Kiba, l'enfer des sabres (samouraï wolf II) d'Hideo Gosha.

Publié le par Nostalgic-du-cool

Kiba, l’enfer des sabres (Kiba okaminosuke jigoku giri / Samurai Wolf II), Hideo Gosha, Japon, 1967.



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 Dans la lancée de Samurai Wolf premier du nom, j’enchaîne avec la suite qui clôt la « série » et s’intitule « L’enfer des armes » dans sa version française. On retrouve le même héros, Kiba okaminosuke (le loup enragé), héros toujours aussi torturé et tortueux qui va subir bien plus d’épreuves que dans le premier épisode et pâtir plus que jamais de son double caractère. On a néanmoins la joie d’en apprendre un peu plus sur le personnage à travers ses peines et douleurs.

 On retrouve notre loup allongé dans un moulin, ou quelques samouraïs ont le malheur de vouloir violer une pauvre folle. Kiba intervient et les met en fuite facilement. La fille s’enfuit, une lueur de reconnaissance dans le regard. Poursuivant sa route, il croise un convoi de prisonniers, dont l’un est un rônin fameux du nom de Magobei. Les suivant, il est obligé de venir à leur secours quand une troupe attaque la cage du rônin pour l’éliminer. Intrigué, Kiba décide de suivre cet homme « afin de voir comment il va se sortir de la ». Mais les hommes qu’il a auparavant humiliés s’en vont raconter l’événement à leur maître, dont le style a été bafoué. Devant défendre son honneur, celui-ci se met en route pour tuer celui qui menace son école.


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  • [spoiler]Il retrouve sa proie alors que celle-ci défend à nouveau Magobei contre les hommes de la mine pour laquelle il travaillait, et qui décidément semblent de plus en plus louches. Il l’aide, mais uniquement pour mieux l’affronter. Le duel est remis au soir, après que Kiba ait amené Magobei en prison, non sans lui avoir remis un couteau… Le combat se déroule donc de nuit, sous un arbre imposant et est assez équilibré, jusqu’à ce que le maître humilié brise la lame de Kiba, qui la lui fiche dans la jambe, remettant encore une fois le combat à plus tard. Au même moment, la prison est attaquée par les hommes de la mine, tandis que Magobei et une autre détenue parviennent à s’enfuir grâce à la lubricité du gardien et au couteau de Kiba. Ce dernier arrive à la prison pour constater le départ du rônin. Mais ceux qui en voulait à la peaux de Magobei sont resté la, tapis dans l’ombre et lui saute à la gorge, l’immobilisant rapidement. Il se retrouve le lendemain suspendu à une corde, non loin de la mine. C’est la qu’on retrouve Magibei, Oteru la jeune folle que Kiba avait sauvé, mais aussi l’autre femme échappé avec le rônin qui l’a depuis rejetée. L’idée fixe du guerrier est de nettoyer la mine de ses occupants clandestins (exploitée par le shogun, elle a été fermée à la fin du filon, mais les hommes du clan de Jinroku en ont découvert un autre, l’exploitant cette fois ci illégalement pour leur propre compte) et de récupérer leurs richesses. Par attaques successives, il tue de nombreux membres du clan, sauvant au passage Kiba et la son ex co-détenue. Alors qu’il poursuit son massacre, Kiba est à nouveau confronté avec le maître humilié alors qu’il marche avec Oteru qui semble éprise de lui. Géné par son bras cassé, il ne le bat que grâce au sacrifice de son amante qui se jette sous le sabre de l’adversaire, permettant à Kiba de lui ouvrir le ventre. Celui-ci se met alors en route pour exaucer le vœu de la mourante : revoir son père. Il arrive au moment ou Magobei attaque frontalement ce qu’il reste du clan, qui a pour otage cette même femme qui s’accroche à lui depuis le début. Un échange est proposé par Kiba, mais Magobei attaque, poursuivant son œuvre de mort. Il finira par tuer la personne de trop, déclenchant l’hire du Loup, qui l’attaque…[/spoiler]


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    *

     Vous le constatez par vous-même en comparant le deux résumés des deux épisodes, celui-ci est bien plus dense et riche en rebondissements. Il offre aussi bien plus de prises au spectateur pour accrocher au film, mais surtout au personnage qui gagne en profondeur et en passif. La sauce commençait à prendre en quelque sorte. Dommage que l’aventure s’arrête si tôt. Je ne connais d’ailleurs ni n’ai pu trouver les raisons de la non-continuation de ce que devait être une série ou en tous cas constituer un corpus de film conséquent, toujours est il que Gosha tourna en 1969 Goyokin, son chez d’œuvre en terme de Chambara, puis Hitokiri. On retrouve d’ailleurs de façon amusante bon nombre d’images qui seront reprises et développées en couleur dans Goyokin (premier film en technicolor au Japon), comme le héros suspendu à une branche, ou le nom de Magobei, ou encore l’histoire tournant autour d’une mine avec la encore un clan peux scrupuleux, et pas mal de corbeaux. Manque la neige, et T. Nakadaï.


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    L’époque elle aussi est sensiblement la même que dans Goyokin. Kiba nous renseigne lui-même à ce propos en expliquant qu’à 7 ans, lorsque son père est mort, on était en l’an 6 de l’ère tenpo (1830-1844). Il doit avoir la trentaine lors de l’action du film, on doit donc être dans les années 1859-60. Période difficile pour les guerriers, on ne croise d’ailleurs que des rônins, ou alors des samouraïs peu reluisants. En parlant de référence, le duel un soir au pied d’un grand arbre m’a fait penser au final du film d’Inagaki Duel à Ichijoji, ou Musachi affronte ses ennemis au pied d’un superbe cèdre.


