Top 10 des films d'Animation, spécial Asie
Suivant un mouvement initié sur la blogosphère et relayé par Anna ici je me prends au petit jeu du top et pas n'importe quel top : un top films d'animation ! Après tout un moyen simple de revenir au blog et d'évoquer ce genre que j'apprécie particulièrement trivialement nommé dessin animé. Pour rester dans la thématique asiaphile j'ai opté pour un top 10 uniquement asiatique (d'ailleurs en fait un top exclusivement nippon j'avoue une totale inculture sur l'animation coréenne et chinoise) mais entrons dans le vif du sujet avec ce top qui présente 10 films appréciés sans ordre de valeur particulier, simplement pour offrir un panorama plus vaste je me limite à un film par réalisateur sinon ce cher Miyazaki aurait occupé une bonne partie de la liste :
-Porco Rosso, Hayao Miyazaki
Bon je l'annonce d'emblée il est impossible de choisir entre les différentes pépites du cinéma de Miyazaki alors j'opte pour un que je trouve trop méconnu. Porco Rosso c'est l'histoire d'un vaillant homme cochon, pilote d'avion, ça peut sembler absurde et pourtant c'est superbe, riche, coloré, servi comme toujours avec la musique du génial Joe Hisaishi. Une uvre intelligente sous forme de fable poétique sur une période sombre de l'histoire (l'intrigue se déroule dans l'Italie d'entre deux guerres). Le meilleur film pour découvrir la passion de Miyazaki pour l'aviation.

-Mes Voisins les Yamada, Isao Takahata
Et oui je ne cite pas le superbe Tombeau des Lucioles car d'une c'est déjà le film le plus connu de ce réalisateur et surtout j'avoue ne pas l'avoir vu beaucoup, ce film déclenchant à chaque fois chez moi une inexplicable réaction lacrymale. J'évoque donc ce film moins connu, au dessin d'une simplicité naïve très belle, chronique d'une famille japonaise moyenne, à travers diverses saynètes mettant en scène de savoureux personnages Takahata réussit un film aussi drôle qu'émouvant, un film dont je ne me lasse jamais ne serait ce que pour sa fin totalement enivrante.

-Si tu Tends l'oreille, Yoshifumi Kondo
Je continue avec un autre talent des studios Ghibli, le regretté Yoshifumi Kondo un temps pressenti comme le successeur de Miyazaki. Si tu tends l'oreille est son premier film (bien que Miyazaki épaule le réalisateur à l'animation, on reconnait bien son trait unique d'ailleurs) une uvre tout à fait rafraichissante décrivant les premiers émois d'une jeune fille (le studio Ghibli ne manque pas d'héroïnes !) dans le Tokyo des années 90, comme souvent avec les films Ghibli ce qui pourrait sembler simplet est en fait une uvre d'une belle fausse naïveté sur l'adolescence, la famille, l'imagination, la création avec ce qu'il faut de poésie et d'émotion.

-Le Royaume des Chats, Hiroyuki Morita
Encore un Ghibli mais je n'y peux rien j'adore. Première réalisation d'un autre poulain du studio ce film est une belle réussite qui permet de découvrir un nouveau style de dessin toujours aussi riche mais un peu différent de la patte Miyazaki qui est néanmoins la aussi l'inspirateur (d'ailleurs le Royaume des Chats rend hommage au film précédemment cité via de nombreux clins d'il d'autant que les deux films sont adaptés des mangas de Hiiragi Aoi). Donc le Royaume des Chats c'est beau, dépaysant, c'est un voyage fantastique plein d'humanité, de poésie et qui fait réfléchir sur l'enfance et l'adolescence.
Bon j'efface mon sourire béat et j'arrête avec l'infinie poésie des uvres du studio Ghibli car il y a plein d'autres auteurs brillants dans le monde de l'animation asiatique.
-Akira, Katsuhiro Otomo
Excellent film de science fiction, c'est l'un des premiers à faire rentrer l'animation dans un monde adulte avec une uvre complexe, violente, doté d'une véritable dimension politique et philosophique. Extrêmement bien réalisé avec son lot de scènes cultes (la fin, les courses en moto) Akira c'est du très bon cyberpunk nihiliste sans jamais être réducteur, une puissante métaphore sur le traumatisme nucléaire subi par le Japon, un incontournable de l'animation nippone.
