La légende de Musashi, la trilogie du samouraï.
Musachi Miyamoto était un samouraï, née en 1584, orphelin à 7 ans, il est élevé par son oncle dans un monastère. Il participe en 1600 à la célèbre bataille de Sekigahara sous les drapeaux de Toyotomi Hideyoshi, l'adversaire principal du futur vainqueur, Tokugawa (dynastie dont on a déjà parlé lors d'articles précédent, notamment à propos de Bay Cart, Samouraï ou Rebellion.). Il en ressort gravement blessé. Quatre ans plus tard, on retrouve sa trace à Kyoto, ou il combat de nombreux maîtres du sabres: 60 duels, autant de victoires. Enfin , il affronta Sasaki Kojiro à l'aide d'une simple rame de bois, et lui éclata le crâne. Suite à cela, il stoppa sa carrière de bretteur et se retira, se consacrant à la calligraphie et à de nombreux arts. Il servit ensuite comme instructeur ou comme commandant de troupes de réserve pour ses anciens adversaires, les Tokugawa. Il adopta deux enfants, puis, en 1643, se retira dans une grotte où il mourut, laissant son célèbre traité des cinq roues. Il fut enterré revêtu de son armure.
Sa vie durant, il chercha à se perfectionner, ne tombant jamais dans la facilité. C'est ainsi que, après la bataille de Sekigahara, rentrant chez lui, il fut chassé, car il paraissait trop instable et violent. S'en allant, il fut arrêter et retenue au château de Hejime ou il apprit le "Do" du guerrier.
Puis il alla à Kyoto, ou on lui proposa un poste dans une grande famille, mais ce dernier refusa poliment, préférant errer afin de se perfectionner et d'atteindre le Musha Shugyo (Illumination). Il défia par la suite consécutivement de nombreux membres d'une même famille, réputée pour sa maîtrise des armes. Excédés par tant de défaites, ces derniers lui tendirent un piège mais il s'en aperçu et parvint à s'échapper, en tuant un grand nombre: il s'agit du célèbre combat d'Ichijoji.
Puis ce fut la non moins célèbre rencontre avec Muso Gonnosuke: battu par Musachi ce dernier avait remis en cause toute sa technique, et raccourci son arme. Il parvint à donner un coup sur le torse de Musachi avec son bâton. C'est là la seule défaite du guerrier, due à une technique qu'il ne connaissait pas. En 1612, il combat Kojiro sur la plage de Mukojima. De nombreuses version existe de cet affrontement: Musashi perd, ou fuit, ou bat son adversaire à l'aide d'une simple rame en bois. Quoiqu'il en soit, après cette lutte, il se retire et sui le parcours que l'on a déjà décrit plus haut.
Au XXème siècle, Eiji Yoshikawa reprendra cette légende dans son roman "la pierre et le sabre", qui est la source d'inspiration de nombreux films. Uchida, Mizoguchi et Inagaki entre autres... Chacun de ces immenses messieurs du cinéma a donné sa version de la vie du mythe Musashi.
Pour l'instant, je n'ai vu que celle d'Hiroshi Inagaki, mais je pense voir celle d'Uchida dans peu de temps. Leur diffusion est malheureusement confidentielle malgré la qualité indéniable de ces films. Seules quelques salles parisiennes ont diffusés la trilogie du samouraï lors de sa sortie sur les salles françaises. Leur édition en DVD, depuis peu, devrait permettre au public de se faire une idée et de découvrir ces chefs d'oeuvres réalisés par les plus grands réalisateurs japonais de leur temps. Inagaki était sans doute le plus grand de tous, mais son talent, toujours reconnu au Japon, a été éclipsé à l'étranger par celui d'un autre monstre sacré: Akira Kurosawa, qui a commencé quelques temps après lui.
