Song Kang-Ho l'allure d'un beautiful loser mais surtout l'étoffe d'un beautiful actor !

Publié le par Nostalgic-du-cool

                        Il était temps que le blog consacre un article à l'un des plus talentueux et des plus prometteurs acteurs du monde asiatique j'ai nommé le fabuleux Song Kang-Ho. Il est en train de devenir un incontournable dans le cinéma coréen et il a déjà collaboré avec les plus prestigieux réalisateurs de la péninsule de Park Chan-Wook, à Bong Joon-Ho en passant par Kim Jee-Woon ( Deux Soeurs, A Bittesweet life...) et Kang Je-Gyu le maître du cinéma d'action coréen. C'est un acteur très polyvalent capable de jouer dans tous les registres avec la même intensité, que ce soit dans un drame, une comédie ou même dans un film d'action, sa présence à l'écran est toujours aussi forte. C'est un de mes acteurs préférés et pour moi c'est le meilleur acteur coréen actuel (légèrement devant l'excellent Choi Min-Sik).

(Photo du centre : Song Kang-Ho recevant le prix du meilleur acteur au Asian Film Awards)

        

                    Né le 17 janvier 1967 à KyungNam (ou Gimhae cela dépend des sources) en Corée du sud Song Kang-Ho ne se prédestinait pas du tout à une carrière dans le cinéma, il n'a d'ailleurs jamais reçu de formation particulière au métier d'acteur. Après avoir obtenu son diplôme à la Kimhae High School, il rejoint une troupe de théâtre qui se fonde sur l'improvisation, le jeu instinctif, c'est donc directement sur les planches et non dans un cours qu'il se forme au métier, il fait sa première scène en 1991 avec la pièce Dongseung. Au début il déclinait toujours les propositions de films et ce malgré de nombreuses sollicitations. Puis il accepte enfin un rôle en 1996 pour se faire un petit extra, un petit supplément en parallèle de sa carrière au théâtre et joue dans le film Le Jour Ou Le Cochon Est Tombé Dans le Puit de Hong Sang-Soo. Ainsi on constate qu'il a vraiment débuté par hasard au cinéma, avec une motivation assez particulière puisque simplement financière voire alimentaire, on est bien loin du cliché de l'acteur dévoré d'ambition prêt à tout pour percer. D'ailleurs on constate qu'il arrive sur le tard dans le monde du cinéma car pour sa première apparition à l'écran il est déjà âgé de 29 ans. Cependant à partir de là Song Kang-Ho semble avoir enfin été contaminé par le virus du cinéma (heureusement pour nous !!). En effet dés 1997 il apparaît dans trois films dont Green Fish et surtout No. 3 une comédie sur les gangsters avec Choi Min-Sik, ce film va apporter une certaine notoriété à Song Kang-Ho puisqu'il va obtenir sa première récompense avec le prix du meilleur espoir masculin au Blue Dragon Awards (un festival coréen).

               

            Un an plus tard il retrouve Choi Min-Sik pour A Quiet family, un film d'horreur, premier long métrage de Kim Jee-Woon déjà évoqué plus haut, ainsi sont réunies à leur début de carrière, trois futures figures majeures du cinéma coréen. Ce film a d'ailleurs fait l'objet d'un remake déjanté : La Mélodie du Malheur,  réalisé par le "fou filmant" japonais Takashi Miike sous forme de comédie musicale. Song Kang-Ho commence ainsi à se tailler une place dans le monde du cinéma, mais c'est en 1999 qu'il va connaitre la célébrité. En effet il est retenu pour tenir l'un des rôles principaux dans le film d'action/espionnage Shiri de Kang Je-Gyu (Réalisateur de Frères de Sang) il joue Lee un agent secret, le partenaire de Yu, le personnage principal interprété par Han Suk-Kyu. Il retrouve encore Choi Min-Sik qui campe le rôle d'un terroriste nord coréen. Pour la première fois Song Kang-Ho tient le haut de l'affiche, certes il n'a pas le rôle principal mais son personnage tient une place majeure car c'est le coéquipier du "héros". Le film emporte un énorme succès explosant le box office avec 6,5 millions de spectateurs, c'est la plus grande audience jamais réunie en Corée, le film obtient aussi un immense succès dans le reste de la région (Japon, Hong Kong...). Les acteurs du film sont propulsés au rang de stars, tout le monde en Corée les connait, ils sont désormais tous très en vue. Pourtant je pense que Shiri n'est pas le meilleur film dans lequel Song Kang-Ho ait joué et ce n'est sûrement pas sa meilleure prestation, il faut dire que le personnage de Lee sorte de super agent est trop lisse pour un acteur aussi dense, cependant l'acteur est plus que convaincant et son personnage n'est pas aussi creux que le héros moyen de blockbusters américains. Pour moi la véritable année de sa consécration est l'an 2000 où il peut enfin donner toute la mesure de son immense talent.

