Martial club, pour une philosophie du vivre-ensemble.

Publié le par Nostalgic-du-cool

Martial Club (Wu Guan / Instructor of death), Liu Chia Liang, 1981, Hong Kong.



 

5 ans après Le combat des maîtres, Liu Chia Liang et son frère Gordon Liu offrait en 1981 un nouvel épisode des aventures de Wang Fei-Hung aux spectateurs. Sur un même fond de guerre des écoles de kung-fu, ils introduisait cette fois un intervenant extérieur, maître des styles du Nord, insistant toujours autant sur l’esprit des arts martiaux et la formation du jeune homme qui allait devenir le héros le plus populaire du Chine. Déjà très souvent adaptées au cinéma (bien que très peu de ces films ou séries soient disponibles en France, comme je l’ai déjà dit dans mon article sur le combat des maîtres), les aventures de ce combattant redoutable et vertueux sont mise en scène d’un point du vue un peu spécial dans les deux films de Liu Chia Liang. A savoir qu’on ne parle pas de ses actes de bravoures d’adulte et de docteur, mais de ses premiers faits d’armes en tant que jeune homme et élève de l’une des écoles les plus réputées de Canton, celle de son père.




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 Le film débute sur une –habituelle- longue scène explicative où l’on voit des porteurs de Lions utilisés dans les fêtes effectuer une danse, dont les codes sont expliqués par Liu Chia Liang en personne. Il indique les quelques gestes interdits entre les lions des différentes écoles : faire cligner les yeux du lion, lui faire approcher la tête de l’arrière de l’autre, lever les jambes haut face à l’autre lion. La première véritable scène du film est justement un défilé de lions. Une pyramide humaine portant le tête, elle se déplace vers un croisement ou est placé l’insigne du quartier, que vient traditionnellement chercher le lion de maître Zheng. Mais cette fois ci, bien que la fête se déroule parfaitement jusque la, un autre lion fait irruption et vole l’insigne, puis insulte la lion adverse par les gestes précédemment évoqués (reniflage de derrière, levé de jambe et clignements de paupières).


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Le tout finit en bagarre générale entre les disciples des deux écoles qui se disputent l’insigne, et par delà le statut de meilleure école de la ville. Maitre Wang, un autre instructeur dans une école réputée tente le soir même de réconcilier les deux écoles, celles des maîtres Lu et Zheng. Mais l’opération échoue, rendant le désaccord patent, et faisant éclater la volonté de domination de Lu au grand jour. Dans le même temps, Wang Fei-Hung et Yin Lin, deux élèves des écoles Wang (Fei-hung est le fils du maître) et Zheng, meilleurs amis du monde dans la vie civile se dispute (amicalement) pour savoir qui des deux et le meilleur. Ne voulant pas s’affronter ils décident de combattre deux adversaires différents et de voir lequel arrivera à battre l’autre le plus rapidement. Roublards tous les deux, ils payent deux costauds pour se laisser faire sur le port, et les battent dans le même temps, ignorant la combine de l’autre. Ils décident alors de remettre ça.


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Malheureusement, l’homme qu’ils font tout deux choisir à leurs envoyés corrupteurs est un maître du Nord, recruté par Lu pour battre les autres écoles. Ne comprenant pas le manège des deux hommes et pas vraiment enthousiasmé par l’idée de se « coucher », il étrangle à moitié Yin Lin et s’en va. Malgré cette dérouillée, ce dernier reste très exubérant et exhibe son kung-fu à tous le monde, s’en servant pour se payer des nuits gratuites dans les maisons closes de la ville. Un soir pourtant, Shan Hao (le fils de maître Lu) et ses hommes lui tendent un piège, et lui casse une jambe alors qu’il a les bras liés. Désirant le venger, Huang Fei hung et la sœur du blessé se rendent à l’école de Lu et réclament réparation. Ils ne reçoivent que les coups des élèves en réponse, et ne doivent une accalmie qu’a l’entrée en scène de maître Shan, celui qui avait blessé Yin Lin auparavant.


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Celui-ci, très respectueux des règles du kung-fu réprimandent des élèves de Lu pour leur déloyauté et demande des éclaircissement sur l’affaire. Recevant des déclaration contradictoire, il décide de ne pas s’en mêler, et interromps ensuite le pugilat qui se généralisait entre les élèves des autres écoles venus prêter main forte, organisant une rencontre entre maîtres. Cependant, son initiative honnête au départ est détournée par Shan Hao qui profite de l’invitation au théâtre pour pièger les représentant des deux écoles adverses. Encore une fois la bagarre ne se calme qu’avec l’arrivée de la police et du maître Wang qui ne sauve ses condisciples que grâce à son statut de chef de la milice de la ville. Arrivé en fin de spectacle, maître Shan est interloqué par ce qui se passe. Il décide d’attaquer le problème à la source et de faire s’excuser Shan Bao pour son attitude, en en profitant pour inviter Zheng et Wang à se mesurer à lui. Les deux maîtres, décidant de rendre la pareille à Lu n’envoient que leurs fils ou champion pour rendre visite à Lu et recevoir de sa part les dédommagement pour l’incident du théâtre. Huang Fei-hung est le seul à passer les deux épreuves, celle des tissus puis celle des sacs de riz. Epaté par son kung-fu, maître Shan le raccompagne, et en profite pour le combattre à un contre un, dans une ruelle tranquille. Leurs kung-fu étant assez équilibrés, ils se neutralisent et testent plusieurs types de situations en se complimentant réciproquement. En sortant de la ruelle, Shan déclare aux maîtres Zheng et Wang que Fei-hung est le meilleur disciple de la ville, tandis que maître Wang est le premier des dragons de Canton, puis s’en retourne dans le Nord, heureux de son séjour à Canton, où il a pu vérifier la vertu et la technique de ses représentants.


