Dreams, des rêves d'ou l'on sort éveillé
Dreams n'est pas un film ordinaire. Dreams, c'est huit courts métrages. Dreams, c'est 1h 54 de poésie. Dreams, c'est quelque chose de personnel et d'universel, ce sont les rêves de Kurosawa et les notre, c'est notre enfance et notre avenir, c'est notre innocence et notre bêtise.
Ce film est donc composé de huit parties bien distinctes qui peuvent être vu séparées, mais qui prennent tout leur sens vu ensemble.
* La première partie, intitulée Soleil sous la pluie, raconte l'histoire d'un petit garçon (Kurosawa enfant). Il pleut, le soleil brille. Le garçon est juste sous la porte, protégé de la pluie, regardant tomber les gouttes. Sa mère approche et lui explique la signification de cet étrange phénomène climatique : "Ces jours la, les renards se marient, et ils n'aiment pas qu'on les voient; rentre donc". Mais il s'en va, dans la forêt (magnifiques images d'arbres brillants d'humidité), à travers les bambous et les pins. Dans la brume qui se dissipe, il voit apparaître une procession: ce sont les renards, qui joue, danse. Ils l'aperçoivent et il s'enfuit. En rentrant, il trouve sa mère devant la porte: elle lui tend un couteau dans un étui et lui dit :"ce sont les renards qui ont apporté ça, pour que tu t'ouvre le ventre. Va donc tout de suite les trouver, et te faire pardonner. Mais il n'excusent pas facilement, prépare toi à mourir" -"Mais je ne sait pas ou ils habitent" -"au pied des arc en ciel". Le petit enfant cours donc à travers la forêt, le voila maintenant qui parcours un magnifique parterre de fleurs multicolores.... Devant lui se dresse une vallée verdoyante, surplombée par un arc en ciel, le voila presque arrivé.
La porte symbole de passage, l'enfance, la forêt, les esprit ("renards") et leur cruauté. Sa mère qui lui ferme la porte de son foyer car il a surpris les renards, voila le premier rêve du maître.
* Le verger au pécher. Kurosawa, toujours enfant, apporte un plateau de nourriture à sa soeur et à ses amis, qui fabriquent des poupées pour une fête. Il remarque qu'elles ne sont plus que cinq, alors qu'il en avait compté six auparavant. Question à sa soeur, qui nie avoir jamais été entouré par cinq amis. Aucun des deux ne démord, quand tout à coup l'enfant s'exclame: "Ah, tu vois bien, la voila !" Une jeune fille se tient en effet debout dans la pièce voisine. La soeur se lève, et inspecte la pièce: rien. Elle s'inquiète de la santé de son frère, qui va regarder plus loin. Dans le couloir, nouvelle surprise: revoilà la fille, elle s'enfuit, gambadant à travers les roseaux. Il la suit, courant après elle dans la forêt, près des champs. en quelques enjambées, la voila dans un verger, elle semble le narguer puis monte le verger à flanc de colline. Il veut la suivre, mais, surgis du néant, se dressent devant lui toute une troupe d'hommes et de femmes masqués. Ce sont les esprits des pécher que sa famille a coupés... Et qu'est ce qu'une fête des poupées sans verger de pêchers fleuris ? Il explique qu'il regrette, que sa famille ne l'a pas écouté, et que lui a pleuré quand ils ont été coupés... Devant une telle émotion, les esprits décident de lui offrir une dernière fois le spectacle du vergé en fleur. Danse, musique, théâtre, pétales de fleur: le garçon est émerveillé: le voila qui se dandine de joie: les esprits se métamorphosent en verger, les arbres ont comme repoussés, ils sont fleuris et offrent un spectacle magnifique. Au beau milieu de ce rêve éveillé, voila que réapparaît la fillette, il s'avance, grimpe une a une les terrasses, et s'arrête: tout s'est arrêté, la musique ne joue plus, les arbres ne sont plus la, il ne reste que leur souche. Mais la ou se tenait la fille, se dresse, tendre et frêle, une pousse fleurie de pêcher.
