La chateau de l'araignée, le Macbeth nippon, où la damnation d'un homme pris dans la toile du destin...
Juste avant Les bas fonds, 3 ans après Les 7 samouraïs, Kurosawa réalise Le château de laraignée, récompensé à Venise par un Lion dor. Adaptation « libre » de la pièce- MacBeth -de Shakespeare, le film transpose laction de la célèbre tragédie de lEcosse au Japon, du XIème siècle au XIVème siècles. Une fois encore le génie de Kurosawa et sa maîtrise du 7ème art sont bluffant. Il arrive (comme il le fera dans Ran plus tard) à transposer (« extraire » dit N. Saada dans lédition Wildside) toute la substance de la pièce shakespearienne tout en conservant son style, en imposant sa marque et sa vision. Le Roi Lear et MacBeth sont souvent deux pièces que lon oppose, lune étant plus lumineuse, optimiste alors que lautres est sombre et décrit la damnation dun homme. Aussi il est bien que Kurosawa est tout dabord réalisé celle-ci, en noir et blanc, dans une ambiance touffue et oppressante, alors que Ran (adaptation du roi Lear) sera tourné en couleur, dans des décors magnifiques et avec une débauche de splendeur digne des plus grands films. Le symbolisme du film et son sujet sont bien plus à laise dans le noir et blanc assez peu contrasté de lépoque. Mais pour commencer, et pour ceux qui ne replacerais pas bien la pièce, un petit résumé :
La trame principale est identique chez les deux génies que sont Kurosawa et Shakespeare, je vais donc la décrire en utilisant les noms dorigine (je donnerai la transposition japonaise ensuite). Duncan est le roi, il est sage, aimé de tous et respecté par ses sujets. Mais une guerre a éclatée aux frontières et ses forts sont attaqués par les armées ennemies. Mais très vite les nouvelles arrivent et la victoire semble acquise.
Les généraux du roi qui défendaient lesdits forts sont en chemin pour lui annoncer la victoire, quand au beau milieu dun lieu désert, ils rencontrent trois sorcières qui leurs prédisent un avenir radieux : lun deviendra roi (après avoir été nommé gouverneur dune province) alors que lautre placera son fils sur le trône. Ny croyant pas, ils sen vont et rejoignent enfin la cours où ils annonce la bonne nouvelle au Roi, qui leur confie les charges que les sorcières avaient annoncées ! Le doute sinstille alors dans leurs esprits. Dans sa nouvelle baronnie, Macbeth ressasse cette prophétie, tandis que sa femme lenjoint de se lancer à lassaut du royaume afin de hâter sa réalisation. Mais Macbeth est encore retenu par sa fidélité et sa gratitude envers son roi. Cependant sa femme, ambitieuse et machiavélique le pousse chaque jour à passer à laction, ce quelle réussit à faire le jour ou le souverain, suite à une partie de chasse viens passer la nuit dans son château. Il le tue alors de ses mains, faisant peser la responsabilité sur un autre général, qui aurait pu lui faire de lombre, et accède ainsi au trône, le fils de roi ayant fuit Durant quelques temps, il se satisfait de sa condition et semble saccommoder des crimes quil a du commettre pour arriver la, se réfugiant sans doute mentalement derrière la prophétie des trois sorcières. Mais le jour où sa femme accouche dun enfant mort-né, son esprit se tourne vers son ami Banquo, dont le fils Fléance) devait régner après lui, et se met à le jalouser et à sen méfier. Il le fait alors assassiner, mais ne parvient pas à éliminer son fils, qui se réfugient chez les anciens ennemis qui ont accueillis tous les fuyards du royaume et préparent leur revanche. Hantés par cette menace, Macbeth se rend la ou il avait rencontré les sorcières pour leur demander de prédire son avenir. Elles lui répondent laconiquement quil ne perdra pas une bataille tant que la forêt nattaquera pas son château (et quil ne sera tué que par un homme non naît dune femme). Malheureusement les sorcières sont joueuses, et la forêt bouge, car les armées ennemies sen serve pour se camoufler et sont ainsi comme des arbres qui avancent vers le château. Perdant toute autorité, Macbeth combat avec la rage du désespoir mais quant il rencontre Macduff, naît avant le terme, il perd son courage et meurt. Le fils de lancien roi et rétabli et la paix assurée.
