Les septs samouraïs, le premier (le seul ?) film d'action Total, par Akira Kurosawa.
Les sept samouraïs. Akira Kurosawa, 1954, noir et blanc. Titre original: Shichinin no Samurai.
Waha venez voir le nouvel article !
BEWARE - SPOILERS
Japon, 1652. Un village, rançonné tous les ans par une bande de pillards, décide de faire appel à des samouraïs pour se défendre et mettre en fuite une bonne fois pour toute les raquetteurs. Ils envoient donc en ville leurs représentants chercher une demi douzaine de samouraïs Le recrutement se fait sur des critères financiers, les paysans nayant et ne voulant pas dépenser dor pour louer les services des plus prestigieux guerriers. Peu à peu et au fil des rencontres, ils convainquent un, puis 2, 3, 4 et bientôt 6 guerriers de les suivre, sous la tutelle du sage et vénérable Kambeï (il a en effet le crane rasé, suite a une ruse employé pour sauver quelquun ou il cétait déguisé en moine, ce qui lui donne un aspect encore plus respectable), secondé par Kyuzo, à la recherche de la voie de la perfection. Sur cet hétéroclite amas de guerriers plus ou moins reluisant, cherchant surtout à gagner leur vie et de quoi remplir leur assiette, vient se greffer une sorte délectron libre, un élément instable et en tous cas mal cerné, qui parait bien vague et peu efficace au début : Kikuchiyo, un samouraï errant, qui ne ressemble pas vraiment à un adepte du bushido mais plutôt à un fou, un hère, un drôle de garçon dérangé se prenant pour un guerrier. Toujours est il quil suit les samouraïs dans leur périple vers le village et quil est petit à petit accepté par le groupe qui lintègre plus ou moins
Oué c'est nous la horde sauvage !
Commence alors la deuxième partie du film, (qui est partagé en trois, comme souvent ) celle qui voit les sept samouraïs aider les villageois, après sen être toutefois fait accepter. Leur venue en effet nest pas sans soulever quelques débats au sein des villageois qui essaie de baisser le salaire promis ou de ne garder que quelques guerriers Après le règlement de la situation, en partie grâce à lintervention de Kikuchiyo, qui se montre pour la première fois utile et sintègre ainsi réellement dans le groupe, les sept hommes commencent à former les villageois, à leur enseigner les rudiments du combats, du tir à larc mais surtout séchine à leur faire comprendre la stratégie quils comptent mettre en place lors de lattaque des bandits. Cest laspect le plus social et burlesque du film, les vies des paysans et des samouraïs sont montrées tour à tour parallèlement et ensemble, dans leffort commun face à la menace imminente des pillards. Quand un jour, du haut de la colline arrive un paysan signalant larrivée de la horde, la dernière partie du film commence.
Bon ils sont ou les méchant ? Les poulets arrivent, préparez les brochettes !
Jusquà la fin du film vont donc se succéder scènes de batailles et moments dattente, action et tension jusquà la victoire finale de lunion sacré villageois/samouraïs. Plusieurs batailles ont lieu. Au début, les bandits ulcérés que les villageois aient montés des barricades, attaquent en désordre et sans stratégie, et viennent sempaler sur les piques, ne parviennent pas à franchir les murailles et les fossés installés par les habitants aux endroits stratégiques, et ils sont petit à petit rabattus vers la forêt, où il dressent leur camp. Les assauts se succèdent et le nombre des bandits diminue petit à petit sous les ordres minutieux de Kambeï. Le chef de la troupe des receleurs décide alors dattendre la nuit pour lancer un assaut décisif et massif par le seul passage laissé libre (sciemment) par les assiégés. Ceux-ci sy attendant, cest un combat assez égal qui sengage, et qui voit quelques villageois et samouraïs tomber, mais qui se clôt tout de même sur la victoire des « gentils » sur les assaillants. Le saké sort alors des cachettes, ainsi que les femmes qui viennent célébrer la victoire définitive des villageois. Les samouraïs, heureux de la victoire mais pleurant sur leurs camarades disparus, restent assez amers, voyant le déclin de leur classe en mouvement
Vous avez déja essayé d'atteindre un goutte d'eau avec une fléche ? non ben ça énerve ! grrr
Basé sur une trame scénaristique assez mince, presque banale (il devait lêtre encore plus au début, Kurosawa ayant initialement prévu de narrer une journée dun samouraï, du matin au soir, de sa sortie du lit à son seppuku, mais nayant pas assez déléments, il préféra raconter cette histoire quil entendit au cours de ses recherches.) ce film est en fait complexe, protéiforme et recouvrant de nombreux aspects de la société japonaise du XVIème siècle. Réalisé par John Sturges, il aurait pu devenir un simple film daction, plein dhéroisme et de beaux sentiments, mêlés à des batailles épiques et à quelques scènes damour et de fraternité avec les villageois (pourquoi je dis ça moi ? pourquoi Sturges hein ? 