Infernal Affairs, l'exception qui confirme la règle.

Publié le par Nostalgic-du-cool

infernal affairs

 

 

Infernal affairs est un thriller hongkongais sorti en 2002, dont la sortie avait été remarqué dans le monde entier, le film recevant de nombreuses récompenses (Surtout en Asie) et faisant l'unanimité de la critique. Il y a peu, la sortie de "The Departed" a permis au public occidental de le (re)découvrir. Le dernier film de Scorsese est en effet bien plus qu'inspiré par la trilogie "infernal affairs". Il en reprend aussi quelques dialogues, répliques, et la trame complète de l'histoire, à un ou deux changement prêt. Plus qu'une inspiration, "les infiltrés" est un remake américain du film HK à la sauce Scorsese.

Rendons donc à César ce qui est à César. D'autant plus que l'original n'a pas à pâlir devant la copie.

L'histoire, si vous avez vu le film de Scorsese, vous la connaissez donc en très grande partie, mais je la résume tout de même. Pour ceux qui voudraient garder le suspense, ne continuez pas à lire... Tout d'abord, signalons que Infernal Affairs est le film charnière de la trilogie. Les deuxièmes et troisièmes volets l'entourent chronologiquement, bien qu'ayant été tournés à la suite du premier. Ils retracent, en gros, la voie suivit par les deux héros jusqu'au début du film, et raconte aussi, dans un final plein de rebondissement, la suite de l'histoire. Un peu en deçà de l'épisode qui nous concerne ici, ils sont tout de même à voir pour la clarté de l'affaire et une vision globale du scénario.

infernalaffairs  Infernal affairs donc... bon nombre de critiques ont dit, à raison, que l'histoire était simple et efficace. On a en effet deux personnages, tout deux infiltrés, l'un dans la police et l'autre dans la triade, qui cherche à se démasquer l'un l'autre. Le suspense quant à leur identité n'existe pas. Dès le début on sait que Ming (Andy Lau : Yesterday once more, Fulltime Killer, Running out of time) est un jeune homme formé par Sam (Eric Tsang) pour intégrer la police et le renseigner sur les enquête que la justice mène à son encontre, alors que Yan (Tony Leung : In the mood for love, Hero, Happy together) est un flic, infiltrés depuis dix ans dans les triades, et qui cherche à coincer Sam depuis trois ans, pour le compte de Wong (Anthony Wong)), le commissaire, qui est un des seuls à connaitre son identité. Lutte de renseignement, course poursuite, complot, espionnage : Yan finira par se retrouver seul, Wong ayant été tué, avec pour seul interlocuteur... Ming (!), qui a été entre temps chargé de démasquer la taupe (re-!) et qui à présent utilise le téléphone de feu le commissaire. Devinant au dernier moment et par hasard que ce dernier est celui qu'il cherche depuis tout ce temps, il parviendra à s'échapper et à le faire chanter grâce à des enregistrements. Assez versatile, Ming décide alors de se ranger et de lui donner ce qu'il souhaite: son identité. Mais un autre policier infiltré par Sam (entre temps lui aussi mort) descend Yan, et se place sous l'aile de Ming, qui souhaitant toujours se ranger le tue à son tour, et maquille la situation.

Fin alternative : Il existe une autre fin, plus sombre et moins optimiste : Ming souhaite toujours se ranger, il assiste impuissant au meurtre de Yan, tue bien l'autre mafieux infiltré mais dès sa sortie de l'ascenseur (oui cela se passe aussi dans un ascenseur: quand je vous dis que Scorsese à fait plus que s'inspirer...) se fait arrêter par la police qui a reçu les enregistrements de Yan et à menée son enquête...

