Le samouraï du crépuscule, l'aube d'une nouvelle ère.

Publié le par Nostalgic-du-cool

Le samouraï du crépuscule est un film de Yoji Yamada, réalisateur japonais de 70 ans qui retrace, dans le premier volet d'une trilogie, un morceau de la vie de Seibei Iguchi, samouraï pauvre du XVIIIème siècle. Il mêle histoire, combat et parts de vie. Comme je viens de le dire, l'époque dans laquelle évoluent les personnage est la fin de l'ère des Tokugawa (1603-1867) et le début de l'ère Meiji, autrement dit le moment ou l'histoire japonaise a connu le plus de bouleversement en un temps très court, qui sert de décor à une grande majorité de films de sabre (chambara). Comme j'ai déjà pu le faire remarquer, dans une partie de ces films, réalisés peu de temps après la guerre, la chute des samouraïs étaient perçue de manière très nostalgique et présentée comme un épisode néfaste pour la civilisation nippone. Ici, le film étant plus récent (2002), on ne sent rein de tel. L'arrière plan historique n'est pas utilisé idéologiquement, il sert de trame au récit et souligne certains sentiments, mais est présenté de manière assez neutre.

twilight-samurai  Je rappelle dans ce paragraphe et dans les grandes lignes les évenements de cette période : Pendant 250 ans, sous le shogunat Tokugawa, le Japon connu la paix, la prospérité et fut unifié administrativement sous la férule autoritaire de cette dynastie. La période n'était pas vraiment propice aux samouraï, guerriers devenus inactifs et donc inutiles pour leur suzerains (le pays était divisé en fiefs, distribué par le pouvoir central et dirigé par un chez, suzerain du shogun : Il entretenait une armée, une administration et était assez libre de la gestion interne de son territoire, tant qu'il ne génait pas son supérieur). Les rues s'emplirent donc de ronîns (samouraïs déchus et errants) en mal d'emploi : la condition de samouraï avait perdu de son attrait et de sa superbe : Bien rares étaient ceux qui maniaient encore le sabre réellement, en dehors des dojos. En 1854, l'amiral Perry (américain) débarque avec une flotte et oblige le shogunat a signer des "traités inégaux" (jusqu'à présent, le pays vivait en effet sous le régime du bakufu, replié sur lui même et fermé sur l'extérieur) de commerce. Petit à petit, l'influence de l'administration décroit, et un coup d'état renverse le régime et réinstalle l'empereur au pouvoir, c'est la révolution Meiji (nom de l'empereur) et le début de la "modernisation du pays". Le pays sera intégré aux nations dites civilisées après 1889 et l'adoption d'un constitution (voir le film de Mizoguchi à ce sujet).

A présent, parlons du film : L'histoire est narrée par Kayano, la fille d' Iguchi. Elle a perdu sa mère dès l'age de 5 ans, elle s'occupe donc de sa petite soeur avec son père, qui travaille dans les réserves du chateau clanique et de sa grandmère, qui perd la mémoire. La vie du samouraï n'est pas facile, il s'est endetté pour soigner sa femme puis pour lui assurer des funérailles décentes, doit beacoup travailler et son aspect se dégrade. Un jour, il reçoit la visite de son amie d'enfa,ce, son amour de jeunesse qui vient d'être répudiée par son mari, un riche samouraï qui la battait. Elle lui rend de plus en plus souvent visite, aide ses filles et sa mère et "illumine le foyer" de sa présence. Un soir cependant, son ex-époux rend une visite arrosée à Linuma et lui propose un duel. Iguchi s'oppose alors, et offre de remplacer le frère de Tomoe, piètre sabreur. Le duel à lieu, et il assome son adversaire avec un simple baton, alors que Kado, mari violent, se battait avec un sabre long. Linuma, un des meilleurs amis de Seibei lui propose alors un mariage avec Tomoe, voyant bien leur amour réciproque.