(Photo de gauche Song Kang-Ho dans Foul King et à droite Song Kang-Ho immobilisant Lee Byung-Hun dans Joint security Area)

                 C'est en 2000 que Song Kang-Ho obtient enfin un premier rôle avec le film Foul King de Kim Jee-Woon, une comédie acide et dejantée où un petit employé de bureau se défoule grâce au catch. Song Kang-Ho est excellent dans ce rôle de petit loser maladroit et étourdi, brimé par son patron comme par son père, incapable d'avouer ses sentiments à sa collègue dont il est follement amoureux. Il va se libèrer, se dévoiler par le catch. L'acteur crève littéralement l'écran, réussissant à jouer dans tous les registres et permet par la sincerité de son jeu à ce que le film ne sombre jamais dans le grotesque. Il est en fait très difficile de s'imaginer le film sans l'acteur, on peut même objectivement penser que sans lui la qualité de cette comédie aurait été moindre car il a parfaitement su cerner son personnage et son potentiel burlesque. D'ailleurs les spectateurs ne s'y sont pas trompés et Foul King a obtenu un franc succès au box-office coréen, le public adorant l'acteur. Ensuite, il rencontre Park Chan-Wook qui lui offre, ce qui pour moi sera le plus beau rôle de Song Kang-Ho, avec le personnage du sergent Oh dans Joint security Area. Il y joue le rôle d'un soldat nord coréen posté à la frontière entre les deux Corée et se retrouve placé à quelques mètres seulement du poste d'observation sud-coréen. Malgré le casting royal avec Lee Byung-Hun, Lee Yeong-Ae, Shin Ha-Kyun qui livrent tous d'excellentes prestations, Song Kang-Ho est au dessus du lot et nous éblouit avec une interprétation sublime, simple, pleine de pudeur et de sincérité, avec une charge émotionnelle incroyable. L'acteur réussit à donner à son personnnage une dimension dramatique inouië : d'habitude je suis un spectateur peu émotif mais là l'acteur dégage une telle intensité, une telle humanité dans le sens noble du terme, qu'il a réussi à me mettre les larmes aux yeux. Il faut dire qu'il a été assisté par un scénario excellent et par un réalisateur grandiose qui en un film réussit à résumer tout le drame et l'absurdité du conflit entre les deux Corée. Le film est couronné de succès, en particulier au niveau critique, il sera très bien accueilli dans les festivals avec de nombreuses recompenses et Song Kang-Ho recevra Le Lotus Du Meilleur Acteur au Festival du film asiatique de Deauville, aussi le Prix du meilleur Acteur au Grand Bell Awards (l'équivalent des Oscars en Corée du Sud) et le prix du meilleur Acteur au Pusan Film Critics Awards.

