Rebellion de Masaki Kobayashi
Rébellion, de Masaki Kobayashi.
Rébellion est un des derniers chefs duvre du grand réalisateur, auteur de « La condition de lHomme ». Tourné un an après Kwaidan, il ne fera que six films ensuite (il faut dire quil navait tourné que 15 film auparavant, son rythme de gestation étant très lent).
Cest sans doute sons film le plus intransigeant, le plus « rebelle » bien sur, celui aussi ou deux acteurs au sommet de leur art se rencontrent et se combattent : Nakadaï, celui qui incarnait lhomme accompli dans les Ningen no joken, et Mifune, lacteur fétiche de Kurosawa, lhomme aux 175 films, qui a joué dans la plupart des chefs duvre japonais. (Les deux acteurs se sont déjà rencontrés dans Yojimbo et dans Sanjuro, deux films de Kurosawa) Cest dailleurs lui (Mifune) qui produit en partie le film, et il y tient le premier rôle, celui dun samouraï fidèle, qui a acquis biens des honneurs, mais qui, lassé des intrigues de la cour et des combats décide de prendre sa retraite, léguant ses pouvoirs à son fils. Mais quelques temps plus tard, le chef du clan demande à ce même fils de prendre pour épouse sa concubine officielle. La famille hésite, notamment à cause de la réputation hystérique de la fille, et des réticences de la mère du peut-être marié. Sous les pressions, ils cèdent, et se rendent compte que la réputation de la concubine était infondée, et quelle fait une épouse admirable. Peu à peu affection et amour naissent entre les deux nouveaux époux, la jeune femme gagne le respect du père et se fait accepter par la mère (qui était la personne la plus farouchement opposée à sa venue). Mais le bonheur ne sétablie pas pour longtemps : Le Daimyo rappelle sa concubine, et souhaite la « récupérer ». Ulcéré par ce revirement, Sasahara va pour la première fois se rebeller contre sa hiérarchie, contre lordre établie, contre sa femme (qui la toujours bridé, toujours stigmatisé de son manque dambition), contre ses anciens amis, restés au service du clan.
Commence alors le véritable début de son existence, face à tout ce qui à régulé sa vie jusqualors : le Bushido, le clan, son seigneur.
Toujours cette même critique chez le réalisateur de la vieille société qui broyait les individus, critique de lutilisation abusive du code dhonneur par les chefs, critique de la caste des guerriers, inactifs, mais qui restent au service de lordre dans ce temps de paix, et sont manipulés par leur hiérarchie. Leur raison dêtre nest plus.
Avec le combat de Sasahara et de son fils, on découvre labsurdité de leur condition (et de tous les samouraïs). Il dépassera tous les codes et toutes les règles pour son petit fils, qui dorénavant compte plus que tout pour lui... L'apparition des fusils peut aussi, symboliquement, signifier la fin de l'ère des samouraïs...
Magnifiquement réalisé, sans erreurs, sans lourdeurs, le noir et blanc est très bien rendu, sans trop de grain, les personnages se détachent très bien des décors, des profondeurs. Mifune impressionnant, Nakadai tout autant, les autres acteurs ne sont pas que des figurants : la femme de Sasahara notamment a un jeu des plus convaincant. Sans chercher à en détacher, dautres, disons que le casting ne souffre daucune faiblesse (on comprend mieux pourquoi Kobayashi sort si « peu » de film, il apporte beaucoup de soin à tout et tous).
A voir !
A noter, encore une fois, Kobayashi ne situe pas son film à la fin de la période Tokugawa, mais à son apogée. Pas de nostalgie de ce temps révolue, ni de ses moeurs donc, on l'aura bien compris j'espère !
Carcharoth