La Légende du Lac, Chang Cheh au sommet de la littérature chinoise et du cinéma chevaleresque
La légende du lac (Shui Hu Zhuan), Chang Cheh, Hong-Kong, 1972.
Une constellation de héros, ou les 106 robin des bois...
Nous étions dans les légendes collectives avec les 14 amazones, et bien restons-y ! Prenons un autre réalisateur, lui aussi grande vedette de la Shaw, cinéaste ayant marqué son temps avec la célèbre « Rage du Tigre ». Contrairement à Gang Cheng, il est très prolifique, et sest attaqué à bien des genres, de la comédie parodique au film de kung-fu très sérieux. On pourrait le surnommer lhomme aux 101 films. Cest en effet le nombre quil souhaitait atteindre avant de sarrêter, la limite quil avait fixé à sa longue carrière (1949-1993) de réalisateur. Parmi ses plus beaux succès, outre le film déjà cité, on peut noter les « 5 venins » et « Frères de sang », immenses classiques qui font encore aujourdhui référence. Liu Chia-Liang lui doit beaucoup, puisque cest sur ses plateaux quil a appris le métier et grâce à lui quil a pu se lancer.
Mais je suis ici pour parler dun film, dune légende. Si les « 14 amazones » était basé sur des faits plus ou moins historiques (du moins pour linspiration), « la légende du lac » est inspiré directement dun des plus grand, dun des plus beau, dun des plus long et truculent récit de la Chine. Jai nommé le roman « Au bord de leau ». (Cest dailleurs le titre du film en chinois). Récit fleuve, dont lorigine remonte à des temps immémoriaux (en tous cas inconnus : on murmurerait quà linstar dun Perrault, Shi Nai-An ou Luo Guan-Zhong aurait rassemblé ces récits sous leur forme actuelle), composés de très nombreux chapitres (92 dans la plus longue version disponible en français chez la pléiade) qui racontent les aventures de 108 bandits ayant plus ou moins existés sous la dynastie Song (tient donc comme les 14 amazones le hasard fait bien les choses !). Sorte de robins des bois et de trois mousquetaires mélangés, ces brigands ont fait du mont Liang leur forêt de Sherwood. Chaque personnage à son caractère propre et son histoire, qui lamène immanquablement à rejoindre le groupe des bandits Vous laurez compris, concentrer lintégralité des aventures des 108 hommes relèverait de lexploit, un peu comme faire du seigneur des anneaux un film Cest pourquoi Chang Cheh, qui est un homme humble et conscient de ses moyens a choisit de ne transférer à lécran que 5 chapitres : du LXIV au LXVIII, se concentrant sur les récits autour des cités de Zengtou et Damingfou.


Voici ce quil en est : Le choix de Chang Cheh dadapter ses chapitres peut paraître étrange pour qui a lu le roman puisquil sagit de ceux qui sont tout juste postérieur à la mort du plus célèbre des bandits : Chao Gai, surnommé Roi Céleste (tous ont un surnom qui représente leur trait principal). Cest en effet de la vengeance de cette mort traître que découle tout le reste de lhistoire du film : Souhaitant se venger de ladministration corrompue de la ville fortifiée de Damingfou, les bandits pensent à lattaquer. Mais envoyer toutes leur troupe à lassaut des murailles découvrirait la forteresse sur son autre flanc, menacé en permanence par la citadelle du Zengtou, ou réside Shih Wen Kung, un redoutable combattant à lorigine de la mort de Gao. Le chef des braves (car en réalité ce ne sont bien sur pas des bandits), Song Jiang dit Pluie Opportune (à cause de sa mansuétude et de son caractère épris de justice et dhonneur), aidé par Wu Yung, le fin stratège (Astre de Sapience est son surnom) élaborent un plan pour abattre le grand secrétaire et le maître darme responsable de la mort de leur ami avec le moins de risque et de perte possible. La solution, pour eux, se présente sous la forme dun homme et de son disciple, présents depuis longtemps et respectés dans la ville de Damingfou. Il sagit de Lu Chun I et Yen Ching. Le premier est un riche citoyen, le second est surnommé Ching le libertin à cause de ses talents de séducteur et de musicien. Lidée du stratège Wu Yung est de convaincre Lu Chun I de les aider à infiltrer la cité et surtout à combattre Shih Wen Kung, qui a été son condisciple et quil égale au maniement de la lance. Perspicace, il découvre avec laide de son disciple et ami la ruse tendue par les braves, qui ne se démontent pas et avouent leur dessein, exposant clairement leurs buts.