1 pts à celui qui trouve). Mais tourné sous la direction dAkira Kurosawa, il devient un véritable « cours dhistoire japonaise » (cf. ici), regroupant sous la même pellicule les batailles, superbes et remarquablement faites pour lépoque, une réflexion sociale, économique et historique sur le Japon avec un plus, pour les plus extrapolateurs une clé de la vision de la vie du grand maître, à savoir, à travers le portrait des samouraïs mais aussi des villageois et même des brigands, lexemple dhommes qui tentent de sélever et de prospérer, par des moyens différents ou qui essaient de vivre en conciliant leur époque et un code de valeur très strict. Chose encore actuelle à lépoque de Kurosawa et donc à la notre, surtout pour la première partie de la phrase (la recherche de lélévation ). Mais développons un peu laspect social du film : Il me semble que cest la chose principale à retenir du film qui arrive en 3h15 à nous donner un aperçut de la quasi-totalité de la société japonaise de lépoque. On y voit ainsi des bandits de grand chemin, la classe la plus basse, la plus détesté bien sur, mais aussi celle composée des personnes les plus défavorisés, les rejetés de la sociétés, devenus voleurs non par passion mais par nécessités, pour la plupart, devant un système de répartition des terres très rigide et une fermeture de toutes les autres classes. Ensuite viennent les paysans, guère plus enviable à priori que les bandits, ils sont le socle de la société, le siège sur lequel sassoient les puissants pour diriger. Puis viennent les samouraïs, les plus privilégiés dans la hiérarchie théorique du Japon : Hors on voit bien dans le film que cette soit disant supériorité est toute théorique dans la réalité de cette époque : les samouraïs sont en effet pour la plupart désoeuvrés, plus ronins que samourais dailleurs, et sans le sou, travaillant juste assez pour se nourrir mais ayant gardé leur sens moral et leurs valeurs séculaires. La classe que lon ne fait quentre apercevoir mais qui perce réellement à cette époque est celle des commercants qui commence déjà a affermir ce pouvoir qui lui permettra quelques siècle plus tard e prendre le pouvoir sous les Meiji et de se transformer pour une part en bourgeoisie industrielle, mais le je voit loin revenons à nos guerriers. Issus dune classe nombreuse, respecté et puissante, autrefois riche, les voila réduit à mendier (ou presque), devenus plus bête de foire quobjet de respect (différentes scènes du début où lon voit les samouraïs combattre, notamment Kambeï et Kyuzo sous les ola de la foule.), même si lon voit bien quils en imposent encore aux paysans lorsquils arrivent, mais ils ne sont plus auréolés de récits légendaires mais dune réputation fâcheuse, à tel point que les habitants cachent leurs femmes en les déguisant en homme ou en les enfermant. Si les deux classes semblent pouvoir fraterniser, on voit bien à la fin que ce nétait quéphémère, illusion, et lon comprend lamertume des Samouraïs. Le seul pont semble être lamour, celui qui unit lun des guerriers à une jeune villageoise (Katsuhiro et Shino, tousles duex jeunes, donc moins empreints de tradition et des anciens codes), bravant tous les deux des interdits moraux et familiaux. Si ce sont les samouraïs qui semblent être les seul héros du film, ce nest bien sur pas le cas si lon gratte un peu. Kikuchiyo par exemple, quoiquil en dise nest pas samouraï mais bien un paysan orphelin qui a ré-inventé son passé dans un rêve de grandeur, alors que justement les samouraïs sont en passe dêtre déchus. Déchus pour diverse raison, dont lune apparaît dans le film, choquante, bruyante, fulminante : les fusils. Armes nouvelles et révolutionnaires, introduites par les européens si je ne mabuse (par des jésuites ? info à vérifier) qui vont rendre obsolète larmure massive des guerrier traditionnels et tous leurs codes, puisque le moindre paysan aisé peut sen payer une et tuer autant de samouraïs quil veut à distance, sans rien risquer, le fusil (Que personne ici ne se risque à parler ou à oser la comparaison avec ce film maudit (ah Steevy Griffin laurait bien mieux dit Maudit !) avec lautre scientologue et ce pauvre Watanabe ). Donc oui, je parlais des héros que ne sont pas que les samouraïs, puisquils partagent la vedette avec les paysans, même si ceux-ci peuvent sembler stigmatisés à la fin du film, ayant plus ou moins berné et utilisé les guerriers en accroissant leur détresse je vois mal Kurosawa leur jeter la pierre, il constate plutôt tout comme les samouraïs à la fin, que le temps des guerriers est révolu, que ce sont eux les véritables vainqueur de cette lutte et quaprès tout ils ont été aussi courageux et plein de grandeur, à limage du Kikushiyo avant sa mort, ayant versé leur tribut à la Victoire. Du pont de vu économique on semble assister à un renversement des richesses, qui vont aux paysans, laissant (semble-t-il) les guerriers sur la pailles, à tel point quil leur semble plus rentable de voler les paysans que de les servir. Guerrier contre guerrier, pillard contre samourai de la dernière heure, ils se ressemblent en tous cas encore, la preuve en étant que les villageois ont presque aussi peur de voir leur femme violer par un bandit que par un de leur « sauveurs ». Ancienne contre nouvelle société en quelque sorte, bien que ces pillards nen soit pas les représentant mais bien plutôt un symptôme, un effet collatéral du changement en cours
Putain il est vraiment con ce Kikuchiyo, il regarde a coté... Bravo la photo de famille ! Toujours à se gratter quand il faut pas ! En plus on avait l'air sérieux, il gache tout ce pecnaud !