Sa trilogie, qui sort en 1954-55-56, est tournée en couleur grâce au soutien de la Toho, que le réalisateur avait remis à flot (un peu comme Misumi le fera pour la Dahei). On peut y voir Toshiro Mifune jeune, mais déjà très talentueux et plein de fougue. Elle a véritablement inaugurée le genre du chambara (Wu Xia au Japon). Son aura est donc encore perceptible dans de nombreux films bien plus récents.
La première partie de la trilogie, intitulée la légende Musashi raconte le début de la vie de ce dernier, alors qu'il s'appelle encore Takezo. Il s'engage, avec un ami (Matahachi) dans la bataille de Sekigahara, cherchant la gloire et la reconnaissance des habitants de son village, qui le prennent pour un voyou. Lorsque son camp perd, il quitte le champ de bataille, aidant son ami qui est blessé. Ils pénètrent après plusieurs jours de marche dans une maison, habitée par une femme et sa fille. Ces dernières les accueillent et les nourrissent le temps du rétablissement de Matahachi, qui a laissé au village une fiancée, Otsu. Après qu'il est victorieusement défendu les 2 femmes, Takezo reçoit des avances de la plus âgée des femmes, qui le veut pour mari. Il refuse et s'enfuit, alors que la femme, aigrie, fait croire qu'il a essayé de la violer. Ici se séparent donc les chemins de Takezo et de Matahachi, qui étaient amis. Ce dernier va suivre les 2 femmes dans leur exil à Kyoto, et se marier avec Oko (celle la même qui avait tentée sa chance auprés de son ami). Takezo, lui, va essayer de retourner dans son village, pour retrouver Otsu et la mère de son ami, afin de les rassurer. En chemin, il devra forcer plusieurs barrages, se mettant ainsi l'armée à dos. Cette dernière, aidée par tout le village, va rechercher le pauvre érre dans les collines avoisinantes. Il se fera finalement capturée par un moine, Takuan, qui entreprendra de la punir à sa façon, c'est à dire en le suspendant à un arbre, pour qu'il puisse méditer sur sa vie. Il s'échappera avec l'aide d'Otsu, qui veut retrouver son fiancé, puis sera repris par le même moine, qui l'obligera 3 ans durant à lire et à méditer. A sa sortie, il retournera voir Otsu pour lui expliquer qu'il part, préférant s'accomplir en tant que guerrier que ruminer son passé qu'il a renier et qu'il doit oublier pour changer....
La mise en scène d'Inagaki est très dynamique et rapide si on la compare à celle d'Ozu ou de Mizoguchi: les couleurs sont bien rendues, les plans sont superbes, notamment ceeux en décors naturels, dans les montagnes japonaises. Autre modèle de scène: l'attaque de Takezo lors de la fuite de l'armée: il remonte toute l'armée en déroute et combat de nombreux adversaire: la réalisation est superbe, moderne: l'impression de vitesse est saisissante, la violence des combats parfaitement transmise. L'interview, présente dans le DVD, du fils d'Inagaki, est très intéressante pour comprendrecertains aspects du film: notamment le rapport avec la belle mère, qui est méchante et cruelle... De plus, la vision de la guerre et de ses aboutissants permet encore aujourd'hui une réflexion intéressante.
Ainsi, même s'il date des années 50, ce film reste, par son message et sa forme, encore très moderne.
Ce film obtint l'Oscar du meilleur film étranger en 1955, 4 ans près Rashômon.
On y voit: Toshiro Mifune (Musashi), Rentaro Mikuni (Matahachi), Kureon Onoe (le moine Takuan), Kaoru Yachigusa (Otsu), Mariko Okada (akemi, fille d'Oko), Mitsuko Mito (Oko, la femme de Matahachi, qu'on a dejà vu dans flamme de mon amour)).
Ci dessus, des estampes de Musashi. Comme je l'ai dit, il se consacra toute sa vie, et notamment vers la fin, à un grand nombre d'arts, tous permettant pour lui d'arriver à la perfection. Son style est en effet reconnue comme très bon, et il dégage sérénité et maitrise...
Carcharoth