Détective K (Jo-seon Myeong-tam-jeong), Kim Seok Yun, 2011

Publié le par asiaphilie

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Détective K, la Veuve vertueuse est seulement le deuxième film de Kim Seok Yun, et voici que déjà il cartonne. Ce long métrage a en effet tenu la dragée haute à tous les blockbuster de l'année pendant un long moment en restant de nombreuses semaines en tête du box-office coréen. Il a terminé l'année au pied du podium (7éme si l'on prend en compte les films étrangers) derrière Sunny, Arrows et Punch ce qui est une très bonne performance. D'autant qu'il se situe dans un registre assez compliqué comparable à celui que tentait de mettre en place le film chinois chroniqué il y a quelques temps The Butcher, the chef and the swordsman.

L'histoire se déroule en effet au XVIIIème siècle, dans une Corée déchirée par les luttes entre chrétiens et confucianistes et minée par une corruption à tous les étages de l'état. Dans ce contexte le roi confie à son meilleur détective (Kim Myung min, vu dans Thirst) la tâche de remettre de l'ordre et de trouver les coupables hauts placés. Il va rencontrer au cours de sa mission le voleur Seo Pil qui va l'accompagner et le seconder tout au long du film. L'intrigue va les conduire en province, dans la région où est cultivé l'aconit, plante médicinale ou léthale selon l'usage qu'on en fait... Ils y rencontreront la mystérieuse femme d'affaire Han.

 

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Détective K oscille donc entre le film comique, burlesque et quasi absurde parfois et le film policier, thriller politique. Exercice périlleux que réussit plutôt bien le jeune réalisateur (à l'inverse de Wuershan dont j'avais critiqué l’œuvre) Kim Seok Yun, même si le film n'est pas parfait et souffre parfois d'inégalités. Mais pour peu qu'on soit habitué à l'humour « non-sensique » d'un Stephen Chow ou aux facéties d'un Jackie Chan (période Hong-kong cela va de soi) voire même à celles des Monty Pythons on trouvera dans ce film matière à quelques éclats de rire tout en étant emballé par l'intrigue qui n'est pas -comme c'est souvent le cas dans les comédies- délaissée ou mal foutue. Au contraire, celle ci prend petit à petit une tournure de plus en plus intéressante avec de nombreux rebondissements, des personnages qui s'approfondissent et deviennent plus complexes de scènes en scènes ainsi qu'une superposition intéressante de différentes affaires soulevant chacune leur lot de problèmes et de risques.

 

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L'association détective-voleur n'est pas la plus originale du monde mais fonctionne encore une fois pas mal, surtout que -comme chacun sait- il ne faut pas se fier aux apparences. Pour ne rien gâcher l'aspect historique de ce Détective K est passionnant avec des luttes religieuses qui se superposent aux complots et affaires d'état. Sous la dynastie Joseon le catholicisme fut en effet interdit et les pratiquants persécutés (bien que cela n’eut pas l'échelle d'une guerre de religion, les croyants étant très peu nombreux). Cette religion nouvelle avait était introduite en 1603 dans la péninsule via la Chine et les jésuites installés la bas. Cette lutte des débuts de la religion en Corée n'est pas anodine puisqu'aujourd'hui on compte pas moins de 15 millions de chrétiens dans le pays (catholiques et protestants réunis) qui a donc un intérêt puissant pour le sujet.

 

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Le succès et la qualité de ce film réside sans doute (outre l'intrigue bien montée) dans la force de ses acteurs qui arrivent à passer d'une situation absurde et sujette au gag à une scène tragique ou emplie d'émotion. Ils arrivent à emmener le spectateur avec eux dans ce changement soudain d'ambiance. On éclate de rire et l'instant d'après on doit presque pleurer ou réfléchir intensément à une nouvelle révélation, l'intégrer dans le puzzle de l'intrigue et deviner la suite du cheminement intellectuel du détective. Ceux ci sont d'ailleurs très habilement figurés dans le film. Lors de témoignage la scène narré se place en arrière plan dans d'habiles fondus et de belles transitions. Les effets spéciaux se mêlent très bien aux décors réels et aide le spectateur à bien se figurer la scène comme se l'imagine le détective K. le procédé est astucieux et rare, donc très réussi et surprenant.

 

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Cette place au box office de l'année qui vient de se clore n'est donc pas volée puisque qu'on a la un film réussit, drôle et intelligent à la fois qui mêle dans une belle alchimie une intrigue politico-religio-policière et un humour noir et absurde que l'on avait plus l'habitude de voir du coté de Hong-Kong. Un très bon divertissement qui passe très bien et augure, en plus d'une suite, une belle carrière à son réalisateur !

 

 

 

Carcharoth

 

 

 

semainecoree

Publié dans Corée

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B
Voilà qui me donne très envie de le voir !
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