Pluie noire, rattrapage de juillet et Imamura !

Publié le par Nostalgic-du-cool

Rattrapage critique du mois du Juillet.


Pendant ce dur mois de Juillet où les occupations se disputent les unes aux autres pour venir remplir votre agenda déjà surbooké, j'ai tout de même eu le temps de voir quelques films. Malheureusement celui pour les critiquer m'a manqué, aussi vais je tenté maintenant de faire quelques rapides chroniques pas trop poussées.


En premier lieu,


Pluie Noire (Kurai Ame), Shohei Imamura, 1989.





Inspiré d'un roman de Masuchi Isube, Pluie Noire est un film en noir et blanc sur le drame d'Hiroshima et sur ses conséquences sociétales. Il commence par le terrible éclair blanc de l'explosion nucléaire alors que les habitants vont au travail. Yasuko elle arrive chez son oncle en bateau lorsqu'elle est trempée par une pluie couleur de cendre. Elle ne le sait pas encore mais elle est irradiée, tout comme les habitants de la région qui ont survécus à la terrible déflagration. Et même si toute sa famille (son oncle, sa tante et elle) survit et va vivre à la campagne, les ravages de l'atome commencent à se faire sentir.

Dans un décor naturaliste, campagnard et bucolique Imamura filme la déliquescence du lien social, le rejet et la culpabilité des irradiés. Yasuko n'arrive pas à se marier, elle commence à perdre des cheveux tout comme son oncle et sa tante. La scène catastrophe proprement dite ne dure pas bien longtemps, et le film est plutôt axé sur la vie (la survie?) des irradiés et leur nouvelle place dans la société. Il porte en effet avec eux le poids de la reddition du Japon et la honte qui en découle. Chez Yasuko ce sont des cheveux qui tombent, mais chez son voisin c'est la folie furieuse dès qu'il entend un bruit de moteur ( il était chargé de faire exploser les chars ennemis en allant déposer sous leurs chenilles une bombe). D'ailleurs Yasuko est la seule à chercher à le comprendre et à pouvoir discuter avec lui. A travers le problèmes de mariage et la folie de cet homme Imamura évoque directement les problèmes humains (et non pas tellement physique, même si le film plonge peu à peu dans une ambiance morbide) qui ont partis liés avec Hiroshima et la défaite du Japon. On retrouve alors le réalisateur d'Eijanaika et de Narayama, toujours du coté des pauvres, des opprimés, du petit peuple et se plaisant à filmer ses personnages dans un cadre sauvage ou du moins campagnard ou le bonheur semble plus proche et possible, alors que la ville est associé à l'explosion nucléaire et à la défaite, à la catastrophe. Le noir et blanc, s'il colle très bien au sujet du film choque un peu dans un Imamura puisque ce dernier nous avait habitué à des explosions colorées (je pense ici surtout aux fêtes d'Eijanaika et à la chatoyante nature de narayama) et à des œuvres très hautes en couleurs.

Dans l'ensemble c'est un film très réussi, sensible et touchant, sans pathos qui montre à la fois la nécessité et l'impossibilité d'évoquer Hiroshima et le drame nucléaire. Devoir de mémoire et incapacité à retranscrire l'horreur, le choc que furent les deux explosions d'Hiroshima et Nagasaki. C'est pourquoi la majeure partie du film se déroule bien après les évènements, et c'est là la grande trouvaille et le génie d'Imamura dans ce film empreint d'humanisme.



Carcharoth




Publié dans Japon

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