Les samouraïs nont donc plus le pouvoir financier, ni non plus le pouvoir des armes (fusils ), ils sont sans rien, sans utilité, presque sans but pour la plupart. Voila bien le sujet du film et le point en quoi il se rapproche du projet primitif du réalisateur : La mort de la classe guerrière dans sa grande majorité, utilisé une dernière fois par la société puis jeté comme un mouchoir. La génération kleenex de lépoque en sorte (waahahah on se marre hein ?).
Outre cette rare profondeur, un autre fait est remarquable dans ce film. Le temps. Le temps quont pris les acteurs, les producteurs, le réalisateur et tous ceux qui ont travaillé dessus pour le faire. Tout dabord Kurosawa a réalisé un portrait détaillé de chaque samouraï, allant même jusqu'à spécifier sa nourriture favorite, son tempérament, etc , chose encore inédite au Japon dans le monde du cinéma, puis le film a pu débuter, malgré les divers obsctacles, comme le fait que Seiji Miyaguchi (Kyuzo dans le film) navait auparavant jamais touché une épée ou appris lart du combat. Hors il devait passer dans le film pour un maitre de cet art , ou encore un manque cruel de chevaux pour la scène finale, ou encore la banqueroute de la Toho en cours de tournage, car elle avait entrepris de produire en même temps un autre film (quand on pense au nombre de films produits simultanément aujourdhui avec des budgets 10 fois supérieur par une seule compagnie ).
Et puis ah ! Les acteurs. Mifune bien sur, inoubliable, touchant dans son personnage de faux samouraï illettré qui a prit un nom de fille (Kikuchiyo est un prénom composé, du style de Marie-anne, cest pourquoi les autres samouraïs rient de bon cur lorsquil se présente. Kiku signifie Chrysanthème alors que Chiyo veut dire : pour un millier de génération). Tous les autres sont des grands, des bons acteurs, pas forcément très connus outre-Asie, mais respecté dans leur pays. On aperçoit même Tatsuya Nakadaï dans la ville. Encore tout jeune et inconnu, il signait la sa seconde apparition dans un film !
Yaha ce film est gééééniaaaaaal
Bon je ne vais pas faire laffront de parler de la réalisation du maitre, puisquelle est parfaite et a inspiré les plus grands depuis. Limage, en noir et blanc a un peu vieillie bien sur, mais reste dune très bonne facture, encore attractive après tant dannée. Les décors naturels sont magnifiques, le réalisme saisissant, comme quoi sans effets spéciaux ont peut faire du beau et du grand
Petite anecdote, Heihachi, le premier samouraï qui meurt dans le film était interprété par lacteur (Minoru Chiaki) qui a survécut à tous les autres samouraïs. Il est mort en 1999. A linverse, les trois seul samouraïs survivant à la fin du film, Shichiroji (Daisuke Kato), Kambeï (Takashi Shimura) et Katsushiro (Isao Kimura) ont été joué par les trois acteurs mort en premier (respectivement 1975, 82 et 81) dans la vie réelle.
Kambeï Kikushiyo Kyuzo
Pour conclure, je voudrais souligner létat dhumilité dans lequel jai rédigé cet article, pensant en permanence quil était impossible denglober tous les aspects de ce film dans un simple article, ni même en un essai tout en essayant de parler des choses qui me semblaient importantes. Je vous demanderais ainsi de bien vouloir ajouter en commentaire tout ce qui vous semblerait utile à rajouter ou à tronquer. Ainsi, devant ce chef duvre intemporel on ne peut que rester admiratif, ou au pire endormi après les 3h de noir et blanc auquel on nest plus habitué par chez nous. Fresque sociale, conte épique, tragédie humaine, film total (ahah jai lesprit cahier ça y est !), Les sept Samouraïs est un des meilleurs films que lon puisse voir, même si on ne le ressent pas tout de suite
Katsushiro Shichiroji Hayashida Gorobei Katayama
Pour un casting plus complet, des informations complémentaires sur le film, voir la fiche imdb
Carcharoth