 

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Mais le pauvre samouraï refuse, arguant qu'il n'est pas un bon parti et qu'il a peur qu'elle ne se lasse de cette vie dure au bout de quelques années. Il apprend ensuite la mort de son suzerain, et la possibilité d'une guerre entre les différentes factions pour la succession. La lutte eclate en effet, et bientôt il ne reste plus qu'un seul rebelle, barricadé dans une maison. Il s'agit d'un ami de Koda, l'ex-mari de Tomoe, qu'il a déja rencontré et qui passe pour le meilleur bretteur du clan. Les chefs ayant eu vent de son exploit face à Koda, ils décident de l'envoyer tuer le rebelle. Contraint par la hiérarchie, Iguchi se rend devant la baraque juste après avoir révélé son amour a Tomoe, qui lui avoue en retour qu'elle vient d'accepter une proposition de mariage (à cause de son refus quelques jours plus tôt). Durant le combat, il discute avec son adversaire et apprend que ce dernier à vécu une vie similaire à la sienne, perdant sa femme et sa fille, sauvé par un membre du clan, etc... Après l'avoir vaincu, il retourne chez lui et découvre Tomoe, qui finalement se défait de sa promesse et l'épouse. On apprend ensuite de la voie de sa famille qu'il vécurent 3 ans heureux, mais que son père fut tué lors de la revolution Meiji par une balle. Elle explique ensuite avoir grandie à Tokyo et raconte que son père, même si sa vie fut courte, ne regretta sans doute pas de mourrir, considérant sa vie comme réussie: il aimmait ses filles et sa femme et se contentait de peu, de les voir grandir "comme on voit une fleur s'épanouir".

twilightsamurai15  Film de chambara mais aussi film sociétal, Twilight samourai réussi à méler histoire, sentiment, vie quotidienne et combats sans (trop de) lourdeurs et avec talent. Je signale tout de suite aux amateurs de duels interminables (Hero, Tigre et dragon...) qu'ils risquent d'être déçus s'il ne viennent que pour ça. Il n'y a en effet en tout et pour tout que 2 combats: face à Koda, puis face au samouraï rebelle. De plus, étant assez réalistes, ils ne durent pas vraiment très longtemps. On assiste par contre bien plus longuement à des scènes de la vie quotidienne ou à des discussions avec ses amis, supérieurs ou avec ses filles et sa mère. Pour ceux que l'envers du décors intéresse, ce film est très intéressant, car presque aucun autre ne montre autant d'attention à retracer méticuleusement ce que pouvait être la vie d'un guerrier de basse extraction. L'ensemble tient bien la route, même s'il peut souffrir à quelques moment de certaines longueurs, et on ne s'ennuie pas en regardant les journées d'Iguchi défiler. Certains paysages sont très bien filmés et offre des plans magnifiques (feuilles brassées par le vent, scène de pêche, soleil couchant...), le film en lui même n'est pas terne, même s'il est vrai que les couleurs ne sont pas celle de la cité interdite, et les acteurs sont très bons. La réalisation est assez classique, la musique très bien choisie et utilisée. Bref, c'est un film à voir (d'ailleurs je remercie les rencontres cinématographies de Salon pour cette programation).

Hiroyuki Sanada: Seibei Iguchi

Rie Miyazawa: Tomoe Linuma

Nenji Kobayashi ... Choubei Kusaka
  Ren Osugi ... Toyotarou Kouda
  Mitsuru Fukikoshi ... Michinojo Iinuma
  Kanako Fukaura    
  Hiroshi Kanbe ... Naota
  Miki Ito ... Kayano Iguchi
  Erina Hashiguchi ... Ito Iguchi
  Reiko Kusamura ... Iguchi's Mother

 

Carcharoth



Publié dans Japon

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C
Tient !Tient, oui, j'avais omis ce détail. Crépuscule (Tasogare) est le surnom moqueur que lui donne ses collègues à cause de son caractère et de l'heure de ses départs. C'est aussi le titre du film. enfin bon...
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N
Petit détail, le titre du film est le surnom donner au personnage principal. en effet, après son travail, il ne sort jamais pour boire ou trainer avec ses collègues mais rentre tout de suite chez lui pour retrouver sa famille. Ainsi il revient toujours à la même heure avant la nuit, ce qui lui vaut ce surnom de samourai du crepuscule. En fait ce surnom d'apparence noble ou prestigieuse est péjoratif, son attitude faisant l'objet de nombreuses railleries.
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