Legendary Amazons, Frankie Chan 2011
Legendary Amazons est un blockbuster du très polyvalent Frankie Chan (il a été compositeur, acteur, chorégraphe et producteur) avec Cecilia Cheung et reprenant l'histoire du célèbre 14 Amazones, énorme succès de la Shaw Brothers en 1972, présenté il y a peu dans la section « Classique » du festival de Cannes (et remasterisé et édité en DVD par la Wildside par la même occasion). Il raconte donc lui aussi la célèbre légende de la famille Yang déjà de maintes fois reprise dans la littérature, le théâtre, l'opéra et les séries télé chinoises et hong-kongaises. Un nouveau remake cinématographique est d'ailleurs prévu en 2012 avec Ronnie Yu à la réalisation. Ntons que c'est Jackie Chan qui est à la production.
Nous sommes donc sous les Song du nord, au Xième siècle et ces derniers laissent le royaume aller à sa perte. Les généraux commandent à la place de l'empereur et ne souhaitent que prendre sa place au lieu de songer à défendre les frontières, menacés par les Xia (des Tangoutes qui formeront ensuite la dynastie Yuan). Les Yang, qui fournissent depuis très longtemps à l'empire des généraux et soldats loyaux payent un lourd tribut. Et lorsque le derniers des maris meurt, un vent de révolte souffle dans le cœurs de ces veuves et mères que l'empereur sacrifie à son profit en les laissant se battre à 10 contre 1. Aussi, lorsque le dernier homme du clan, le jeune Wenguang est nommé général en chef en charge de la défense de la frontière toutes ses tantes, sa mère et sa grand mère décident de le suivre et de l'aider face aux redoutables ennemis.
La principale interrogation concernait la capacité du réalisateur à diriger un film de cette ampleur, car s'il est polyvalent ce projet représentait pour lui un aboutissement et un niveau jamais atteint dans sa carrière. Et malheureusement on sent que le film n'est pas entièrement réussi, qu'il souffre d'un problème de rythme et que les combats n'ont pas reçu tout le soin nécessaire. Pourtant cette fresque épique n'est pas sans intérêt et dénuée de qualités. On y revoit notamment avec plaisir Cheng Pei Pei ou Cecilia Cheung. Les combats sont très nombreux et variés, ce qui explique peut être leur imperfection. On a le droit à de véritables batailles rangées, avec formations militaires, onagres et tout le tin-touin, à quelques beaux duels et à une panoplie d'armes impressionnante. On se perd cependant un peu dans le qui-est-qui-par-rapport-à-qui mais après tout ce n'est pas le but du film que de dégager fortement les individualités. Car comme dans l'original de Cheng Gang c'est avant tout le groupe qui prime sur les individus, la réputation sur la vie du soldat et la sauvegarde de l'état sur tout le reste.
Ceux d'ailleurs qui s'attendent à un film féministe seront déçus car il n'en est rien, les femmes -même si elles sont à l'honneur ici- ne sont pas des rebelles souhaitant renverser un pouvoir patriarcal, elle courent plutôt à son secours, en dernières garantes et remparts face à l'ennemi. L'empire est leur seul credo et elles sont les archétypes des parfaites femmes de soldats, fidèles, patientes, dévouées et toute acquise à la cause de leurs époux qui les quittent et meurent par devoir envers la toute puissance sacré de l'empire Song, qui pourtant les délaisse cruellement. Tout cet aspect était d'ailleurs bien mieux amené et développé dans le film de 1972 qui, vu sa qualité écrase ce remake. En comparaison on trouve en effet ce Legendary Amazon bien pâlot, superficiel et plat.
Ces 12 amazones ne sont cependant pas sans charmes et talents et on regardera le film avec plaisir, car il constitue un bon divertissement, bien qu'il ne surpasse pas le chef d’œuvre dont il est inspiré. Peut être sera-ce le cas avec ce autre remake dont j'ai déjà parlé, dont la sortie est prévue l'année prochaine avec au casting Gong Li, Zhang Ziyi et Michelle Yeoh.
La question de l'état et du dévouement à son égard semble en tous cas et plus que jamais au cœur du débat en Chine populaire.
Carcharoth
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