       (Song Kang-Ho et Shin Ha-Kyun dans Sympathy For Mr. Vengeance de Park Chan-Wook )

         L'acteur prolonge sa collaboration avec Park Chan-Wook puisqu'en 2002 il tient l'un des rôles principaux de son nouveau film : Sympathy For Mr. Vengeance, le premier volet de la trilogie de la Vengeance. Il y campe le rôle de Dongjin un père dont la fillette va mourir dans un enlévement. Encore une fois l'acteur est impressionant dans ce rôle de père vengeur dévoré par la douleur de la perte et par la haine qu'il voue aux ravisseurs. C'est la première fois qu'il a un rôle aussi sombre, aussi noir mais cela ne l'empêcha pas de livre une prestation extraordinaire à la fois terrible et émouvante, ou bourreau et victime, il donne toute la complexité et la subtilité à son personnage. Son interprétation nous prend aux tripes, alors que d'habitude il est expressif il adopte pour le besoin du film une allure impassible avec un visage fermé peu expressif rendant son personnage imperméable, brouillant ainsi le spectateur qui ne sait plus s'il doit le soutenir ou le détester. Il enchaîne avec YMCA Baseball Team de Kim Hyeon-Seok une grosse production sur la première équipe coréenne de base-ball, c'est un film peu connu qui n'a certainement pas du dépasser les frontières du pays.

Song Kang-Ho, Kim Sang-Kyun (à droite sur la photo de gauche) et Kim Loi-Ha dans Memories of Murder de Bong Joon-Ho.

          2003 est encore une bonne année pour Song Kang-Ho, il rencontre Bong Joon-Ho qui en deux films seulement a réussi à devenir l'un des réalisateurs majeurs en Corée. Ce dernier lui propose un rôle dans Memories of Murder son premier film, une intrigue policière consacrée à la traque du premier tueur en série coréen. L'acteur tient, comme à son habitude désormais, un rôle majeur si ce n'est carrément le rôle principal, avec le personnage du détective Park. Il retrouve un rôle de loser avec ce policier maladroit et illogique, totalement à côté de la plaque avec ses raisonnements absurdes et ses intuitions délirantes. Son personnage aux méthodes bêtes et brutales est souvent tourné en ridicule, c'est la carricature du petit inspecteur de campagne incompétent, ignorant tout des techniques scientifiques, mais persuadé de l'effficacité de son travail expéditif et souvent irréfléchi. Song Kang-Ho va encore être excellent (mais vous l'aviez déjà deviné n'est ce pas?) c'est sur lui que repose tout l'aspect comique du film, il prouve encore une fois qu'il excelle dans le burlesque et l'absurde. Il donne de l'épaisseur à son personnage montrant que derrière la carapace de flic suffisant et incompétent se cache un brave type souhaitant sincèrement coincer le tueur. L'acteur réussit à jongler entre les différents genres, les différents styles, tantôt violent, tantôt ridicule ou pathétique tantôt émouvant et sincère et au final grâce à la finesse de son jeu on découvre que son personnage s'avère beaucoup plus riche et profond qu'il n'y parait aux premiers abords. Bref encore une fois il crève l'écran par sa présence. Le film connait lui aussi un gros succès récoltant pas mal de récompenses, Song Kang-Ho quant à lui obtient pour la seconde fois le prix du meilleur acteur au Grand Bell Awards. Il continue avec deux films qui ont eu des sorties plus que discrètes en Europe, en 2004 il tient d'abord le rôle principal dans The President's Barber, film qui suit, à travers les yeux d'un barbier (Song Kang-Ho) et de sa famille 40 ans d'histoire coréenne. Puis en 2005 il joue dans Antartic Journal, un thriller psychologique se déroulant sur la banquise. La même année il apparait en tant que guest star dans Lady Vengeance, il y joue un petit malfaiteur minable qui tente d'agresser Guem Ja.

