La condition de l'homme, parties I et II: "Il n'y a pas de plus grand amour" de Masaki Kobayashi
"Un homme trouve partout des compagnons". Premier chef d'oeuvre de Kobayashi, cette oeuvre en 6 parties, réunies 2 par 2 en trois films est inspirée du roman de Junpei Gomikawa. Elle a été tournée par Kobayashi entre 1959 et 1961. Le contexte historique était assez défavorable, ce qui explique pourquoi on ne connait pas bien ce film en Occident, bien qu'il est tout de suite était un succés au Japon. Il y eut en effet une vague de film, d'abord indépendants puis (grace au succés) tournés par des majors, dont le sujet était la guerre, les violences, la défaite: Sujet jusqu'alors tabou. Mais dans cette période de marasme économique, et ou le mécontentement vis à vis des USA (qui utilisait le Japon comme base avancée dans le contexte de la guerre froide), un autre stule de film avait aussi du succés: Les films nostalgiques, révisionnistes, qui "oubliaitent" les horreurs commises par la Japon et regrettait la période des années 1930 ou le Japon dominait un vatse empire...
Le film de Masaki Kobayashi va plus loin que la critique des violences de l'armée, Ningen nô Joken dénonce l'armée. Il dénonce (comme harakiri après lui) la violence gratuite, et aussi et surtout la violence comme moyen. Ce film n'est pas qu'un pamphlet pacifiste: c'est une réflexion philosophique, éthique et morale sur le rapport entre la fin et les moyens. L'exemple pris ici est une mine de charbon. Kaji, le héros, est persuadé qu'avec un traitement humain les ouvriers (des mandchous puis des prisonniers chioins) travailleront mieux et plus vite. Mais il se heurte à une hiérarchie et à un systeme ou la violence règne en maitre et ou le moindre problème se régle dans le sang. On voit dès le début que son opposition à ce système va l'éloigner de tous, et le mener à sa perte. A la fois "oppresseur et oppressé" (Claire Brisset), il sera isolé, et devra se combattre lui même. Ce lui même qui n'est pas pret à se sacrifier pour les autres est parfois représenter par sa femme, qui voit les problèmes de son mari se reporter dans son couple. Elle est néanmoins un soutien constant pour lui, et elle l'aide à parcourir le chemin qui fera de lui un Homme parmi les Hommes. La fin du premier film se situe lorsqu'il sort de prison (pour s'être opposé à une exécution de prisonnier), la porte qui se referme est celle qui clot sa recherche de la voix menant à l'humanisme: comme le dit son ami "Tu as trouvé ton humanisme,et tu as payé bien assez cher". Il va maintenant arpenter ce chemin, et seule la mort pourra l'arrêter.
Il n'a plus d'illusion, toute naïveté l'a quittée: il a compris que l'inhumaité était inhérente à ce système tyrannique et amoral qu'est l'empire. Il n'aura alors de cesse d'aider ses compagnons, les Hommes. Malgré tout le pessimisme que ce film peut nous inspirer, Kobayashi à glisser beaucoup de son optimise à l'intérieur: quitte à tout "recommener à zéro", il faut le faire, encore et toujours, inlassablement. L'homme n'est pas intrinsèquement mauvais, même s'il peut devenir inhumain, come la sociètè. Il faut cependant s'efforcer, tout au long de notre vie, d'être humain.
Ce film est une fresque en mouvement, une gigantesque peinture: Film du guerre, tragédie, mélodrame (qui mèle à la tragédie collective un drame amoureux), oeuvre didactique.
Il s'agit aussi de la première collaboration entre Kobayashi et Nakadai, qui feront de nombreux films ensuite: Le réalisateur a trouvé son humaniste, son rebelle. Et quel choix. Le jeu de cet acteur vaut presque celui de Mifune, et il est à Kobayashi ce que ce dernier est a Kurosawa.
Carcharoth