Shaolin martial art, Train hard and revenge !
Shaolin martial art (Hong quan yu yong chun), Chang Cheh, Hong Kong, 1974 .
Me re-voici avec la tétralogie de Chang Cheh sur Shaolin, et encore une fois dans le désordre. Après avoir parlé de Shaolin Temple, dernier opus de la saga, voici que joffre à vos yeux esbaudis le troisième et ante pénultième film. Comme je lavais dit dans larticle sur Shaolin Temple, le sens chronologique nest pas respecté, et nous nous situons donc après la destruction du temple, qui est lobjet du dernier métrage de la tétralogie. Ici, nous sommes en pleine « diaspora shaolin », et les quelques survivant tentent de perpétuer le kung fu du monastère en créant des écoles et en formant des élèves. Mais le pouvoir Mandchou, toujours lui, ne lentend pas de cette oreille et sattaque encore et encore aux derniers survivants.
Ainsi lors dune cérémonie dans un temple auxquels les membres de lécole ont conviés les autorités Quing, une démonstration de vouge dégénère et un étudiant de lécole est tué. Dans le même temps, agacé que ses hommes se fassent battre par les élèves de ladite école, le chef de la milice mandchou fait appel à deux redoutables spécialistes venus du nord. Ceux-ci ne tardent pas à passer à laction et décime lécole, sauf quatre survivant, qui se réfugient chez leur maître. Deux sont ensuite envoyés vers des maîtres shaolin pour y apprendre des techniques susceptibles de percer les défenses des nouvelles recrues mandchoues. Mais ceux-ci, trop pressés, sen vont sans avoir atteint le paroxysme de leur art, et se font battre puis tuer par les deux experts en Qigong. Juste après, et une fois les deux derniers élèves partis à leur tour vers des maîtres différents, larmée ennemie attaque la demeure du maître et il se suicide devant eux « les hommes de shaolin ne se rendent pas ! ». Après des mois dexercices (dont nous auront loccasion de reparler !), les deux jeunes élèves sont la satisfaction de leur maître respectifs. Ils se retrouvent donc, disent adieu à leur dulcinée et sen vont vers la caserne des mandchous, prêt à venger leurs frères et leur maître
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Ce film sinscrit donc dans la pure lignée des « train hard and revenge », puisquon assiste à deux séries de durs entraînements et à plusieurs tentatives de vengeance. Il prend aussi sa place dans la très longue liste de film parlant des survivants shaolin perpétuant la tradition malgré tout sous le joug des mandchous. Enfin, et comme la plupart des films de la tétralogie Shaolin de Chang Cheh,
il a servit de source dinspiration plus ou moins heureuse à bon nombre de metteur en scène.
Kuang Ni, Chang Cheh et Liu Chia Liang (dont cest lun des derniers films en temps que chorégraphe des combats pour le réalisateur) ont vus leurs idées reproduites, caricaturées, mises à toutes les sauces par tous leurs successeurs et quelques fans outre atlantique : je pense notamment à Quentin Tarantino, dont il devient de plus en plus manifeste quil a vu cette tétralogie et la remâché à sa sauce comme il sait si bien le faire. Plus proche du film, Liu Chia Liang lorsquil réalisera quelques années plus tard Les Exécuteurs de Shaolin -sur le même thème dailleurs- reprendra aussi à travers le moine Pai Mei le figure du tueur froid au Qigong indestructible, mais vaincu par la combinaison des styles combinés du Tigre puis de la Grue. Ce « méchant » utilisant dans les deux films la même technique pour tuer (Gordon Liu ici et Kuan Tai Chen dans les exécuteurs de shaolin.) en bloquant le pied de son adversaire dans son entrejambe mystérieusement « vidée ». On pourra à ce propos comparer les deux styles des réalisateurs : La ou Liu Chia Liang explique pourquoi et comment il faut faire pour latteindre et le blesser, Chang Cheh se contente de montrer le combat et son issue. Bien, voila pour quelques poursuiveurs de la
tâche de Cheh.