Voila grosso modo lhistoire commune. La mort du tyran nest pas la même, ainsi que quelques autres détails, inhérent à la niponnisation de luvre ou au medium adopté (cinéma et non plus théâtre). Pour commencer, dès le début du film on peut noter une différence majeure : Les sorcières ne sont plus trois et dirigées par Hécate (déesse de la nuit, des carrefours, plus tard réutilisée dans divers types de sorcellerie, on la représente souvent avec trois corps ), elles sont remplacées par un esprit, homme, blanc et vieux qui file (de la laine) dans la forêt, (Pour cette figure voir le rapport avec le Nô) abrité par une cabane évanescente (déjà une toile daraignée ? A-t-il prit Mifune à son piège ? La-t-il rattaché au fil de son destin tragique ?). On peut légitimement se poser la question. Ou est ce simplement la reprise dune figure du Nô bien connue et dailleurs reprise dans les bonus du DVD de Wildside. Pour continuer avec le fantôme, on peut aussi remarquer qualors que les sorcières lançaient un sort, celui-ci se contente de réciter une sorte de longue maxime, une pensée sur la condition humaine (« fantôme: misérables passions humaines... les hommes reçoivent la vie et naissent ici bas. Qu'on soit homme ou insecte, la vie est éphémère,
mais stupides sont les humains car ils se font souffrir pour rien. La
vie des fleurs ne dure qu'"un court instant. Elles finissent par se
faner et mourir puis pourrissent sur la terre mais les hommes refusent
cette condition des leur naissance. ils sont prisonnier de leur passion
ils brûlent leur vie immodérément dans les flammes des 5 désirs. ils se
vautrent sans vergogne dans l'eau des 5 souillures. Pêché après
Péché ils augmentent leur souffrance et quand ils atteignent le plus
profond des doutes ils meurent et leur corps pourrit et sur cette
pourriture vont pousser des fleurs. C'est ainsi que l'odeur de
pourriture se transforme en une délicate fragrance elle prête vraiment
a rire la vie de ces pauvre humains (bis) »).
Pensée qui ressemble certes beaucoup au ton de la pièce. Mais ne nous attardons pas trop sur les quelques détails qui différent entre les deux versions, car bien sur on pourrait cité la nation et la culture, qui nont presque rien à voir (quoique la situation historique globale est assez similaire : Début de la féodalité, de la construction de châteaux et de forts, querelles intestines, difficulté dimposer une lignée stable, ), les quelques personnages qui manquent dans le film, etc Mais limportant nest pas vraiment la pour le spectateur lambda. Je conçois que les puristes de Shakespeare soient un peu exaspérés des nombreuses adaptations plus ou moins heureuse que lon a pu faire de cette pièce, mais il leur faudra bien reconnaître que celle-ci est spéciale, unique et géniale en son genre. Ce qui est important donc ce sont les moyens mis en uvre par Kurosawa pour reproduire leffet du vers Shakespearien, la poésie du phrasé et la densité de la pensée ; lambiguïté (les différents niveaux de lectures) du sens et la métaphysique de luvre Shakespeare est en effet un auteur très spécial, considéré comme un des plus grands tragédiens de tous les temps, auteur de poèmes, de sonnets (quheureusement C. Bruni na pas repris ), de comédies et dessais. Son vocabulaire (extrêmement riche, plus de 15 000 mots !) et la rythmique des mots quil utilise ne pouvant pas être traduit, penser pouvoir reproduire leffet de sa lecture en langue anglaise en japonais serait une erreur, que ne fait pas Kurosawa. Il passe en effet par dautre biais pour retranscrire les effets de la pièce, et surtout sattache plus au sens et à limage quaux simples mots (puisque de toutes façon ce nest pas possible à moins de tourner en anglais, et encore, la version de Welles montre bien les limites du cinéma à cet égard). Cela est dit un peu partout, la génial japonais a utilisé et expérimenter les techniques du théâtre Nô pour ce film. Donc, avant daller plus avant dans une liste non exhaustives de lapport de ce théâtre dans ce film, je pense quil vaut mieux un petit laïus sur le Nô.
