Les griffes de Jade (Lady Hermit), un "film culte" auquel je n'ai pas accroché !

Publié le par Nostalgic-du-cool

Les griffes de Jade (Tie Shan gong zhu / The lady hermit), Ho Meng Hua, HK, 1971 .

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 “Les griffes de jade” est mon premier film de Ho Meng Hua, dont il est dit dans les bonus du DVD qu’il est un réalisateur commercial, sympathique et répondant parfaitement aux demandes des producteurs mais aussi des acteurs. Ses films sont eux connus pour leur éclectisme, puisqu’ils appartiennent aussi bien au film érotico policier qu’au Wu-xia, en passant par l’horreur et le film de monstre. Son plaisir était d’en donner au autres et de divertir les gens, bien éloigné du purisme réaliste d’un Liu Chia Liang ou de l’ultra violence virile d’un Chang Cheh.

 La démarcation avec ce dernier est d’ailleurs flagrante puisque ses deux personnages principaux pour ce film sont des femmes, ce que le Dragon de la Shaw répugnait à faire (bien qu'en 1966 il ait sortit l’Hirondelle d’or, un des plus gros succés de la Shaw avec la même actrice en tête d’affiche). Cheng Pei-pei, l’héroïne du métrage est peut être la plus jolie et la plus célèbre des stars féminines d’Hong-Kong à cette époque. Il s’agit pourtant de son dernier film, qu’elle tourna par pure amitié pour Ho Meng Hua et pour passer le relais à sa successeur(e), Shih Szu. Elle émigra ensuite pour San Fransisco ou elle se marria et fonda une école de danse, sa première passion avant le cinéma…

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 L’histoire est la suivante : Miss Leng (Cheng Pei pei) est une ancienne combattante blessée à la hanche au cours d’un affrontement avec le Démon noir (ou Diamant noir en français, allez savoir pourquoi…). Depuis, elle vit cachée chez maître Wang qui l’aide à se remettre. Un beau jour pourtant, une jeune fille du nom de Cui Ping arrive dans la ville et dit rechercher « la Chasseresse » (surnom de Leng). Elle est hébergée chez Wang après avoir aidé un vieil homme qui se faisait détroussé par des bandits. Elle y entend des rumeurs donnant un temple proche comme résidence de la mystérieuse combattante dont elle veut faire son maître afin de l’aider à vaincre Démon Noir. Recherchant activement sa « proie », elle tombe sur un clan qui harcèle la population de la ville, l’obligeant à acheter des charmes pour se protéger de pseudo-démons, et habitants dans le temple ou les rumeurs logeaient la « Chasseresse ». Obligée de se démasquer pour sauver Cui Ping et Chang Chung (un élève de maître Wang dont elle est amoureuse), Leng est obligée de quitter sa retraite et par se refugier en montagne, suivie de prêt par Cui Ping, qui parvient à se faire accepter comme élève. Le jour, elle apprend, et le soir elle restitue le tout à Chang Chung dans un bois voisin. Elle aussi s’éprend petit à petit de lui… Mais est obligé de s’absenter un mois pour chercher des remèdes. Pendant ce temps Chang reprend contact avec celle qu’il a toujours aimé, et lui demande ou en son ses sentiments. C’est ainsi que, rentrant de sa course, Cui Ping les trouve complice en train de s’entraîner. Elle prend la mouche, s’énerve, fait une crise de jalousie et décide d’aller seule tuer le Démon Noir. Elle est suivie de prêt par ses deux amis, qui entendent bien la sauver de ce coup de tête suicidaire. Ils arrivent pile à temps, après avoir comme elle franchit les trois épreuves qui mènent à la tour « du clan N°1 des arts martiaux ». Le combat s’engage alors entre les deux anciens adversaires…

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 Voila donc pour ce film ayant pour protagonistes deux fameuses actrices chinoises, et mettant en scène l’histoire de ces fameuses combattantes face à une horde d’hommes aux motivations peu avouables. C’est un long métrage très intéressant, je crois le plus reculé pour le moment que j’ai vu (shame on me !), original dans sa mise en forme après toute une série de Liu Chia Liang et de Chang Cheh. C’est d’ailleurs peut être pour cette raison que je suis bien moins enthousiaste que la majorité des critiques, tant anglaise (oui je lis couramment la langue de Chuck Norris) que française que j’ai pu lire. Toutes soulignaient en tous cas l’aspect culte de l’héroïne et sa présence bien plus importante que dans le film contemporain de Chang Cheh, lui aussi culte, l’Hirondelle d’or. Ici ce ne sont pas les combats qui frappent le plus. Ici ils ne sont pas le point fort du film. Le réalisateur appuie en effet bien plus sur les relations entre La Chasseresse et Cui Ping, et celles entre les deux femmes et Chang Chung, leur amour commun (alors que lui n’aime que Yushuang (alias la chasseresse)) et sur l’histoire qui unie ces trois personnages. Il y a bien des scènes d’affrontement assez longues et importantes, mais elles ne m’ont pas marqué, puisque comme je l’ai dit je suis déjà passé par une cure de violence avec Chang Cheh et par de nombreux épisodes ultra réalistes et superbement chorégraphiés avec Liu Chia liang et Gordon Liu. Alors peut être est-ce ma misogynie refoulée, mon mauvais goût ou la fatigue du moment, mais j’ai trouvé les batailles de ce film un ton en dessous de celles proposées par les deux monstres déjà cités.


