Fulltime Killer, Duel au sommet mi-parodique.
Johnnie To m'inspirant en ce moment, je me propose de vous faire découvrir un autre de ces (nombreux) films: "Fulltime killer". Peut être pas le plus connu ni le plus récent, mais tout de même une de ses plus belles réussites. Opposant Andy Lau et Takashi Sorimachi, avec en arbitre et spectateur Simon Yam et Kelly Lin, ce film a tout pour être un très bon divertissement.
L'histoire, encore une fois, et assez simple (moins dans PTU toutefois) et donc propice au repos cérébral et à la détente... En effet, sans sombrer dans la suite de scènes d'actions à peine cohérente, ce film ne peut pas être considéré comme une oeuvre psychologique ou un thriller haletant, mais plutôt comme un film d'action (très) bien ficelé. Donc l'histoire (je préviens ceux qui ne l'aurait pas vu et souhaiterait ne pas connaître la fin de ne pas lire ce qui suit, du moins pas jusqu'au bout) est celle de O, un tueur à plein temps (fulltime killer pour les... non anglicisant !), est le type même de l'homme discret, du "Léon": exécutant son contrat en douceur, ne laissant aucune trace derrière lui et considéré comme le meilleur tueur à gage de la région. Il est méticuleux, très bien organisé et froid. Tok, lui, est un tout jeune tueur à gage, construit à l'exact opposé de son aîné: exubérant, showman, précis mais expansif, il ne rêve que de défié son rival, afin de devenir le seul. Il s'agit donc d'une sorte d'idée "highlanderesque": "il ne doit en rester qu'un". En plus de cela, une histoire d'amour pour une même femme vient se greffer à leur rivalité.
Le style (personnel) de Tok est dès le début annoncer: chargé d'éliminer un homme qui vient d'être arrêté par les flics, il se rend à moto vers la caserne (on entend alors ses pensées, et on comprend d'ou lui vient sa passion pour son métier; il est en effet passionné de films d'actions dans lesquels jouent Stalonne, Schwarzie, etc...)). Arrivé dans la prison de la caserne, il tue quelques policiers, puis jette un sac entier de grenade au pied du son contrat, mais n'en dégoupille qu'une: il donne à l'homme paniqué le goupillon, et lui annonce qu'il a 30 secondes pour retrouver la bonne grenade... Joueur et soucieux de l'apparence de ses meurtres, voila un peu le caractère de Tok. De même, lorsqu'il rencontre Chin (Kelly Lin), il est sur le point de commettre un meurtre et lui explique en direct comment il va faire: mélanger tabac et eaux, laisser infuser, puis aspirer la mixture dans une seringue et enfin l'injecter au "patient". Ce qui arrive quelques minutes après: Tok, affublé d'un masque hilarant, attaque un homme d'affaire et son escorte à l'aide d'un fusil à pompe.... Puis demande à son contrat, fumant un cigare, et auquel il vient d'exploser les genoux, si on ne lui a jamais dit que le tabac le tuerait, et il lui administre le traitement décrit plus haut.
Chin est le lien le plus direct entre les deux tueurs: elle sert de femme de ménage à O, qui la surveille depuis l'immeuble voisin, et voit ainsi ses fax, qu'elle est chargée d'afficher sur un panneau. Elle est aussi une sorte d'élève de Tok, qui s'est épris d'elle et l'a séduite par ses frasques et son coté fantasque. Lutte d'influence pour le titre de meilleur tueur, mais aussi pour le coeur de la belle ! Double duel donc...
Un autre personnage lie les deux protagonistes: Le policiers incarné par S. Yam, Lee de son prénom, homme assez déranger, et par qui l'histoire est racontée, a posteriori. Il suit (et poursuit) les deux hommes et leur histoire.
L'histoire de Tok justement, n'est pas aussi superficielle que l'on pourrait le croire: si l'on en apprend peu sur O durant le film, de nombreux flashbacks viennent nous renseigner sur celle de Tok : Frère d'un ancien champion de tir, épileptique, il était lui même en finale des jeux olympiques, mais gêné par les néons, il fait une crise et perd tout espoir de gagner. Son métier, et sa façon d'agir prennent donc un peu d'épaisseur, un fond.
Le fait que ce soit ce policier, un peu perdu, qui raconte l'histoire (la fin surtout) et en donne plusieurs versions, est vraiment intéressant et propre à To (du moins aime-t-il bien des fins de ce genre me semble-t-il !).
Ou en était-je... l'histoire....Et bien je laisse le suspense: Juste une dernière info: la fin est vraiment surprenante, et elle constitue vraiment le point qui fait de ce film une oeuvre à part, avec un plus par rapport aux autres films d'actions plus classiques.
NB: -L'édition malaisienne du film a été modifié: la fin n'est plus la même, elle perd de son charme, et le film en est tranfiguré, et pas dans le bon sens. il est tout bonnement censuré. Le coté aléatoire de la fin disparait, et le message se fait moralisateur ("le crime ne paie pas"). Faites donc attention avec les versions DVD...
- To n'a pas dirigé seul, Wai Ka-Fai a aussi travaillé sur le projet (écriture, avec l'aide de Joey O'Brian (participe à l'écriture de Il était une fois en Chine VI), à partir d'un roman de Pang Ho-Cheung)
Carcharoth