              Enfin en 2006 il retrouve Bong Joon-Ho qui lui offre le premier rôle dans son nouveau film The Host. Ce renouveau du film de monstre donne encore un rôle de choix à l'acteur qui doit y incarner un père de famille raté, encore un loser qui va se comporter en héros pour sauver sa fille. Encore une fois sa prestation est excellente, d'ailleurs je commence à tomber en panne de qualificatifs et d'hyperboles pour le décrire, je dirais simplement qu'il est remarquable de justesse et de sincérité dans son rôle de père dépassé par les évènements. Comme toujours il a une présence, un charisme impressionnant qui fait de toutes ses apparitions à l'écran de véritables instants de bonheur. Le film remporte encore un immense succès (13 millions d'entrées en Corée devenant le nouveau record en terme d'audience) le phénomène dépasse largement les frontières et reçoit un très bon accueil à l'étranger. La notoriété de l'acteur a énormément augmenté grâce à ce film, le révélant enfin largement au public occidental. Désormais tout le monde reconnait le visage rond et sympathique de Song Kang-Ho. Le film fait un malheur dans les festivals, l'acteur a encore reçu le prix du meilleur acteur au Grand Bell Awards et il a obtenu aussi le prix du meilleur acteur lors de la première du festival Asian Film Awards (festival récompensant le cinéma asiatique à travers 10 catégories). L'acteur qui était déjà au sommet de son art est desormais au sommet de la gloire, c'est un incontournable et il a déjà plusieurs projets en cours comme le très attendu Secret Sunshine presenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2007. Il est aussi prévu pour 2008 le très prometteur The Good the Bad and the Weird, le dernier film de Kim Jee-Woon, un hommage au western spaghetti et vous l'aurez deviné Song Kang-Ho jouera the weird, c'est à dire le bizarre. Bref il nous reserve encore de quoi bien saliver.

 

Photo de droite Song Kang-Ho avec Jeon Do-Yeon dans Secret Sunshine.

                          Song Kang-Ho a su en peu de temps s'imposer comme une figure majeure du cinéma asiatique associé à la plupart des grands succès de ces dernières années.  Malgré son air penaud et maladroit, malgré son physique peu athlétique, sa tête ronde et une sorte de strabisme aux yeux, bref un physionomie qui aura du le cantonner au second rôle du copain sympa seulement dés qu'il est à l'ecran il explose, il éblouit, on ne voit que lui et finalement ce physique qui aura du le condamner lui donne de la gueule. A croire que le strabisme est la marque du génie car comme lui de grands artistes souffrent de cette malformation on peut penser à Thom Yorke le Chanteur/compositeur du groupe Radiohead ou au très bon Forest Whitaker. L'acteur a su se dégager de son image d'antihéros, qu'il interprète d'ailleurs à merveille, pour se glisser dans toutes les peaux : du militaire, au père ivre de vengeance en passant par le catcheur (il a d'ailleurs effectué toutes les cascades durant les matchs). Mais pour moi Song Kang-Ho, l'homme et non l'acteur reste un eternel anti-héros un beautiful loser, un perdant magnifique qui montre qu'on n'a pas besoin d'être dans les rails bien lisses et codifiés de nos sociétés aseptisées pour crever l'écran, pour être grand. Je remercie les acteurs comme lui d'exister pour nous rappeller que finalement seul le talent compte, c'est une leçon qu'on a souvent tendance a délaissé au profit de l'emballage, de l'apparence.

              Nostalgic Du Cool



Publié dans Acteurs

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C
scotché tout le long, donc oui !
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M
Blah blah. <br /> J'ai hâte de lire ce que vous allez en dire en tous cas, j'espère que lui vous rendrez justice à lui et à la scène incroyable de course poursuite dans le désert qu'on lui doit entièrement. Quelqu'un d'autre est resté scotché pendant ce moment là du film?
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C
Tient j'y avais pas pensé, on va mettre ça, l'affiche en bannière... le bon sera flouté lool, ou sous la bannnière d'allociné ! na !
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M
Mais qu'est ce que je lis, tss tout un debat ici sur mon Amour sans que je sois au courant. Oui je suis seule avec mon Bon, mais il est la merveille du film, cherchez pas.<br /> D'ailleurs je propose que la bannière du blog tout en haut soit remplacée par une photo de lui.
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A
Tu veux dire que le cinglé est politiquement correct? Quelle tristesse!
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