Le Nô est un genre théâtral faisant appel au chant et à la danse, apparu au XIVème siècle sous la protection du shogun Yoshimitsu Ashikaga, théorisé par Kan.ami et Zeami (son fils). Extrêmement codifié (par le Hiden, tradition secréte, dévoilée en 1909), cest le genre le plus hermétique aux non-initiés. Les pièces se déroulent sur une scène en bois assez petite, derrière laquelle tient lorchestre. A droite un porche abrite le chur, tandis que les acteurs pénètrent sur la scène par une rampe, considérée comme partie intégrante de cette dernière, même si les acteurs jouent peu dessus. Les acteurs justement, portent des masques qui cachent leur visage et donc empêche un jeu « facial ». Tout doit passer par le corps, les attitudes, les danses. Le plus souvent il ny a que deux acteurs, dont un fait presque tout, le second (Waki) ne servant que de prétexte aux danses. Le registre des pièces est assez restreint, et près de la moitié ont été écrite par Zeami qui a aussi produit une littérature très prolifique sur la relation entre lacteur et le public. Les décors ne changeant jamais (toujours un cèdre peint sur la paroi de bois du fond), cest à lacteur principal et à la musique daider le spectateur a créer lui-même lambiance et le contexte. Il ny a de toutes façon bien souvent pas dintrigue mais plutôt la développement dune émotion, dun acte, de la vérité simplifié. Le raffinement de cet art na dégal que sa complexité et sa sobriété. (PS : pour ceux qui seraient intéressé, il y a quelques théâtres Nô en France, dont un à Aix en Provence qui est le seul en Europe a être construit selon la tradition japonaise).
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Kurosawa, dans lun des extraits dinterview que lon peut voir, explique quun non-japonais ne peut pas comprendre le Nô ou ressentir ce quil faut, ou même se divertir devant une pièce. Les éléments quil a extrait pour les utiliser dans les films sont eux en tous cas terriblement perceptible, même si ce nest pas au premier abord consciemment, on ressent très bien la différence avec une mise en scène classique. Certains aspect dailleurs mont fait penser dune certaine manière au théâtre de la Grèce antique : un ou deux acteurs, masqués, sur une scène avec un décors minimaliste, un chur, une rampe (deux pour la Grèce), un genre très codifié, des acteurs uniquement masculin, qui jouent et dépeignent, au delà dune histoire, les sentiments humain, les émotions, etc
Autre élément qui ma fait penser à une tragédie grecque, cest la présence dune sorte de parodos au début du film, lorsque un chur entre en scène et parle : « voyez donc voila ce qui reste des rêves de ces hommes. Les obsessions
dont ils étaient prisonniers résonnent encore en ce lieu. Hantés par
les passions les plus folles. Ces hommes sont tombés dans la voies du
sang. Hommes d'hier, hommes d'aujourd'hui rien n'a changé. »
Petite parole a porté universelle qui introduit et clos lhistoire, annonçant dentrée la fin, dans le sang, de la vie des hommes dont il va être question. Enfin peut être que la comparaison avec la Grèce antique nest que le fruit de mon imagination interprétative malade (pourtant je ne lis pas les « Cahiers »), mais sur le coup elle ma semblé pouvoir être pertinente, et pouvoir expliqué pourquoi dune certaine manière, presque ataviquement, on arrive nous aussi (pauvres européens non habitués au Nô) à simmerger dans lambiance du film. Sans doute aussi parce que Kurosawa na pas fait de la pièce de Shakespeare une pièce de Nô, mais a simplement importé des éléments de ce dernier dans sa mise en scène qui reste du domaine du cinéma, réalisant une sorte de syncrétisme entre le théâtre classique européen, le cinéma et le nô. Enfin, dernière notion qui se retrouve chez les Grecs, les shintoistes, les bouddhistes, , cest celle de la mesure, dévitement de lHybris, de lexcès (« brûlent leur vie immodérément dans les flammes des cinq désir »). Hybris qui caractérise les envies et passions de Macbeth, alias Taketori Washizu (pour la totalité des correspondances voir fin de larticle), poussées et attisées par sa femme, qui comme dans la bible est ici la tentatrice, celle par qui le mal passe dans lhomme et dans lhumanité. Un peu comme Pandore ouvrant la boite, Lady Macbeth (alias Asaji, et pas de jeux de mots possible avec la sonorité française !) répand sur son mari toutes les tentations, tout le mal et ne conserve en elle que la folie, vice quelle seule devra porter