 

infernalaffairs05  La réalisation et la conception du film sont des méfaits d’Andrew Lau et d'Alan Mak. Le duo de taupe est interprété par Andy Lau et Tony Leung, deux acteurs qui se connaissent depuis 20 ans, qui ont joué de nombreuses fois ensemble et se connaissent donc parfaitement, et cela se voit  à l'écran : Leurs prestations sont parfaites, et les réalisateurs ont puent s'appuyer sur eux, ainsi que sur les deux second roles (Eric Tsang et Anthony Wong) interprétés par deux autres acteurs reconnus à HK. Plus que reconnus même, ils font parti des stars incontournables. Pour continuer dans le casting, soulignons les rôles féminins: Kelly Chen et Sammy Cheng, respectivement psychiatre de Yan et femme de Ming, personnages qui tendent à les rendre plus humains, meilleurs, à les faire passer du bon coté de la barrière. L'une à travers son travail d'analyste, l'autre en écrivant un roman sur un homme aux multiple personnalités dont elle demande à son mari s'il doit être bon ou méchant... Et elle aborde la le thème principal du film :

 

  La différence entre le bien et le mal, l'existence de ces notions, la ligne qui les sépare, la corruption des hommes par leurs actes, leurs pensées, la lutte entre le bon et le mauvais, etc... L'opposition n'est en effet pas si nette entre Ming, homme de la triade mais qui s'est formé chez les policiers et qui donc a bien des fois rétabli la justice mais sert en même temps la mal, à savoir Sam et Yan, policier émérite mais très jeune envoyé en mission confidentielle dans la triade, monde qu'il arpente depuis plus de 10 ans et qui l'a en partie formé. Il lui arrive même d'oublier pour qui il travaille vraiment (scène du début ou Wong élève la voix: " Rappelle toi pour qui tu travaille").

 

 

 

Ces deux hommes à la double vie et à la double pensée sont en plus soumis aux pressions de leurs supérieurs, toujours tiraillés entre les deux bords, toujours sur le fil du rasoir : Ming doit même pendant une bonne partie du film se démasquer lui même, ce qui aboutit au meurtre de Wong, qu'il faisait suivre. Il doit menés ses enquêtes tout en servant Sam, il doit vivre comme un policier modèle, plaire à ses supérieurs et même s'en faire des amis tout en ayant toujours en tête son inféodation à son chef, tout en pensant toujours aux intérêts de la triade. Il doit cacher ses secrets à sa propre femme, avec qui il va pourtant se marier.

Yan lui aussi est constamment mis à l'épreuve. Policier remarqué lors de sa formation, il est envoyé dans le monde obscur de l'illégalité dans lequel il devra utiliser sans relâche son merveilleux sens de l'adaptation, se fondre dans le milieux, être au courant de tout pour servir la police, ou plus précisément Wong. Ce dernier est son seul contact avec son monde, qu'il a fini par plus ou moins quitter, comme un navire loin de son port d'attache, dans lequel il ne reviendrait en fait jamais. Dix ans ont passés et il a perdu toute vie sociale. Il rencontre à un moment May (Elva Hsiao), la femme qui lui a autrefois brisé le coeur (deuxième volet du triptyque) et dont il a vraisemblablement eu un enfant (sans qu'il le sache). Un autre femme lui permet de se reposer, de quitter un instant les turpitudes de la vie de la triade: Le Dr Lee (Kelly Chen), pour qui il entretient une passion cachée.

Voir ces deux hommes, qui ne sont en fait que des pions de la lutte entre police et triade, "entre bien et mal" nous fait réaliser qu'il vivent tout deux une sorte d'enfer, comme le soulignent les citations de Bouddha qui ouvrent et closent le film (: "Des huit enfer, le pire de tous est appelé enfer continu"). Le thème du choix est lui aussi important. Choix qu'un homme doit faire entre le bon et le mauvais coté, entre l'honnêteté et le vice, entre la police et la triade: Ces deux hommes pensaient l'avoir fait, mais els voila qui doutent: sont ils bien ce qu'ils croient être ?

 

Le film évoque ces thèmes en filigrane, par le jeu des personnages, par de petites touches et des évocations sibyllines. Jamais il n'utilise de gros sentiments, de larmes amères ou de voix off existentielle. En cela, j'ai trouvé ce film meilleur que celui de Scorsese ou les ficelles sont plus grosses, les sentiments étalés et tartinés à la caméra. Ici (et ce n'est pas un cliché sur l'Asie qui me fait dire ça) tout est plus subtil, retenu et profond. Je ne saurais donc que recommander Infernal affairs à tous les amateurs de cinéma. Car même si l'on pourrait arguer que la réalisation de Scorsese est superbe, n'oublions pas que Andrew Lau fut l'un des meilleurs directeur photo de son temps, et que sa patte marque le film: pas de lourdeurs, des cadres sublimes et des images magnifiques dans le Honk Hong d'aujourd'hui. Il y a tout pour plaire: acteurs, histoire, direction, photo, réalisation, et même la musique (même si les voix de Lau et Leung ne valent pas le morceau des Dropkicks Murphys (I'm shipping up to Boston) de l'OST de Departed.) y va de son quart d'heure de gloire lors de certaines scènes.