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     Pour en revenir au film même, il est encore plus réussi que le premier, ce qui est rare pour une suite, bien que celle-ci soit un peu spéciale. En 70 minutes, Gosha parvient à placer un nombre de rebondissement important et à intégrer de nombreux personnages, développant enfin celui de Kiba, à l’aide notamment de flash-back au sujet de son père, dont on apprend qu’il était un rônin errant de dojo en dojo pour vivre, tué sous les yeux de son fils lorsqu’il était enfant. Encore une fois, le film s’ouvre sur un Kiba heureux et souriant, même en combat ou lorsqu’il provoque une troupe d’ennemi (le messager impérial dans le un, les violeurs ici) ; mais se termine sur un loup enragé désabusé et sombre. Ici il se dirige même vers une fosse sombre, un gouffre béant dans lequel on se demande s’il ne va pas se jeter. Il a plus donner et bien plus perdu dans ce film qu’au court du précédent. Ici il aime, il aide, il perd et tue.


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    Amour.

     

    Il aime une créature du même acabit que lui, pure et idéaliste, qui au lieu de se réfugier sous une armure de loup est devenue folle pour rester elle-même dans ce monde peuplé par des hommes vils et cruels, malgré leurs indéniables qualités humaines. Oteru, fille du patron de la mine et chef du clan est folle, hors du monde. Mais elle aime son sauveur, elle aime KIba peut être parce qu’elle a vu dans ses gestes toute l’attention dont il était capable, ce qu’exprimera Magobei à sa manière : « Malgré ton nom rude, tu es un homme bon ». Magobei lui aussi, malgré son cynisme et sa froide envie de vengeance, qui passe au dessus de toutes considération humaine n’en oubliera pas son ami, celui qui l’a sauvé, ni non plus sa co-détenue, tombée amoureuse de lui. Sa folie meurtrière sera tout de même fatale à tous. Oteru mourra pour avoir voulu sauver son père, Magobei mourra d’avoir tuer Oteru, et Kiba sera détruit mais vivant, poursuivant sa route malgré tout…

     Le cheminement du héros dans les deux épisodes semble donc un peu à rebours, comme si après cette expérience douloureuse avec Oteru, il n’avait pu aimer Chise. Aucun lien n’est d’ailleurs établit entre les deux histoires, si ce n’est la présence du Loup.

     

    Le Loup.

    Kiba, cette figure étrange restera lui-même tout au long du film, mais laissant voir petit à petit une face de plus en plus sombre et dépité. Courant de tous coté, essayant de sauver tout le monde, il finira par se rendre compte qu’un homme seul ne peut rien, malgré toute sa volonté face à l’acharnement commun du destin ou de la méchanceté humaine, quel que soit le nom qu’on lui donne. La scène finale, le grand combat de 15 minutes de Magobei face aux autres est symptomatique à cet égard : Kiba voudra sauver Oteru et la remettre à son père, tout en préservant Magobei de l’attaque frontale de la dizaine d’hommes qui restent (souhaitant sauver leur vie aussi, et proposant à cette fin un duel entre le rônin et le chef de la mine), tout en essayant d’empêcher la femme du chef de la mine d’envoyer au fond d’un puit la co-détenue de Magobei (Oren). A vouloir être au four et au moulin (à la mine et au puit), on en oublie l’essentiel, et on perd l’amour de sa vie. Il gardera tout de même (semble-t-il, la fin étant soumise à interprétation) la foi en la justice et ce goût pour la vie humaine.


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    Hideo Gosha, maître des combats de nuit ?

    Encore maintenant, les combats ont lieu de nuit, et sont magnifiques d’intensité. Je n’arrive pas à décrypter une scène compléte, puisque je me laisse emporter par la technique des acteurs et du réalisateur à chaque fois, mais je peux dire que le tout est brillant. Les lieux sont toujours choisis avec un esprit judicieux et méticuleux, que ce soit le moulin, la place avec l’arbre, ou encore le « désert » de schistes marneux qui entoure la mine, et refont encore une fois penser à un décor de Western spaghetti. Isao Natsuyagi dont c’était les premiers films ou presque porte déjà en lui toutes les qualités d’un grand acteur à l’instar d’un Nakadai ou d’un Mifune il a un regard pénétrant et vif, avec en plus un sourire sympathique et des pommettes proéminentes reconnaissable aisément. Ko Nishimura (Magobei) est lui aussi un acteur en devenir, puisqu’on le verra dans Hanzo the razor ou certains épisodes de Zatoïchi, mais aussi dans Baby Cart.

     

     J’ai donc, au terme de ces deux films d’une heure chacun beaucoup apprécié ces œuvres de jeunesse d’Hideo Gosha, préquelles de Goyokin et d’Hitokiri, annocant la naissance d’un grand qui gagne à être connu grâce à l’édition de ses chambara en DVD en France !

     Pour tous les amateurs de western, de films de sabre ou de cinéma de qualité tout simplement, tant que le N&B ne dérange pas. Ici la photo est vraiment très bonne, donc pas de soucis à priori, à moins d’une allergie à l’ancienneté…


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    La fiche Imdb

    L’article de Wildgrounds.

    Les autres films d’Hideo Gosha sur le blog : Goyokin et Kiba, le loup enragé.

     

    Carcharoth.



    Publié dans Japon

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