Connaissant la réputation de Song Jiang, il échange des propos courtois avec lui, tandis que Yen Ching discute manuellement avec Li Kuei (le tourbillon noir) dont la finesse négale pas celle de son supérieur
Le riche commerçant décide denfermer les deux hommes, mais de ne pas prévenir les autorités de la ville, qui les mettrait à mort dans lheure, déclenchant ainsi la revanche des braves qui virerait au massacre. Il compte ne pas se joindre à eux, mais les relâcher en leur souhaitant bon courage. Cétait sans compter sur la perfidie de sa femme et de son intendant, amants, et qui décide de saisir cette occasion pour se débarrasser de lui : ils le dénoncent auprès des autorités comme hébergeant des rebelles : larmée ne tarde pas à arriver, alors que Lu Chun I sapprêtait à relâcher les deux hommes, qui du coup veulent être livrés à la milice pour ne pas causer dennui au respectable combattant. Lui aussi épris dhonneur et soucieux de sa réputation, celui-ci respecte son engagement et les relâche, assumant seul son geste face au grand secrétaire. Enfermé à double tour dans les geôles municipales, il est à la merci de sa femme et de son amant, qui paye un garde pour le tuer.
Dans le même temps, Yen Ching tente de le sauver, mais ne parvient quà le faire sortir de prison avant de devoir labandonner à larmée, trop nombreuse, qui les encercle. Entre alors en scène un autre brigand, lui aussi fameux : il sagit de Chai Jin (petit ouragan), descendant de lempereur Zhou, noble protecteur des combattant et épris de loyauté, qui a rejoins la bande après avoir été contraint denfreindre la loi pour sauver un innocent. Il offre une forte somme dargent au garde pour épargner la vie du prisonnier et le faire simplement exiler (et non décapiter, comme la loi le prévoit). Et cest en effet ce qui se passe, après avoir graissé la patte du grand secrétaire par lintermédiaire de son grand clerc. Mais le perfide amant de lex femme de Lu Chun I ne compte pas en rester la. Il paye lui aussi les deux garde censés accompagner le prisonnier dans son exil pour le tuer en chemin. Celui-ci, bastonné auparavant, ne peut se défendre, mais il est sauvé par Yen Ching (qui devient un hors la loi en tuant ces deux militaires) qui lemmène dans une auberge pour quil se repose avant de repartir dans sa fuite.
Mais ladministration de la cité a tôt fait de placarder partout le portrait des deux hommes, que le tavernier dénonce. Encore une fois, Yen Ching parvient à fuir alors que son maître, amoindri par ses blessures, se fait capturer et emprisonné, en attendant sa mort. Au moment où il va être exécuté, dans la journée, intervient Liu Tang (le diable à poil roux) qui arrive à empêcher la décapitation, mais est pris par le nombre, et reconduit dans la geôle des condamnés avec Lu Chun I. Pendant ce temps, Yen Ching est arrivé au repaire des braves du mont Liang, qui décident de passer à laction face aux souffrances de celui quils avaient qualifié de « parangon de loyauté ». Un nouveau plan est alors mis en place, et ce des deux cotés. Je mexplique : pendant que les braves prépare le sauvetage de leurs amis lors de lexécution, les autorités de la ville sentretiennent avec les dirigeants de la forteresse de Zengtou et notamment Shih Wen Kung pour quil les aide à débarrasser la région des brigands. Sans le savoir, les deux parties sapprêtent donc à vivre une journée décisive, engageant toutes leurs forces dans la bataille.
Le jour J, lopération se passe comme prévu, les prisonniers sont libérés, et les braves arrivent à sortir de ville sans être poursuivis, puisque larmée de la ville sait que celle de Zengtou les attend un peu plus loin, sur la route de leur repaire. Six duels simultanés ont ensuite lieu lorsque les deux troupes se rencontrent entre douze champions. Lu Chun I affronte Shih Wen Kung, en remerciement aux braves. Le film sachève avec la victoire totale des forces hors la loi et ladjonction de Lu Chun I et Yen Ching au groupe.