-Ghost in The Shell, Mamoru Oshii
Attention la claque, Ghost in the Shell est l'un des chefs d'uvre de la science fiction, une uvre aussi riche que complexe, presque aussi belle qu'hermétique. C'est l'un des très rares films (avec les 2001 odyssée de l'espace, certains Lynch) ou je me suis dit : "je sais pas si j'ai tout compris mais en tout cas qu'est ce que c'est bien". Il est impossible de résumer sur le fond la richesse philosophique et métaphysique de cette uvre je me contenterais donc d'évoquer la forme extrêmement soignée, Oshii a su créer un univers d'une richesse inouïe, il faut aussi citer la musique parfaite de Kenji Kawai qui fait partie intégrante de l'atmosphère unique du film.
-Jin-Roh, La Brigade des Loups Hiroyuki Okiura
Scénarisé par Mamoru Oshii ce Jin Roh est encore une belle uvre de science fiction d'une étonnante finesse. En effet c'est une uchronie (c'est à dire une réécriture de l'histoire comme dans Watchmen par exemple) qui imagine un Japon devenu régime fasciste suite à la seconde guerre mondiale. Jin Roh est une uvre exigeante et puissante, assez complexe car en réalité il s'agit d'une affaire de contre espionnage sur fond d'histoire d'amour. Entre trahison et manipulations élaborées le film prend une belle dimension métaphorique en offrant une relecture assez sombre du Petit Chaperon Rouge.
-Paprika, Satoshi Kon
Difficile de choisir parmi la riche filmographie de Satoshi Kon, réalisateur fascinant qui aime jouer sur la frontière entre réel et fantasme. Au niveau du scénario je dois avouer une préférence pour l'incroyable et haletant Perfect Blue qui brouille avec finesse nos repères et nos représentations. Néanmoins, dans un pur esprit de contradiction, j'opte pour ce Paprika film très dense et parfois un peu confus mais d'une incroyable richesse visuelle, d'abord Satoshi Kon a un dessin très beau mais surtout le soin apporté à l'animation, le travail sur les couleurs et la grande science du détail sont impressionnantes, il ne faut pas oublier une musique aux accents electro tuante. Puis surtout ce qui justifie ce choix c'est que Paprika est une vibrante déclaration d'amour au cinéma, le plus extraordinaire des "déformateurs" de réalité.
-Final Fantasy : les Créatures de l'esprit, Hironobu Sakaguchi
Un beau film de SF tout en image de synthèse, alors d'abord éclaircissons une chose ce film n'a rien à voir avec la saga des jeux vidéos Final Fantasy, ce titre est donc assez mal choisi (en fait c'est parce que le réal a un lien avec les jeux, il en est le concepteur je crois). L'intrigue est efficace mais assez basique avec les thèmes récurrents de la science fiction post apocalyptique : l'essence de l'homme, le rapport à la Terre... toutefois l'action est bien menée avec des personnages classiques mais plutôt bien foutus. Surtout je voudrais saluer la réussite de l'animation offrant un bel univers fantastique très bien modélisé avec et c'est assez rare dans le monde de l'animation asiatique des personnages à l'hyperréalisme saisissant.
-La Traversée du Temps, Mamoru Hosoda
Je termine par un récent coup de cur pour ce fort sympathique film se livrant à un mélange des genres réussi. En effet le film se présente comme une uvre assez classique sur l'adolescence, l'amitié, les premiers amours mais il prend aussi une dimension fantastique avec l'héroïne du film qui se voit offert le pouvoir de remonter le temps. Au final on a un beau film, subtil et saupoudré de mélancolie, une uvre extrêmement agréable.
Voila et pour terminer cet aspect asiatique je veux encore citer quelques films :
-Pour ceux qui m'ont trouvé trop fleur bleue avec tous ces films légers je conseille le violent, dérangeant, amoral, masochiste Ichi the Killer episode 0, il est absent ce cette liste car je le trouve en dessous du film Ichi the Killer de Takashi Miike qui manie à merveille provocation, violence et réflexion.