Michel Estève note aussi (vu ici) que « le sang du suzerain assassiné passe des mains de lhomme à celle de la femme », faisant bien sur référence à la scène de la tache de sang imaginaire qui ne sefface pas. Cette femme dailleurs est le personnage le plus intéressant à étudier, à voir évoluer dans le film, et voir jouer Isuzu Yamada est un pur délice : elle utilise les techniques du nô évoquées plus haut, comme le masque (qui bien que non apparent est bien la, elle ne cligne pas des yeux, a un maquillage qui rappelle les dessins du masque féminin, etc ), la marche dansante, les attitudes et la façon très « corporelle » de faire passer les émotions. Son visage ne séclaire par, ne pleure pas, ne se déforme pas (sauf peut être lors de la scène ou sa folie se révèle, mais elle nest plus elle-même ), et seul son corps laisse transparaître ses émotions. Il nen est pas tout a fait de même pour Mifune (Washizu) qui si lon reprend la comparaison avec le nô, représente le shite, donc lacteur mobile (par opposition avec le waki, la plupart du temps immobile, sa femme, Asaji). Son visage, toujours aussi expressif nest pas vraiment un masque, même si il arbore ses grands yeux exorbités et cette bouche presque déformée en quasi-permanence. Ses traits sont en effet bien plus souvent en mouvement que ceux de sa femme, et il na pas les caractéristiques faciales du masque du shite. Par contre, la scène ou il voit apparaître le spectre de Miki alors quil vient denvoyer un de ces hommes le tuer et ou il se réfugie sur lestrade derrière lui ma fait pas penser à une sorte de mise en abîme du théâtre, lestrade étant la scène sur laquelle sa folie se révèle, devant les spectateurs médusés que sont ses généraux. Continuons encore avec le nô. La mise en scène, toujours fixe, en plan large, fait bien sur penser à une scène, à un espace de jeu fixe. Kurosawa nuse pas de gros plan, ni pour mettre en avant les émotions des personnages (puisquon a dit de toutes façon quelles étaient autant sinon plus indiqué par le corps et la posture que par le visage, code que nous sommes trop habitués à voir presque exclusivement en occident). Les séquences sont donc uniquement en plan large ou moyen, même les scènes avec les chevaux sont fixe, ce qui déstabilise un peu au début, avant que lon ne soit saisi par la qualité et leffet de vitesse et de mouvement quarrive à donner Kurosawa a sa scène et ce sans travelling
La toile du maitre :
Passons maintenant au thème de laraignée, central dans ce film, présent dès le titre, et qui donc vient souvent à lesprit. En parlant desprit, comme je lai déjà dit, il tisse quand il « reçoit » la visite de Washizu et Miki : Donc motif de la toile. De plus, il vit dans une cabane fait de bouts de bois très lâches, un peu comme une toile ou il prend les deux égarés au piège cette cabane se trouvant elle-même au centre dune forêt inextricable, parcourue dinnombrables sentiers et nommée très justement forêt de laraignée. Elle sert de protection naturelle au château, mais est aussi la toile du destin ou se tisse (se peignent !) tous les malheurs de son futur occupant. Enfin, symbole auquel je navais pas pensé seul et que ma inspiré le même site que plus haut, la scène finale ou Washizu se fait tuer par ses propres archers (alors que dans la version de Shakespeare, il est tué par Macduff (le seul à pouvoir le faire, puisque né avant son terme, comme le prédisait métaphoriquement les sorcières, ce que ne fait pas le fantôme de Kurosawa)) peut être interprétée sous le motif de la toile, puisque les flèches lenserrent de plus en plus sur le « balcon » ou il est, et finissent par le clouer,, limmobiliser presque. La comparaison prend encore plus de sens, quand on sait que les flèches étaient guidées lors du tournage par des fils de soie ! Mifune a vraiment du ressentir lhorreur de linsecte pris dans la toile de larachnide (et comme le fait encore remarquer ce décidément très bon article), lemblème de Washizu et une sorte de scolopendre
Autre thème que lon peut lier au thème arachnéen, au thème sombre en tous cas, cest la brume omniprésente dans le film. Tourné autour du Fuji et dans un décors sombre (sable noir, château en bois sombre, forêt dense et peu lumineuse, etc très nombreuses scènes de nuit aussi !) et lors de jour de brouillard, le film transpire de cette ambiance brumeuse, épaisse, de purée de poix dans laquelle on sempêtre, on senglue comme dans un marais, comme dans une toile.