La scène de la danse des esprits est vraiment superbe; Kurosawa arrive à suggérer un verger grâce à une chorégraphie assez simple (Kabuki) et lente mais très belle. La musique accompagne parfaitement jusqu'au moindre mouvement des vêtements des esprits. On pleure presque avec l'enfant...
* Pour le troisième rêve (La tempête de neige), on passe des vergers fleuris et verdoyants aux cimes enneigées et au blizzard. L'avatar de Kurosawa est un alpiniste dans une cordée prise dans une tempête de neige. L'ambiance est bleutée, la neige tombe a gros flocon dans un vent violent, on n'y voit presque rien et les hommes semblent épuisés. Ils respirent bruyamment et la plupart semblent découragés. Les voila qui s'arrêtent, perdus et au bord de l'endormissement. Trois cèdent, le dernier, n'arrivant pas à les ranimer, s'effondre à son tour. Alors qu'ils semblent perdus et condamnés à mourir gelés, une fée (ou du moins une femme) surgit de la tempête et recouvre le personnage principal d'un châle gris et pailleté, brillant dans la tempête. Ses cheveux sont longs et noirs, sa figure semble bienveillante, même si elle partait terrible. Sauvé par cette intervention, le montagnard se réveille, croit rêver, et voit la femme s'envoler, puis se transformer en voile. Il réveille alors ses camarades, pendant que la tempête se calme et que le ciel fait son apparition, s'apercevant alors que le bivouac tant recherché est a quelque mètres...
Premier rêve sombre et triste, celui ci parle de la mort, des épreuves, d'une femme surhumaine qui sauve des hommes se laissant aller à la mort (le frère de Kurosawa s'est suicidé, et lui même a fait une tentative).
* Le tunnel est le rêve suivant. Le personnage marche le long d'une route, il est vêtu d'un uniforme militaire qui laisse supposer un certain grade (capitaine), il porte son baluchon sur le dos, rentrant sans doute chez lui. Il arrive devant un tunnel dont on ne voit pas le bout. Il s'arrête, contemple la noirceur de l'édifice, quand soudain en sort en chien, aboyant, menacent, portant sur son dos des grenades (il me semble). Le capitaine s'engouffre dans le tunnel, laissant le chien à l'entrée. Il y a de la neige sur le sol des premiers mètres, et la lumière renvoyée est bleutée, les parois semblent irradier. Puis vient le noir, et très vite le rouge, provenant d'une ampoule de fin de voie (ferrée) l'éclaire. Alors qu'il sort du tunnel et marche de nouveau à l'air libre, il entend des pas derrière lui; Et voit sortir du tunnel, à un rythme militaire, un soldat: un de ses soldat. Il est bleu. Il s'appelle Noguchi et est mort au champ de bataille. Le capitaine se rappelle avoir veillé sur lui lors de son coma, il lui avait alors raconté qu'il avait rêvé d'un scène, et la tenait pour vrai. Puis il était mort. Noguchi raconte à nouveau cet épisode rêvé qui présente à nouveau comme réel. Le capitaine le raisonne. Le soldat réfléchit puis accepte, mais signale que sa famille l'attend et ne croit pas à sa mort. il montre une maison, à quelque distance, puis fait demi tour et s'engouffre dans le tunnel. Il s'apprête, encore sous le choc, à reprendre son chemin, lorsque un bruit bien plus fort se fait entendre, provenant encore du tunnel : Un roulement, un vrombissement, une cadence, un bruit de pas... Toute une compagnie sort du gouffre noir et s'arrête devant son capitaine. Tous sont bleus, et eux aussi, mort lors de la guerre. Il doit le leur expliquer, il avoue sa honte de ne pas être mort lui aussi, d'avoir seul survécu, avoue ses remords, ses vaines tentatives, sa responsabilité dans leur mort, qu'il ne veut pas imputer à la bêtise des ordres militaires, sa souffrance pire que la mort, son sort déshonorant.... Puis, dans un salut militaire, les renvoient dans le tunnel: "Demi touuuur; en avaaant, maaaarche !"). Enfin, il peut s'en aller, lorsque surgit le chien, celui la même qui l'avait accueilli à son entré du tunnel. Toujours aboyant.