-Le passage animé de Kill Bill, mémorable passage de quelques minutes réalisé par le japonais Katsuhito Ishii (on peut aussi voir un de ces courts animés dans son film The Taste of Tea) animation stylisée, violence graphique, c'est tellement parfaitement intégré dans le film que je n'ai pas voulu le citer pour ne pas le sortir de son contexte.
- Ninja Scroll de Yoshiaki Kawajiri, Midori de Hiroshi Harada et Le Roi des Singes de Wan Laiming, 3 films dont j'ai attendu dire beaucoup de bien mais que je n'ai pas vu (encore pour certains cela ne saurait tarder).
Pour finir et parce que j'aime bien le ciné d'animation je finis par un petit top 10 des films d'animation hors Asie (sans classement la aussi) :
- Red Hot Riding Hood, Tex Avery
Ah c'est absolument génial Tex Avery, hilarant et débordant de trouvailles j'adore, particulièrement ce personnage du loup légèrement obsédé, dans un autre registre ce personnage est tout aussi tordant en évadé du pénitencier poursuivi par l'impassible Droopy.

-Le Roi et l'Oiseau, Paul Grimault
Parce que ce film est un concentré de poésie, d'intelligence, parce que les textes sont de Prévert, parce que, entre autres, ce film a inspiré Miyazaki, parce que c'est de l'émerveillement pur quel que soit l'âge.
-La Planète Sauvage René Laloux
uvre totalement fascinante, d'une étonnante poésie, impressionnante visuellement (animation par découpage, cela fait un peu penser aux passages animés par Terry Gilliam dans les films des Monty Python). Un film assez unique, très beau, d'un intelligence rare, une invitation au voyage marquante.
-Wallace et Gromitt the Wrong Trousers, Nick Park
Tellement drôle et inventif, incroyable tout ce que l'on peut faire avec de la pâte à modeler, c'est simplement culte, notamment ici avec cet inoubliable pingouin.
-Aladdin, John Musker et Ron Clements
il fallait bien un Disney et dans ce domaine il n'y a pas d'objectivité, donc je cite Aladdin d'abord parce que j'étais amoureux de la Princesse Jasmine quand j'étais petit, puis que j'ai du le voir une bonne centaine de fois au point que je connaissais par cur les dialogues et parce que Iago est certainement le personnage Disney le plus marrant.
-Monstres et Cie, Pete Docter
il faut bien aussi citer Pixar les génies
de l'image de synthèse, difficile de faire un choix mais ce sera Monstres et Cie pour son
originalité et pour le génial Bob Razowski ou Mike Wazowski (en
VO). Je vous conseille aussi le tout court "La Nouvelle Voiture de Bob"
-Heavy Metal, Gerard Potterton, Jimmy T. Murakami
Violence, science fiction, nichons et rock n roll que demande le jeune? Une BO mortelle (Blue Öyster Cult, Black Sabbath) des personnages cultes (le mythique Loc-Nar !) un film sur lequel souffle un vent de liberté et d'impertinence (personnages tirant d'énormes rails de coke) impressionnant. A voir aussi l'épisode de South Park qui rend hommage à ce film culte (épisode 3 saison 12).
-Vincent, Tim Burton (j'avoue je le vole à Anna)
Court mais très beau, un concentré de l'univers burtonien, macabre, caustique, poétique, décalé. C'est aussi et surtout un bel hommage au grand Vincent Price spécialiste du cinéma d'épouvante et acteur fétiche de Roger Corman. Puis comme ça je ne ferais pas l'erreur de citer l'étrange Noel de Mister Jack réalisé par ce pauvre Henry Selick car on oublie souvent que Burton ne signe que le scénario.
-Les Triplettes de Belleville, Sylvain Chomet
Assez difficile de décrire cette uvre vraiment atypique, une exploration poétique et drôle de différents aspects de la culture populaire française en évitant toujours les clichés ou la franchouillardise, ici les apparences sont trompeuses le ridicule est émouvant, le kitsch se fait mélancolique et les mamies voutées sont d'éternelles extravagantes !
-Persepolis Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi
Pari difficile que cette adaptation d'une BD en noir et blanc certes humoristique mais avec une forte dimension politique, pourtant il faut admettre que c'est une réussite, l'animation est très bien foutue, fluide et l'humour est au rendez vous, un pas important qui montre les possibles du film d'animation pour adulte.
Nostalgic du Cool