves de fin d'année et autre BAC...

 Après une longue parenthèse violente et inquiétante (le diptyque « Election », « PTU »…) et quelques expérimentations plus ou moins réussis (« Exilé », le projet en commun avec Ringo Lam et Tsui Hark « Triangle » et enfin « Mad Detective »), le cinéaste retourne à un genre qu'il avait laissé de coté depuis un certain temps avec « Yesterday once more » (datant de 2004) : la comédie romantique. Cependant, « Sparrow » semble se détacher de ses prédécesseurs car il se situe en fait à mis chemin de la comédie, et du polar « tout public » type « The mission », « Exilé » ou « Breaking News », faisant ainsi du film un nouveau terrain d'exploration pour le réalisateur et d'expérimentations farfelues dont il a le précieux secret...tout ça pour notre plus grand plaisir ! 

 Pour commencer, un bref synopsis du film s'impose : « Sparrow » raconte l'histoire de Kei, un habile pickpocket et chef d'une petite bande de quatre garnements qui vivent en détroussant les passants de quelques billets. Alors qu'un jour Kei déambule à bicyclette dans les rues de Hong Kong en prenant des photos, il aperçoit dans son objectif une magnifique et mystérieuse jeune femme, Sun Lei, qui semble en fuite...

 Cette dernière va alors croiser et séduire tour à tour les compagnons de Kei (lors de scènes aussi drolatiques et jubilatoires les unes que les autres) et va les manipuler tour à tour pour une raison des plus mystérieuse...

 Voilà pour la petite histoire. Cependant, je tiens à insister sur le fait que le scénario est tout de même le point noir majeur du film, celui-ci étant vraiment trop léger pour convaincre, et reposant finalement sur une intrigue beaucoup trop simpliste, peu inspirée, et qui tarde à se mettre en place. Feignantise ou manque d'inspiration ? Un peu des deux sans doute, mais sachez que la mise en scène, le jeu des acteurs, et les nombreux gags rattrapent aisément cette petite lacune scénaristique pour nous servir au final un véritable spectacle cinématographique des plus savoureux et des plus enthousiasmant.

 Ce qui séduit beaucoup chez ce « Sparrow », c'est bien entendu cette atmosphère originale, innocente et légère, appuyée par la photographie élégante et assez épurée de Cheng Siu Keung, et plus particulièrement, par la musique composée par les musiciens français Xavier Jamaux et Fred Avril, tout deux issus de la scène électro, qui ont su créer une bande son des plus enlevée, douce, enfantine et éléguante, mélange des musiques des grandes comédies de l'âge d'or d'Hollywood et d'instruments asiatiques. Il faut saluer cette association qui a donné lieu à une bande originale jazzy et vraiment appréciable, en parfaite adéquation avec le film de Johnnie To.

 Coté mise en scène, le suspense est bien mince, car on est, encore une fois, subjugué par la puissance stylistique et créatrice de To, qui nous rappelle bien que c'est LUI le grand maître du néo-polar made in Hong-Kong (l'analogie n'est d'ailleurs pas innocente puisque Johnnie To filme en fait ses comédies comme des gun-fights, donnant un dynamisme incroyable au comique, et une vrai jubilation). En effet, il est incroyable de voir qu'à chaque film, encore une fois, il arrive à se renouveler et à offrir des expériences vraiment différentes, sans jamais refaire quatre fois la même chose. Ainsi, « Sparrow » démontre encore très bien la grande palette artistique de Johnnie To, à travers ses plans magnifiques de Hong-Kong (dont il donne des visages très différents à travers ces rues, ruelles et buildings immenses) et, bien sûr, à travers son final subjuguant de virtuosité (mais cette fois ci, pas de balles et de corps virevoltants dans les airs et mourant dans des nuages de sang splendides !).

 Bref, pour résumer Johnnie en a encore sous le coude.


 Enfin, pour finir, le film se veut un vibrant hommage aux comédies et comédies musicales des années 50 et de l'âge d'or hollywoodien. En effet, rien qu'à voir Simon Yam en costume blanc et un parapluie à la main, il est impossible de ne pas penser aux légendaires Fred Astaire et Charlie Chaplin. Il en va de même pour le final, espèce de ballet éblouissant et rythmé, parapluies en main et gouttes d'eau virevoltant dans tous les sens. Vous pourrez admirer l'artiste vous-même.

 Voilà, donc mes bons amis, si vous êtes dépressifs dans cette période de début de troisième guerre mondiale et de crise internationale, et bien venez décompresser et vous évader dans les rues de Hong-Kong, magique, au coté de ces personnages, libres comme l'air, moineaux d'un auteur plus que jamais libre lui aussi, qui prend son pied derrière la caméra, et qui nous donne du bonheur par la même occasion -chose rare aujourd'hui, oui- donc, respect maître To.

 

 Ichimonji




Publié dans Chine et HK

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I
Oui, voilà, pour résumer ça donne ce que tu viens de dire très justement !
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M
Sparrow, une récréation rafraichisante où l'on sort<br /> de bonne humeur!
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