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Elles manquent de souffle, Cheng Pei-pei, bien que très belle et bonne actrice n’a pas à mes yeux dans les combats la présence d’un Gordon Liu, d’un Bruce Lee ou d’un David Chiang. Lo Lieh lui-même (Chang Chung) est un peu palot par rapport à ce qu’il donnera plus tard dans ses rôles de méchant sous l’égide de nombreux réalisateurs. Mais peut être est-ce en fait tout simplement le fait de la mis en scène de Ho Meng Hua, qui à l’inverse de celle de Cheh n’use et n’abuse pas de zooms et autres techniques amplifiants les combats et leur amplitudes, préférant au contraire les traveling, des séquences plus longues (quoiqu’on remarque des coupures parfois, Cheng Pei-pei était elle fatiguée ?) et se moquant du réalisme et de la violence des combats comme de sa première chaussette, ne voulant que satisfaire le spectateur et son goût de l’esthétisme (on retrouvera bien plus tard Cheng Pei-pei dans ce même registre avec Tigres et Dragons). Autre chose qui m’a relativement choqué : pour le budget dont il disposait, j’ai plusieurs fois était frappé par la faiblesse des effets spéciaux (relativement à ce que j’ai pu voir dans d’autre films de cette époque et avec le même type de budget). Le pont par exemple, et clairement quelque-fois une vulgaire maquette (« Kaamelot ! Kaamelot ! Kaamelot ! It’s only a model… »), Bien mal intégrée dans les autres plans. Idem pour la scène des bambous, dont certains m’ont l’air en plastique… Mais je suis méchant, car la plupart des plans sont très réussis, tournés dans de beaux extérieurs (mouarf, j’oubliais une scène de nuit avec une nuit étoilée… peinte !). Et puis la photo est très bonne, notamment dans les éditons restaurés par la Wildside (je ne sais pas si les screens que j’ai vu sur le net provenaient de la version IVL ou d’une antérieure, mais ils étaient de moins bonne factures que ceux issus de la version de l’éditeur français, grâce lui soit rendue !). Les scènes nocturnes sont vraiment pas mal (sauf le ciel peint déjà évoqué), les apparitions de la blanche chasseresse très sépulcrale et les démons qui ont l’honneur d’ouvrir le film sont assez réussis, surtout si on les compare à ceux de « La Légende des 7 vampires d’or » (Chang Cheh, co-production de Ward Baker, dont ça a stoppé la carrière…). Et puis bien sur dans les bons cotés il y a les actrices, jolies, compétentes, secondés par un Lo Lieh ravi d’être pour une fois dans le camp des gentils et donc des vainqueurs (merde aurais-je encore une fois dévoilé la fin ?). Et puis le film gagne en intérêt par le seul fait que l’on assiste à la dernière prestation de Cheng Pei-pei, qui passe le relais à l’encore plus jeune Shih Szu, avant de quitter le devant de la scène (traversée volontaire du désert entre 74 et 86). Petite anecdote, Sammo Hung Kam-bo, le futur réalisateur de polar et de films d’action joue l’un des sbires du Démon Noir.

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 Par son manque de réalisme, sa volonté commerciale et esthétique, on peut dire que ce film se rattache et a inspiré directement Tigre et Dragon. Il est aussi symptomatique d’une époque dans le fait qu’il marque, en les liant le passage de la mode du Wu Xia pian pur à celle du Kung-fu pian, incarnée par les chorégraphies de Liu Chia Liang et les prouesses de Bruce Lee. La, c’est Cheng Pei-pei et son épée face aux griffes de jade (et donc aux mains) du terrible Démon. La réalisme et la violence ne sont pas la, mais quel meilleur baromètre de la volonté du public qu’un réalisateur qui se définit lui-même comme un « honnête artisan » ?

 Ce film, très sympathique, au scénario bien plus développé et cohérent (même si les personnages auraient mérités un peu plus de profondeur, comme ceux de la série du même réalisateur sur le Roi-singe) que bien d’autres ne m’a pas totalement emballé, malgré les prestations remarquable des acteurs, les décors extérieurs et des combats regardables même s’ils n’arrivent pas à la cheville de ceux de la 36ème Chambre ou de la Rage du Tigre, référence absolues pour moi… Et puis il a le mérite de mettre en scène des femmes, chose rare dans le monde des arts martiaux et des films d'actions. Le traitement et cependant loin d'être féministe, puisqu'on retrouve les retrouve tout de même à leur place typique dans la société patricarcale, en train de cuisiner ou de faire de la couture, et ce même si elle pourrait renverser tout cela d'un bon coup d'épée.. Mais malgrés ces quelques défauts relatifs, il peut cependant s’agir d’une bonne entrée en matière pour des novices non-amateurs de l’ultra violence de Chang Cheh.


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La fiche Imdb.

PS: la date de sortie est bien 1971, contrairement à ce que prétend allociné, qui a peut être fait une moyenne entre les informations concernant celui-ci et un autre au nom très ressemblant, sortit en 1966 (j'ai moi même failli me tromper, en suivant les dates fournis par d'autres bloggeurs).


 

 Carcharoth.



Publié dans Chine et HK

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