 

 

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Comme cela est souligné dans le dossier de presse (disponible ici), rien n'a été laissé au hasard: le scénario, écrit en 3 ans, a été présenté terminé et en plac aux acteurs et producteurs afin que ceux ci puisse s'investir dans le projet au maximum. Le film, s'inspirant de la vague cinématographique des années 80, a voulu donner une claque au cinéma de la région, morose depuis 1999 et la rétrocession à la Chine. Le projet était donc novateur, réformateur, avec pour volonté de ramener les gens au cinéma tout en fondant un nouveau cinéma HK. L'histoire nous dira si cette ambition folle a été instillé par Andy et Andrew Lau, Tony Leung, Alan Mak et consorts.... Ils nous aurons en tous cas permis de savourer un délicieux film, et donné à Ssorcese une récompense qu'il attendait depuis longtemps (Oscar...).

Seul regret pour ma part, le rôle de Dignam qui est développé dans the departed ne l'est pas dans infernal affairs. Pour ceux qui verraient l'original après la copie, cela peut être une déception car le personnage de Wahlberg est attachant.                                                      

 

 

 

Carcharoth

 

PS: Explication du titre. Ce film était dans le paysage cinématographique Honkhongais une exception, car la production des années 2000 était surtout tournée vers la comédie, et en général, était plutot pauvre. Cependant le genre du thriller policier est un classique du cinéma HK (Johnnie To, Woo, etc...), et il s'agit souvent de bon film. Voila la règle...



Publié dans Chine et HK

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C
On critique pas les bons ? C'est quoi les bons alors, dis le et on obtempèrera... peut être...
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D
Serment solennel sur le point de trouver sa conclusion : le deux était surprenant (je suis maintenant à cent pour cent et sans objectivité aucune fan de Edison Chen) et vraiment, j'ai jamais vu un film aussi peu manichéen : tous les personnages balancent du coté du bien ou du mal, Sam et Wong comme les autres... Le 3 ce soir (on m'a dit le plus grand bien de la scène finale, je cite "Aaaaaraaargh, la scène finale, je m'en suis pas encore remis !")<br /> Dis donc, je me mets sérieusement au film asiat' moi, J'ai trouvé un refileur qui a de la bonne came, normal ! :D<br /> (question rhétorique, non, bien sur, MG ne les regarde pas avec moi mais faut dire que je commence mes séances films à 23h et puis merde permission de minuit quoi, mineurs, vous vous rappelez ?)<br /> (bien sur que non, vous ne critiquez pas les bons, Nostalgic !)
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S
IA AI IA AIJe trouve le second supérieur au premier. ce n'est plus un film policier à suspens mais une fresque policière. Superbe ! <br /> Le troisième est dispensable, même si retrouver le duo reste un plaisir !
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N
Bien DZ, bien tu vois des films asiatiques et tu vas même en revoir (serment solanel je te le rappelle), par contre j'ai pas encore vu le 2 et le 3 ils m'attendent bien sagement dans ma pile de DVDs(d'ailleurs qu'est ce que tu insinues avec ta 1ere phrase que tu vois pas assez de films asiatiques ou que l'on ne critique pas les bons?) je suppose que tu n'as pas réussi a entrainer avec toi la Grenouille:)
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D
(enfin un film asiatique que je vois qui est critiqué sur votre blog !)<br /> Bon sang, quel film ! Quel duo d'acteurs de talents, ainsi que l'intriguant Wong et le trompeur Sam (j'avais vraiment rien compris au début, je pensais que lui aussi était une taupe et que Yan était son complice, c'est à cause de sa bouille sympathique, ça m'a induite en erreur) et un scénario en béton (quoique confusant). Le début et la fin sont géniaux (ah le visage d'Andy Lau devant la pierre tombale, dernier face à face !). J'ai le 2 dans mon sac. Je m'enfilerai la trilogie dans la semaine (serment solennel).
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