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Ladaptation partielle de Chang Cheh, qui mêle un peu les différentes histoires en se basant sur les récits des chapitres cités (LXIV à LXVIII) afin de ne pas perdre le spectateur dans la masse des différentes trames qui ne cesse, dans le roman, de sentrecroiser. Il se focalise aussi sur certains personnages, car traiter et présenter les 108 bandits serait fastidieux et inutile. Même si, comme Cheng Gang dans « les 14 amazones » il profite dun grand banquet inaugural pour exposer bon nombre de bandits (ainsi que les acteurs les incarnant), on ne retient le nom que des principaux, ceux qui participent activement aux divers sauvetages et qui combattent à la fin dans les duels. C'est-à-dire Wu Sung, Li Kuei, Lin Chung, Shih Hsiu, Dame Hu San et bien sur Lu Chun I et Yen Ching. Il ne faut pas oublier non plus les cerveaux de lhistoire, Song Jiang et Wu Yung. Ce qui fait neuf héros du coté des bandits, et un coté « méchant » : Shih Wen Kung. Plus, évidemment, les personnages secondaires, comme les cinq tigres, lieutenants de Wen Kung, le secrétait Liang, la femme de Lu Chun I et son amant, les capitaines de la garde de Damingfou et les geôliers de la prison qui passe coté bandits en cours de route
Voila un peu ce que lon retient. Dans le roman, chacun à droit à un paragraphe pour lui tout seul, à une description et à un rang, donné magiquement par une pierre déterrée au début du roman, et qui classe les héros par leur qualité et divise le groupe en deux parties, les astres célestes et les astres terrestres. Bref chacun à un surnom, lié à son histoire ou à son tempérament. Ce qui fait la force de ce roman, cest la diversité de ses protagonistes, et il en est de même pour le film. Brutes avinés, philosophes, nobles, mendiants, fonctionnaires, anarchistes, tacticiens, combattants calmes ou bouillants, on retrouve tous les types possibles à travers ces personnages toujours attachants, et qui se complètent parfaitement, partageant une haute idée de la justice, de la loyauté, du sens du devoir et de la défense des opprimés. Ce sont dailleurs toujours pour de « bonnes » raisons ou à cause dune injustice que ces personnages se sont retrouvés hors la loi. Celui que lon voit ici rejoindre la bande alors quil est un riche citoyen en est un exemple parfait. Par loyauté et respect il ne livre pas les bandits à la justice, mais se fait trahir par sa femme et son amant dintendant, qui le livre à la police pour vivre leur amour adultère au grand jour. Et ce nest que parce quil partage les idéaux des « braves » et que ceux-ci le sauvent quil les rejoindra à la fin du roman, après sêtre vengé de sa femme. Il en va de même pour Yen Ching, qui tuera pour sauver son maître des deux gardes corrompus.
Bref la personnalité de ces « faux bandits » est toujours intéressante, attachante ou amusante, mais en aucun cas repoussante et présentée sous un mauvais jour. Ils ne tuent que loyalement, et des hommes mauvais ou corrompus qui oppressent le menu peuple ou des innocents. De plus, les trésors quil leur arrive de voler ne sont pas accumulés dans une cachette mais redistribué aux nécessiteux. Comme je le disais, ce sont des sortes de robin des bois chinois.
Je ferais à la fin une petite galerie des personnages principaux, en ajoutant à chaque fois liconographie « officielle » en papier découpé.
Chai Chi et Liu Tang en papier découpé.
Du coté de limage à présent, on a nouveau droit à de magnifiques décors, puisque le film fait lui aussi parti des rares à avoir était tournés en extérieur. La dernière scène de duel notamment, ou les chevauchés sur les collines environnants la ville sont très colorés. De plus, la restauration (de Celestial Pictures ou Wild Side) est de très bonne facture, et offre vraiment un rendu parfait, avec des couleurs vives, éclatantes, nettes. Les acteurs, eux aussi, sont très bons. Toutes les stars masculines sont la : Ti Lung, David Chiang, Tetsuro Tamba (je vous avez dit que cétait le plus chinois des japonais !) ; Lily Ho incarnant la seule femme de lhistoire (si on écarte la femme de Lu Chun I) avec le talent quon lui connaît.
Ce film sest donc donné les moyens de ses ambitions. Adaptation du roman le plus populaire de Chine, avec les acteurs les plus talentueux et un des réalisateurs les plus appréciés, autant par le public que par les critiques. Et on nest pas déçu ! Comment dire ? Les films mettant en scène de sympathiques bandits sont toujours appréciés et populaire, et celui-ci ne déroge pas à la règle : on est très vite touché par les valeurs que défendent ces hommes, par le respect mutuel que ces nobles esprits se vouent, par la camaraderie indéfectible dont il font preuve, dans les scènes de beuverie comme dans ladversité. Ainsi, dès le début du film, les braves nous sont présentés en train de picoler , à qui ingurgitera le plus de vin, se défiant tour à tour dans de grands éclats de rire, se baladant chacun avec une cruche dalcool de plusieurs litres. Quelle meilleure idée pour nous les rendre agréable ? On a tout de suite envie daller les rejoindre, de vivre avec eux ces moment dinsouciance et de partage, même si celui-ci est interrompue par une nouvelle qui les fait aussi sec dessouler : la mort de Chao Gai. Mais la solidarité et la camaraderie prennent le pas, un peu comme dans la célèbre chanson de Brassens :
«C'étaient pas des amis de luxe
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodome et Gomorrhe
Sodome et Gomorrhe
C'étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boétie
Sur le ventre ils se tapaient fort
Les copains d'abord
C'étaient pas des anges non plus
L'Évangile, ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient toutes voiles dehors
Toutes voiles dehors
Jean, Pierre, Paul et compagnie
C'était leur seule litanie
Leur credo, leur confiteor
Aux copains d'abord
Au moindre coup de Trafalgar
C'est l'amitié qui prenait l'quart
C'est elle qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils étaient en détresse
Qu'leurs bras lançaient des S.O.S.