A présent intéresseront nous à la substance du film : le scénario est simple, comme je lai dit il suit le schéma classique du héros qui perd son maître ou ses amis (ou les deux !), qui part sentraîner nuit et jour auprès dun vieux sage puis revient pour se venger. Scénario classique, ok. Dans le traitement, cest classique aussi, Chang Cheh nest pas un grand innovateur ou créateur : il se « contente » (on aimerait que tous les réalisateurs se contentent ainsi !) de filmer au mieux ses scènes et de diriger comme il se doit ses acteurs. Ceux-ci sont les même que dans Shaolin Temple, à quelques stars prêt (Ti Lung, David Chiang, ). De vedette il ne reste « plus que » Fu Sheng et Wang Wei Lung, sans oublier Gordon Liu et son frère Liu Chia Yung, entre autres Et puis il ne faut pas non plus laisser de coté la gent féminine, invisible dans le Shaolin Temple (essayez un peu de faire entrée une femme chez des bouddhistes !) et représenter ici par Chan Yi Ling et Lisa Yuen, les deux amies de Sheng Fu et Chi Kuan Chun qui apportent un touche
dhumour (et de douceur, ah les rires féminins au cinéma, toute une histoire ) dans le film.
Daucun datent dailleurs de ce film la naissance de la Kung-fu comedy, alors que jaurais plutôt envie de la placer 2 ou 4 ans plus tard avec respectivement The spiritual Boxer (Liu Chia Liang, tient, tient..) et surtout Snake In The Eagles Shadow (Yuen Woo Ping). Mais laissons la les querelles de délimitation de périodes, jamais closes, et signalons juste quen effet, on note ici (pour la première fois ?) des apparitions furtives de blagues ou de gags, notamment entre Fu Sheng (dont on a signalé le caractère trublion dans Shaolin Temple) et Lisa Yuen lors de leurs amoureuses chamailleries. Mais cela reste très épisodique et surtout assez maladroit, par manque dhabitude sans doute. Pour en finir avec les acteurs, le duo Fu Sheng Chi Kuan Chun fonctionne très bien, on voit un très jeune Gordon Liu déjà impressionnant dans les combats et un Leung Kar Yan (Le bras de la vengeance) imberbe, froid et cruel en un parfait méchant.
Je reprends un peu la liste des filiations pour transiter vers les combats et faire le parallèle avec un autre film de Chang Cheh. On découvre en effet ici, lors du premier apprentissage des premiers disciples des techniques de combats quon verra développées et multipliés dans Five Deadly Venoms. Les maîtres forment en effet leurs élèves à des techniques perforantes (scolopendre, serpent) afin de percer les Qigong des alliés des mandchous. Cela finira comme on sait, mais
lidée était apparemment encore la dans lesprit du réalisateur et de son scénariste puisquils la ressortiront peu de temps après, en en faisant tout un film. Enfin, la seconde vague délève (enfin le camarade de Feng Shu) sexerce à transpercer une planche de bois, exactement comme Black Mamba dans Kill Bill lorsquelle apprend à se battre avec Pai Mei, celui qui détruira Shaolin dans la version de Liu Chia Liang, qui interprétera le rôle du moine pour Quentin Tarantino. Le monde est petit nest pas ? Passages obligés dans ce genre de film, les scènes dentraînement puis de combats sont dirigées par Liu Chia Liang, dune patte dexpert incontesté. Son influence est manifeste, et on ne sétonne pas de revoir certaines choses dans ses films ultérieurs.
Pour finir, ce film bien que supérieur à Shaolin Temple ne mérite pas encore le titre de grand film. Il divertit, amuse parfois, impressionne, fait penser à bon nombres de chefs duvre mais sans les atteindre, alors quil les a inspirés. A voir pour lui-même et surtout dans le cadre de la tétralogie Shaolin, qui retrace les aventures de grands héros durant une période ultra célèbre de lhistoire des arts martiaux.
Les autres films de la tétralogie Shaolin de Chang Cheh sur le blog: Shaolin Temple.
Autres films de Chang Cheh : 14 amazones, la légende du lac, la rage du tigre, un seul bras les tua tous, Duo Mortel, Five Venoms.
Carcharoth.
PS: Encore une fois allociné ne connait pas l'original. La fiche film rattachée à l'article estdonc celle d'un remake avec Jet Li et de Liu Chia Liang.