Bullet Ballet, un film... Détonnant !
Puisque nous sommes dans Tsukamoto en ce moment, continuons un peu notre route en sa compagnie. Bullet Ballet suit directement Tokyo Fist dans la filmographie du réalisateur. Il signe aussi son retour au noir et blanc, et l'achévement de sa réflexion.
Tourné et diffusé en 1998, on peut y voir: Tsukamoto lui même, Hisachi Higawa, Kirina Mano, Takahiro Murase, Tatsuya Nakamura et Kyoka Suzuki.
Ce film, le dernier de la série Tokyoïde, raconte l'histoire d'un employé (encore un !) confronté à un groupe de jeunes désoeuvrés, violent, mais sans âme, dont le mentor est un espèce de voyou nihiliste. Bullet Ballet raconte aussi l'obsession d'un homme pour les armes à feu depuis que sa femme s'est suicidée, ce qu'il ne comprend toujours pas. (encore la femme comme élément déclencheur, comme salvatrice de l'Homme avec un grand H). La quête d'une arme, puis son utilisation vont être pour lui un véritable parcours initiatique, ou plutot une redécouverte de sensations oubliées...
A propos de la réalisation, j'ai déjà dit que Tsukamoto revenait au noir et blanc, comme dans Testsuo; mais c'était assez inexact: En effet, même si du point de vue des couleurs il s'agit bien de noir, de blanc et de gris, l'essence même de ces couleurs d'est pas la même dans les deux films. Elles indiquent toujours le contraste (comme le rappelle Tsukamoto dans une interview), mais servent aussi de cadre pour le réalisateur, alors que dans son premier film, elles permettaient au contraire de montrer le désordre, de faire partir l'image n'importe ou, de déstructurer tous les plans. Elles rendent aussi le film moins violent, par une certaine atténuation (paradoxe, oui, le noir et le blanc soulignent les contrastes, mais toutes les nuances de gris atténuent le sang, etc...) des images. Le son, élément très important: peu de musique véritable, plutôt des bruits, où le rythme haletant du souffle...
Cet homme broyé par la vie, humilié par les jeunes (que Tsukamoto déteste) de sa ville, va se réveiller, s'attacher à une jeune punkette, essayer de se venger de sa bande, et retrouver gout à la vie à travers la douleur et une certaine violence...
Le film le plus aboutit de Tsukamoto, celui ou il joue le mieux, celui pour lequel il à peut être le plus réfléchi et le plus retravaillé sa technique sans pour autant changer de style. Underground donc, assez violent, mais tout de même grand public. (Pas comme Tetsuo, qui est plus son manifeste, sa thèse d'entrée en cinéma). Le personnage de Chisato est superbe, très complexe et profond... Un homme, deux femmes et un pistolet dans le Tokyo moderne. Superbe.
Carcharoth.