On aurait dit des sémaphores
Les copains d'abord »
Enfin, comment ne pas être ému par ces hommes qui luttent contre loppression, la corruption du pouvoir et se sacrifient pour leurs amis sans réfléchir ? Ou encore préfèrent se livrer plutôt que dentacher lhonneur dun homme loyal et réputé ? Bref, comme tous bons héros, ces bandits au grand cur, malgré leurs meurtres, ont dimmenses qualités et une moralité plus haute que ceux qui les poursuivent et les qualifient de hors la loi. Car en effet, même si ce statut est pour eux très dur, quel autre choix que de sortir du champ légal lorsque les lois sont injustes et oppressantes, et ne permettent pas de vivre selon ses règles intimes et ses convictions ?
Ceci nous amène à un autre point, historique, déjà évoqué à propos des « 14 amazones » (si après toutes les références que jai faite, vous navez pas lu larticle ) : la corruption du pouvoir Song, la décadence de son administration provinciale (en la personne du grand secrétaire Liang et de son clerc, véreux au possible) et de sa cour, les problèmes de gestion des régions éloignées. Cest cet état de fait quentend combattre, à son échelle, lorganisation des bandits du mont Liang.
Au final, ce film dégage un esprit chevaleresque, une ambiance épique et truculente, bouillonnante de rebondissements, pleines de personnages haut en couleurs dont on voudrait connaître plus en détail lhistoire. En ce la, cette uvre est une superbe invitation à la découverte du roman, à la lecture de ce livre de génie, qui rejoint au panthéon de la littérature des uvres comme lOdyssée ou les mille et une nuits, par son envergure, sa richesse et sa qualité.
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Place maintenant à la galerie de portrait promise, inspiré par un site qui en donne une exhaustive (Voir en fin darticle).
Commençons par les deux compère, Lu Chun I et Yen Ching :
*Lu Chun I : Dit Licorne de Jade, connaissant tous les arts martiaux et sans rival, homme intègre et loyal qui a rejoins les brigands suite à la trahison de sa femme et de son intendant. Il a été de maintes fois sauvé par un orphelin quil a recueilli très jeune, Yen Ching.
*Yen Ching : Maître en tous les arts (luth, chant, poèsie), lutteur hors pair, tireur délite à larbalète, il mettra souvent ses talents aux service de son protecteur et maître. Surnommé le prodigue ou le libertin, il rejoins les brigands à la même occasion que son aîné.
Les brigands à présent :
*Song Jiang : Chef des brigands, ancien fonctionnaire intègre contraint à lassassinat par des mandarins corrompus, surnommé pluie opportune, il est loyal et magnanime, encore très respectueux de la figure de lempereur il est sans doute celui qui souffre le plus de son statut dhors la loi, même sil la accepté
*Wu Yung : Le stratège et tacticien du groupe, surnommé Astre de Sapience il est léquivalent aurpès de Song Jiang du conseiller du Prince de Machiavel. Expert en machinations, pièges et ruses de toutes sortes, cest le cerveau des brigands, le second du chef, grand ami et ancien clerc de Chao Gai (lorsque celui-ci était encore fonctionnaire impérial).
*Wu Sung : Bandits très à part dans lhistoire, il incarne la blessure et est surnommé le pèlerin, à cause du long exil auquel la conduit un meurtre vengeur sur la femme traîtresse de son frère. Expert au maniement du bâton et passionné de boisson.
*Li Kuei : Le tourbillon noir. Rustre, grossier, naïf et hermétique à toute forme de ruse ou de finesse, il est brutal et très porté sur la boisson. Il est tout de même lun des capitaines de Song Jiang qui le tempère et le guide, se servant de sa force brute phénoménale pour commettre assassinat et coup de force. Il incarne dailleurs le meurtre.
*Lin Chung : Incarnant la vaillance, il est un ancien et fidèle instructeur militaire de lempereur, maître dans lart de la lance. Victime dun complot du fils de son supérieur qui convoitait son épouse, il ne doit son salut quau refuge que lui offre les brigands, quil sert lui aussi lors de diverses batailles, affrontant des adversaires redoutables.
*Shi Hsiu, ou brave la mort, qui incarne la pénétration, est un colosse très habile au sabre. Doté dune bravoure sans borne et dun sens du devoir hors du commun, il est recruté par les brigands après avoir sauvé un homme battu injustement dans la rue.
*Hu San, troisième descendante de la famille Hu est une combattante redoutable, surnommée la vipère à une toise. Elle manie deux longs sabres.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les héros ou sur les différents chapitres de lhistoire, un très bon site ici.
Carcharoth.