Dans ce rêve plein de remords et d'horreur de la guerre, on peut croire que le personnage entre en enfer (chien = cerbère) ou qu'il ne va pas ressortir du tunnel pour s'enfoncer dans la folie, ou les remords, mais non. Le chien, justement, est peut être le symbole de ces sombres pensées qui le torturent. Il le laisse sur le carreau à la sortie du tunnel, et passe en quelque sorte ses trois épreuves...
* Les corbeaux. Beaucoup moins torturé, plus lumineux. Un amateur d'art se promène dans une galerie. Il passe devant une série de tableau de Van Gogh, s'assoie sur un tabouret, prend son matériel, puis se tourne vers un escalier. Zoom sur une toile, immobile, qui s'anime: voila notre amateur dans le tableau: il questionne en français les lingères qui s'active au bord de la rivière, sous un pont multicolore. "Où est monsieur Van Gogh ?". " -Il est parti il y a peu, mais prenez garde, il est fou (grands rires)". Il traverse le pont, arpente les routes, bordés de tulipes et de champs de blé fauché et mis en meules. Comme s'il traversait les tableaux du maître hollandais. Le voila justement au beau milieu d'un champ, griffonnant frénétiquement sur un carton à dessin. Il expose ses problèmes au jeune homme. Son oreille est coupée, il n'arrivait pas à la peindre pour un autoportrait. Il engrange la nature, la dévore, est obligé de la restitué, dessine en permanence. Il doit se presser, à cause du soleil. L'amateur d'art admire le soleil qui en effet, lui dans un ciel provençal. Le temps qu'il se retourne, le peintre a disparu. Il court dans des toiles, cette fois ci bien réelle du maître. Il aperçoit enfin l'homme après avoir parcouru des chemins aux maisons blanches et rouges, ou bien bleues et vertes... Van Gogh est au sommet d'une colline, et marche d'un pas pressé. Un vol de corbeau passe alors qu'il disparaît... Arrêt sur image, zoom arrière... La scène devient toile, le visiteur sort de la pièce.
Ce rêve est tout simplement fabuleux pour les amateurs de Van Gogh: Ses tableaux deviennent scènes, le peintre est un Scorcese méconnaissable, les toiles s'enchaînent, on observe leur moindre détail, les couleurs, le coup de couteau, de pinceau. Ca brille, ça resplendit, c'est du génie...
* Le mont Fuji en rouge. La peur atomique. Un homme, court à rebrousse foule. -"Mais que se passe-t-il ?". Il s'arrête devant une barrière. Le mont Fuji est encerclé de flamme: une femme et ses enfants s'arrêtent près de lui, ainsi qu'une homme en costard: "Ce sont les six centrales, elles ont exploser, et les réacteurs s'enflamment les uns après les autres". L'île est trop petite, on ne pourra pas s'échapper, pourquoi fuient-ils ? On ne peut pas mais on essaie ! Au bord d'une falaise, les trois même (plus les deux enfants, blottis contre leur mère). Mais ou sont passés les autres. Au fond de l'océan. Le mont Fuji a rougit, rougeoyé, puis a pris la couleur d'une barre de fer qui sortirait d'une forge, virant presque au blanc.... L'atmosphère du bord de mer est plus calme, le ciel est encore bleu, mais des nuages se rapprochent: ils sont de différentes couleurs. L'homme en costard explique les propriétés de chaque fumée en fonction de sa coloration. Tous sont cancérigènes à très faible dose. Pendant que les autres reviennent de leur stupeur, il s'est jeté du haut de la falaise. Le premier nuage, rouge, arrive: la mère protège ses enfants, et l'homme brasse l'air avec son blouson.