Dans le commentaire de la Pléiade on peut lire ceci : « la tragédie de Macbeth, malgré ses chevauchées fulgurantes et le tumulte de ses batailles, parait touffue et irrespirable, toute entière dédiée à la nuit [ ]Le chemin parcourut par le héros léloigne de la grâce à chaque pas [ ] lhistoire de Macbeth est une damnation. » Macbeth / washizu, tant quil se démené, se bat, vit, ne fait que sentortiller davantage dans la toile dans laquelle il sest jeté en acceptant la prophétie, et/ou en cédant à ses pulsions, à ses « obsessions » (Asaji nasséne-t-elle pas, lempéchant de se leurrer: « Tous les guerriers rêve un jour de posséder leur château »). Seule la mort viendra le « libérer ». le film en lui-même est une confusion permanente, un enlacement, un entremêlement (pour filer la métaphore de la toile ohohoho !) du bien et du mal, des valeurs, du jugement : Doit on pleurer ou maudire Washizu, sa femme, qui finalement porte le stigmate et subit la madéiction quelle a déclenchée. Doit on réellement tenir lhomme pour responsable (comme dirait JP Sartre, « dans la vie on ne fait pas ce que lon veut mais on est responsable de ce que lon est ») de ce quil est, ou simplement rejeté la faute sur le destin, qui semble implacable, véritable fatum. Une autre citation du même auteur aurait pu sappliquer à Washizu, pour sinscrire en faux vis-à-vis de sa femme : «Etre libre, ce nest pas pouvoir faire ce que lon veut, mais cest vouloir ce que lon peut ».
Parlons un peu des acteurs. Mifune, Yamada, Takashi Shimura, Akira Kubo, Hiroshi Tachikawa sont tous des acteurs ayant tourné au moins un ou deux films avec Kurosawa, bien plus pour les deux premiers, dont on sait la carrière impressionante, qui suffit a prouver, si besoin était, la qualité de leur jeu, et lineterprétation dont ils sont capable. Il faut dire quavec ce film, le réalisateur les a poussé assez loin dans linvestissment personnel. Toshiro Mifune se rappellait longtemps après le tournage sur plusieurs jour de la scène ou il se fait encercler par les flèches, et Yamada de celle ou elle devait se laver les mains du sang du roi, ou du fait quelle du éviter de cligner des yeux (Ou porter ce maquillage noir sur les dents, canon de beauté à lépoque, obtenu avec du fer tremper ). Tous tiennent la route, et sont formidables dans leur rôle. Je nose même plus parler de Mifune et de ses yeux, de son regard et de son allure, le désespoir que lon peut y lire lors de la dernière scène, toute lhorreur du monde faite homme, comme il incarnait la tristesse quelques minutes plus tôt, lorsque se rendant compte de la folie de sa femme qui venait de mettre au monde un mort né, il hurle un « bakaaaaa » terrifiant (« Je suis un idiot, un idiooooot » Ou un con comme vous préferez ). Yamada, sa performance vous est déjà connue, celle de reproduire un masque avec son seul visage, et le tenir durant 1h45
Heureux mélange entre théâtre, tradition japonaise et cinéma, ce film est une merveilleuse adaptation dune pièce intemporelle et universelle, à laquelle lesprit du nô sest parfaitement adapté : La notion de concordance veut en effet que « la concordance sétablisse nécessairement entre lauteur et son époque, entre lauteur et lacteur, entre lacteur et le spectateur. »* Kurosawa, déjà méritait le terme de maître. Il reprit quelques une des ces techniques pour réaliser Ran, un de ses chefs duvres. Cette pièce dune noirceur sans pareil, fataliste est revisitée par le cinéaste et le spectateur pose tout de suite un autre regard sur le symbolisme, la réflexion conduite par Shakespeare et reprise en partie par Kurosawa. Si les techniques employées par lun et par lautre ne sont pas les même (le sens du vers, de la rythmique et du sens caché des phrases pour lun, la mise en scène, les plans léchés, la musique (dont je nai pas parlé mais qui nest pas sans rappeler celle du théâtre nô), les acteurs et le symbolisme par les actes pour lautre), on reste accroché à la toile à coup sur avec les deux
Mifune aussi a accorché au chateau (de l'araignée)
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Correspondance : personnage de Shakespeare/Nom dans le film/ acteur
Duncan : Kunimaru Tsuzuki : Hiroshi Tachikawa
Malcolm: Kuniharu Tsuzuki : Konimari Sasaki
Macbeth: Taketori Washizu : Toshiro Mifune
Banquo: Yashiteru Miki : Akira Kubo
Fléance: Yoshiaki Miki : Minoru Chiaki
Macduff: Noriyasu Odagura : Takashi Shimura
Siward: Inui : none
Lady Macbeth: Asaji Washizu: Isuzu Yamada
Sorcières: Fantome : Eiko Miyoshi
Nb: Ce film est classé 229ème sur le site IMDB
*Encyclopédie Universalis, T. 18, p. 1203, b, l. 26-30
Carcharoth