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 Martial club, comme son nom l’indique, est surtout un film de combat où la nécessité de règles morales dans l’art de combattre est mise en exergue et où le scénario, minimaliste est surtout prétexte aux combats et à la pédagogie éthique déjà soulignée. On sait le réalisateur coutumier du fait, il aime appuyer sur cet aspect essentiel du kung-fu, et organise donc toujours des antagonisme entre les gentils-qui-respectent-les-règles et les méchants qui perdent même en les enfreignant. Ici le propos est légèrement nuancé par le maître du Nord, Shan, qui modère les disciples de Lu dans leurs exactions et désire en apprendre plus sur les techniques du Sud, et tiens aussi à être parfaitement respectueux des us et règles du combats, en tant que représentant de sa région. Ce film donc, est plus un défilé de combats plus spectaculaire les uns que les autres plutôt qu’une histoire construite ou qu’une suite au Combat des maîtres. La scène de départ, clairement didactique, enseigne à un spectateur considéré comme novice en la matière quelques règles des défilés de dragons (lions), et nous présente un échantillon déjà impressionnant de combat avec ce masque énorme sur le visage. Tout au long du film s’opposeront ensuite la perfidie de Lu et de son fils Shan Hao à la vertu même pas rancunière de Zheng et Wang, l’arbitre de ce combat moral étant Shan, venu simplement se mesurer aux maîtres de la ville, dans le respect des règles de l’art.


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 Le style du film est assez étrange, passant de la comédie au sérieux en cours de route. Ainsi, les disputes entre les deux jeunes hommes (Fei-hung et Yin Lin) et leurs tours pour gagner l’estime de l’autre font plus penser à de la kung-fu comedy qu’autre chose, tandis que les dernière scène ou les combattants sont sur le point de se tuer et jouent leurs vies dans les combats sont bien moins amusantes. Mais somme toute, ce basculement n’est pas gênant. Ce qui l’est un peu plus à mon goût est que le film n’a pas vraiment de fin et semble de ce fait un peu bancal. Je m’explique : on s’attend tout le long à un combat des maîtres, un affrontement entre Shan, Lu et les autres, ou encore à la mort d’un ami/père et la vengeance après une longue formation de Fei-hung, un peu dans le style de tous les Wuxia de la shaw. Ici non, les accrochages sont toujours bénins ou presque (une jambe cassée de chaque coté, quelques commotions…), même si les combats sont impressionnants.




De plus, cet intriguant maître du Nord ne combat presque jamais, sinon à la fin contre Fei-hung, sans haine ni rancœur, contrairement à Lu et ses élèves. Il est sans aucun doute l’apport intellectuel de Liu Chia Liang qui voit dans les arts martiaux non pas une (des centaines pardons) technique de combat, mais une philosophie. Ce spectateur initié ne se mêle ainsi pas des luttes intestines des écoles de Canton, attendant son heure pour tester les aptitudes des maîtres de la ville et apprendre avec eux. Une autre scène nous renseigne sur l’état d’esprit du réalisateur : celle ou, orgueilleux et fiers, Fei-hung et Yin Lin place leur nœud de ceinture au centre, indiquant leur statut d’instructeur. Ils rencontrent alors un maître véritable qui les confonds mais enseigne tout de même aux jeunes hommes qui l’accompagnent que l’âge a peu d’importance, puisque seul compte le talent à la lutte et l’esprit du kung-fu. Les deux amis n’ont à ce moment ni l’un ni l’autres puisqu’ils se concurrencent dans des débats inutiles, trichent lors de leurs affrontements et font étalage de leurs (maigres) compétences pour en retirer des avantages. Fei Hung, à la fin du film montrera au contraire de grandes capacités physiques mais surtout psychologique en déstabilisant son adversaire et en se montrant humble et respectueux.


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C’est en fait la même  leçon de vie (que celle du combat des maîtres) que souhaite faire passer Liu Chia Liang par la voix de son héros, dont il est sans doute le meilleur porte parole de nos jours, puisqu’il a été l’élève du plus célèbre disciple du véritable Huang Fei-hung, Lam Sai-wing.

 

Coté acteurs on est plutot gatés avec Gordon Liu, impeccable en Huang Fei-hung, Kara Hui superbe en sœur de Yin Lin, lui même interprété par Robert Mak (Mia Te Lo en vo). Johnny Wang est très bon en Shan, lui qui n’a tourné que (ou presque) des rôles de méchant, le voilaz un peu plus ambiguë et intéressant. En voyant tous ces noms, vous pouvez extrapoler quant à la qualité des combats, superbement chorégraphiés par Liu Chia Liang, qui affirme plus que jamais son statut de meilleur directeur de combat de la maison Shaw.

Un film qui pêche donc par son scénario un peu léger, même si signé par le renommé Ni Kuang, mais qui se rattrape par la qualité des combats, l’intelligence du réalisateur et le niveau correct des acteurs. Et puis c’est Huang Fei-hung, alors…

 
 

La fiche IMdb.

Les autres films traitant de Huang Fei Hung sur le blog : Il était un fois en Chine, Le combat des maîtres.

 

 

 

 Carcharoth.



Publié dans Chine et HK

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