Exprimant la peur de l'atome du réalisateur, peut être le souvenir de 1945, ce film décrie aussi l'inconscience des gens et les mensonges du système qui, pour acheter sa prospérité à bas prix, préfère utiliser le nucléaire sans se préoccuper des problèmes et des risques qu'il entraîne, plutôt que de chercher à vivre en harmonie avec ses capacités énergétiques. Le pauvre homme lutte désespérement et pathétiquement contre ce que le sytème a engendré.
* Les démons larmoyants. Une plage, grise, sable noir et mou, fuyant. Un homme essaie de monter sur une dune, le vent est assez fort et il soulève des nuages de ce sable dont la couleur ne parait pas naturelle, il semble comme vitrifié et souillé. Il rencontre soudain un homme, vêtu de guenilles, avec une corne sur le front. Il titube, s'enfuit, s'arrête, examine... Puis le dialogue est entamé entre les deux hommes. Le second explique sa mutation, la vie qu'il mène, lui mais aussi ses congénères, réduits à l'anthropophagie. Il expose les nouvelles castes créées: une corne, deux cornes, trois cornes et plus... Il montre des pissenlits de deux mètres de haut, raconte avoir vu des poissons velus et des lapins à deux têtes, tous impropre à la consommation... Il amène alors le pauvre homme sur une crête de dune, d'ou ils voient une harde de démons en train de se tordre de douleur, à cause de leurs cornes et de la nuit qui tombe. D'ailleurs, celui qui accompagnait l'humain perd la raison et le poursuit, et les voila qui dévalent la pente, soulevant des gerbes de sable dans le vent...
Septième et avant dernier rêve, celui ci expose à nouveau la peur du nucléaire à travers une vision terrible de la vie post-nucléaire. Les humains, les végétaux et les animaux ont mutés, les voila réduit au pire état qui soit, contrait de se manger entre eux, ou de se lamenter en souffrant. Le paysage est désertique, gris, sans vie, triste... l'exact inverse du dernier rêve:
* Le village aux moulins. Un homme, venant visiblement de la ville, en chemise à carreaux, traverse un pont qui mène sur un îlot, au milieu d'une calme rivière algueuse. Un groupe d'enfant le dépasse ("Bonjour"), cueille une fleur, et traverse le second pont qui rejoint la terre ferme, ou il dépose le bouquet sur une pierre. Le voyageur traverse lui aussi, intrigué. Il longe deux ou trois maisons, toutes équipés de moulins plongeant patiemment leurs pales dans les eaux de la rivière. Il rencontre un vieillard assis sur un tronc-banc, en train de réparer une roue à aube. Il se met à le questionner sur tout ce qu'il voie, et chaque question en entraîne une autre, le visiteur étant de plus en plus surpris et charmé. Il se trouve en effet que le village n'est pas équipé de l'électricité, que les habitants vivent selon un mode de vie respectueux de la nature, à l'instar des anciens. Ils ne refusent pas le progrès et la science, mais regrette qu'ils soient souvent utilisés contre la nature, alors que chaque homme en est une parcelle. Ce village est donc en totale harmonie avec la nature, sans que les habitants en partissent. Entendant une fanfare, le jeune homme demande si une fête à lieu. Ecoutant plus attentivement, le vieil homme répond que non, ce n'est pas une fête mais un enterrement, mais que comme la femme qui est morte avait eu 99 ans de vie bien remplie et heureuse, on commémore sa disparition dans la joie. Il raconte alors en souriant que cette femme fut son premier amour, mais qu'elle se maria avec un autre, le rendant malheureux. Ils se rendent tous deux vers la fanfare, dont le vieux prend la tête quand elle passe devant lui. il venait d'expliquer au jeune homme toute la beauté de l'existence: "on se plaint toujours, on dit que la vie est dure, mais elle est magnifique". On suit quelques temps la fanfare, puis on s'arrête sur un plan merveilleux des algues qui suivent le courant.
