Postman Blues - Le nouveau polar japonais (Hiroyuki Tanaka).
Postman blues est un polar de Hiroyuki Tanaka racontant l'histoire pas banale d'un facteur.
Tout commence lorsqu'il rencontre un ami du lycée, Noguchi, en lui apportant son courrier. S'ennuyant profondément, il entame la conversation, ne se rendant pas compte que son ami, devenu entre temps Yakuza, vient de se trancher le petit doigt. Ce membre mort, preuve de l'attachement de Noguchi à sob clan, repose sur la table. Sawaki, notre facteur, ne le remarque même pas, mais, en heurtant la table, il fait tomber ce doigt dans son sac de courrier puis s'en va...(mais pas avant que Noguchi, apparemment dans une mauvaise passe, ne lui est glissé dans la poche un colis...)
Il ne se doute pas, qu'une rue plus loin, une voiture banalisée est remplie de policiers, espionnant Noguchi. L'esprit légendaire de déduction de ces représentants de l'ordre ne fait qu'un tour: Sawaki doit être un messager de la triade, voire même un de ses membres éminents, venu informer en personne Noguchi (qu'ils savent appartenir à la mafia) d'un nouveau coup. Des hommes sont alors dépêchés pour suivre le facteur dans sa tournée.
Une fois celle ci terminée, il rentre chez lui, achète de nombreuses bières, et s'attache à décacheter les nombreuses lettres qu'il n'a pas distribuées. Il tombe alors sur celle, très émouvante, d'une jeune femme à sa tante, à qui elle annonce qu'elle ne la gênera plus, puisqu'elle va mourir d'ici peu. Sawaki est touché, et il décide de rendre visite à la malade. Dans l'hôpital, alors qu'il n'ose pas aborder la jeune femme, il croise un homme qui se présente comme un tueur à gage. Il raconte son histoire à Sawada: Mêlant fiction et réalité, il parle de son rêve de devenir tueur numéro un du japon, de sa fille, de son entraînement...
La police veille, et tire les conclusions qui s'impose: la jeune fille n'est qu'une couverture pour les rencontres des deux hommes: Sawaki est en train de passer un contrat avec le tueur à gage, sorte de Léon vieillissant. Un psychologie est mis sur l'affaire, pour décrypter tous les faits et geste du postier. Une scène d'anthologie, parodique, d'un comique de très bonne facture.
La suite n'est que quiproquo: les policier, lors d'une perquisition sauvage, découvrent le petit doigt de Noguchi et pense alors que Sawaki est un serial killer: il pense que le reste du corps est découpé et enterré quelque part: il s'agit donc de stopper le facteur, qui justement a promis à la jeune femme de passer la voir, car elle sent sa fin proche mais qui doit aussi rapporter son petit doigt a Noguchi, car il doit le montrer à son chef. Il croise le tueur à gage, qui se rend chez un ami... Un final sanglant, maispas tragique, viendra conclure cet énorme malentendu.
Quand on parle de polar, on pense souvent à noir. On peut aussi penser, si on a lu un des précedents articles à Fukasaku. Mais non, ici il n'en est rien, et polar rime avec fanfare ou hilare.
Pas spécialement de violence ici (sauf à la fin, mais c'est très "soft"), plutot de la parodie, de l'exagération, une bonne dose d'humour et de second degrés. Le film est sympathique, mais pas au sens habituel, c'est à dire pas juste "gentil" et "regardable": il est vraiment sympa. C'est un film gentil, devant lequel on rigole, devant lequel on est touché par cette histoire d'amour brisé par la maladie et un barrage de police. La police justement, élément oh combien jubilatoire dans ce film: que de contresens dans leur interprétation, que d'exagérations: tout ce qui fait le comique: de situation, de geste...
Le tueur à gage raté, qui nous rappelle tous ceux, parfait, froid mais sentimental que l'on à l'habitude de voir dans les films "sérieux". Utilisant les codes du polar et de la comédie, ce film réussit le pari audacieux de nous faire rire avec une histoire sérieuse. Un film pas comme les autres, roublard, qui fait sourire tout en nous rendant triste. Le bouleversement de la vie d'un homme (sawaki ne veut plus de cette routine) au moment ou il commencait à s'y faire.
Simple, mais profond.
Carcharoth