Générique
Ce dernier rêve, un peu plus long, est mon préféré. La vision simple de la vie du vieil homme; sagesse incarnée, m'a vraiment plue. Sa vision de la mort aussi (en effet, la pierre sur laquelle les enfants déposez des fleurs est en fait la tombe d'un étranger qui, malade, est mort prés du pont, et qu'on a donc enterré la). Fresque écologiste, c'est par ces magnifiques couleurs et sa musique merveilleuse que le film se conclut, que les 8 rêves s'achèvent, sur une touche résolument optimiste.
Comme je l'ai déjà dit plus haut, ce film n'est pas un film ordinaire. Il est composé de rêves dont Kurosawa s'est souvenue et qu'il a fait durant toute sa vie. Sortant des genres qui l'ont rendus célèbres, comme le film historique, le film de sabre, le polar, le réalisateur (avec le soutien de Spielberg et de Lucas pour la production) produit la son film le plus intimiste (Testament on dit certains), le plus personnel, un film sur lui, comme un témoignage pour le futur, pour nous livrer à travers son inconscient une vision, sa vision, alors qu'il a 80 ans. Un psychanalyste serait je pense devant une mine d'or avec ce film. Au delà de cet aspect personnel, Kurosawa livre un film aboutit, superbe visuellement et musicalement (le concerto de Mikhail Ippolitov est superbe, ainsi que tout le travail d'Ikebe). La photo est la plus belle que j'ai jamais vu pour ce genre de décor: les verts et les bleus sont superbes, ainsi que les contrastes dans les deux premiers rêves quand il film les arbres et les pétales de pécher. Les algues qui ondulent, dans le dernier, sont elles aussi une image digne des plus beaux tableau. On les croirait d'ailleurs sortis d'un tableau de Monet.
Tableaux, tableaux... Kurosawa les enchaînent, chaque plan en est un, immobile ou agité mais toujours magnifique, rouge ou vert mais jamais disgracieux, violent ou joyeux, et toujours en harmonie. L'harmonie, voila ce que dégage ce film, une grande impression de sérénité, de maturité. Une fresque magistrale sur l'homme, la vie, la nature.
Une merveille...
Casting: Akira Terao: "Moi"
Mitsuko Baisho: mère de "moi"
Toshie Negishi :La mère portant ses enfants
Mieko Harada :La fée des neiges
Mitsunori Isaki: Moi garçon
Toshihiko Nakano: moi petit enfant
Yoshitaka Zushi: Noguchi
Hisashi Igawa: L'homme au costard
Chosuke Ikariya: le démont pleurnichard
Chishu Ryu: le vieillard
Martin Scorsese: Van Gogh
...Suite ici
PS: Voila, j'ai essayé de résumer les histoire du mieux possible, pour tenter (dans la mesure de mes capacités d'écriture) de rendre leurs atmosphères propres. Désolé par avance pour ls style parfois maladroit. Rendre par écrit des images est difficile.
"Ce sont huit histoires qui racontent des rêves. Les émotions assoupies dans nos coeurs, les espoirs secrets que nous tenons bien cachés en nous, les sombres désirs et les craintes que nous recelons dans un recoin de notre âme, se manifestent avec honnêteté dans nos rêves. Les rêves traduisent ces sentiments, et les expriment, de façon fantastique, dans une forme très libre. Dans ce film, je veux essayer de relever le défi de ces rêves. Certains proviennent de l'enfance, mais il ne s'agit pas d'un film autobiographique, plutôt de quelque chose d'instinctif." (Akira Kurosawa).
Carcharoth